PARIS: Après un premier week-end « confiné à l'air libre » pour une partie de la France, la pression continue d'augmenter sur les services de réanimation et des médecins se font peu d'illusion sur une baisse de l'épidémie de Covid-19 à court terme.
Le gouvernement mise lui sur l'ouverture de grands centres « pour vacciner massivement les Français » à partir d'avril.
En règle générale, ce n'est qu'au bout de quinze jours que de nouvelles mesures sanitaires peuvent faire baisser les hospitalisations.
Mais certains médecins doutent déjà de l'efficacité de la complexe panoplie de restrictions mise en œuvre ce week-end pour environ 21 millions d'habitants en région parisienne, dans les Hauts-de-France (nord), en Normandie (ouest) et dans les Alpes-Maritimes (sud).
Dans ces régions, et pour au moins quatre semaines, les Français peuvent sortir de chez eux sans aucune limitation dans la durée, mais dans un rayon de 10 km. Le couvre-feu a été repoussé de 18H00 à 19H00 et nombre de commerces ont été fermés. Des mesures bien moins strictes que lors des deux premiers confinements nationaux, au printemps et à l'automne 2020.
« Le fait que les gens soient dehors ne m'inquiète pas (...), le problème c'est que les points sur lesquels on aurait dû freiner ne sont pas là », a expliqué, sur LCI, l'épidémiologiste et chef du service parasitologie à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, Renaud Piarroux, en citant notamment « tout ce qui est lié au travail ».
« Il ne faut pas rêver, on ne va pas avoir une baisse de l'épidémie rapide et permettant de respirer rapidement », a-t-il ajouté.
29 000 cas par jour
« Les dernières mesures ne seront pas efficaces. Elles ne sont que des recommandations (télétravail, gestes barrières, isolement...) et surtout, la situation est hors de contrôle et la vaccination est trop lente », a prévenu sur Twitter, Gilbert Deray, médecin spécialisé en néphrologie à la Pitié.
Avec encore 30 581 nouveaux cas de Covid-19 comptabilisés dimanche, la moyenne de la semaine passée s'élève à plus de 29 000 cas par jour, contre 23 900 la semaine précédente. Les services de réanimation sont saturés en région parisienne, dans les Hauts-de-France et dans la région Provence Alpes-Côte d'Azur.
Face aux critiques sur des mesures sanitaires qui seraient insuffisantes, le gouvernement affiche le souci de préserver la santé mentale de la population, plus de deux mois après l'entrée en vigueur du couvre-feu et bientôt cinq mois après la fermeture des bars, restaurants, lieux culturels et des universités, où les étudiants n'ont pu revenir qu'au compte-gouttes.
« Pas chez soi »
« Le choix qui a été fait, c'est de permettre aux gens de vivre le plus normalement possible tout en leur demandant des efforts supplémentaires pendant que la campagne de vaccination accélère », a défendu sur Radio J le député de la majorité Laurent Saint-Martin: « on n'invite pas chez soi ».
« Le tout c’est d'être dehors mais pas agglutinés », a aussi résumé, sur BFM-TV, le chef du pôle gériatrie du CHU de Nice (sud-est) et membre du conseil scientifique, Olivier Guérin, au lendemain du carnaval non autorisé à Marseille (sud), qui a réuni environ 6 500 personnes, majoritairement jeunes et sans masques.
Côté vaccination, sans donner de date précise, le ministre de la Santé Olivier Veran a évoqué lundi l'ouverture d’ « au moins 35 centres », déployés notamment par l'armée et les pompiers, qui s'ajouteraient à la vaccination dans les hôpitaux, chez son médecin et dans les pharmacies.
« Le principal frein, c'est le nombre de doses livrées, mais il devrait augmenter très fortement au cours des prochaines semaines », a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Pour l'heure, la France compte près de 6,2 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin, dont 2,4 millions de personnes vaccinées avec deux doses. Le gouvernement table sur 10 millions de premières doses injectées mi-avril.
La campagne a permis de faire baisser drastiquement les morts dans les maisons de retraite médicalisées, mais près de 2 000 personnes sont encore décédées la semaine dernière, portant le total en France à plus de 92 000 morts.