Les jurés face à des images choc du supplice de George Floyd, filmées par les policiers

Une peinture murale de George Floyd est présentée à l'intersection de la 38e rue et de l'avenue Chicago le 31 mars 2021 à Minneapolis, Minnesota.  (Brandon Bell/Getty Images/AFP)
Une peinture murale de George Floyd est présentée à l'intersection de la 38e rue et de l'avenue Chicago le 31 mars 2021 à Minneapolis, Minnesota. (Brandon Bell/Getty Images/AFP)
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Publié le Jeudi 01 avril 2021

Les jurés face à des images choc du supplice de George Floyd, filmées par les policiers

  • Les jurés avaient été confrontés dès l'ouverture des débats, lundi, à la vidéo la plus connue du calvaire de l'Afro-Américain. Filmée par une passante, elle a suscité des manifestations géantes contre le racisme aux Etats-Unis et au-delà
  • En juillet, la justice avait autorisée les médias à visionner ces vidéos, sans les enregistrer ni les publier. Elles étaient donc restées assez confidentielles

MINNEAPOLIS : Signe des temps, de multiples caméras ont capté sous tous les angles les derniers instants de George Floyd, qui ont été joués et rejoués mercredi au procès du policier Derek Chauvin, accusé de l'avoir tué, au point de raviver le traumatisme des témoins.

Les jurés avaient été confrontés dès l'ouverture des débats, lundi, à la vidéo la plus connue du calvaire de l'Afro-Américain. Filmée par une passante, elle a suscité des manifestations géantes contre le racisme aux Etats-Unis et au-delà.

Cette fois, ils se sont retrouvés au coeur même du drame, avec les enregistrements des caméras-piétons portées par les quatre policiers qui, le 25 mai à Minneapolis, ont voulu arrêter George Floyd, soupçonné d'avoir écoulé un faux billet de vingt dollars dans une épicerie.

En juillet, la justice avait autorisée les médias à visionner ces vidéos, sans les enregistrer ni les publier. Elles étaient donc restées assez confidentielles.

Sur ces films, les suppliques du quadragénaire noir se font plus personnelles: "S'il vous plait, ne me tirez pas dessus", "Je ne suis pas mauvais", "Ne me faites pas ça", "Vous me faites peur", dit-il aux agents, en assurant "être claustrophobe" quand ils essaient de le faire monter dans leur véhicule.

Face à sa résistance, ces hommes en uniforme le clouent au sol et le plus expérimenté d'entre eux, Derek Chauvin, s'installe, un genou sur son cou. Il conservera cette position pendant plus de neuf minutes, ce qui lui vaut d'être jugé pour meurtre.

Ce policier blanc de 45 ans, dont 19 au service de la police de Minneapolis, a maintenu sa pression même quand ses collègues ont noté que George Floyd "s'était évanoui" et n'avait "plus de pouls", ont confirmé les vidéos des caméras-piétons.

"Curiosité"

L'accusation s'est également appuyée mercredi sur des caméras de surveillance installées dans l'épicerie Cup Foods pour raconter les moments qui ont précédé l'intervention des policiers.

A la barre des témoins, un jeune caissier, Christopher Martin, a raconté avoir vendu un paquet de cigarettes à George Floyd, qui a payé avec un billet de vingt dollars. "J'ai vu un pigment bleu (...), j'ai trouvé ça bizarre et j'ai pensé qu'il était faux", a raconté le jeune homme noir de 19 ans, visiblement nerveux.

Dans ce magasin, si un employé encaisse un faux billet, la somme est retirée de son salaire. M. Martin l'a accepté mais, "après réflexion", il en a parlé à son responsable, qui lui a ordonné de demander à M. Floyd de revenir.

Le quadragénaire étant resté dans un véhicule garé devant la superette, le jeune caissier et des collègues sont sortis pour lui parler. Mais ils ne sont pas parvenus à le convaincre et un des employés du magasin a fini par appeler la police.

La suite a été racontée par Charles McMillian, un homme noir de 61 ans qui, passant par là en voiture, s'est arrêté "par curiosité".

Deux agents ont d'abord pointé une arme sur George Floyd pour le faire sortir de sa voiture, lui ont mis des menottes et l'ont ramené vers leur véhicule, a-t-il raconté.

"Maman, je t'aime" 

M. McMillian a alors entamé un dialogue avec M. Floyd, qui refusait de monter dans la voiture de police. "Je lui ai dit d'obéir, qu'il ne pouvait pas gagner", a raconté le sexagénaire.

Les agents, désormais quatre, finissent par plaquer le quadragénaire au sol qui se fait de plus en plus suppliant. "Je ne peux pas respirer, j'ai mal au ventre", "Maman, je t'aime", l'entend-on prononcer sur un enregistrement.

A la vue de ce film, M. McMillan, qui avait jusque-là gardé sa contenance, a éclaté en sanglots. "Je me sentais tellement impuissant...", a-t-il soufflé, avant que le juge n'interrompe l'audience pour lui laisser le temps de reprendre ses esprits.

Sur une autre vidéo, on voit Christopher Martin sorti du magasin pour suivre la scène. Effaré, il a les mains sur sa tête. Interrogé sur ses sentiments à ce moment-là, il a répondu, la voix étranglée par l'émotion: "De l'incrédulité et de la culpabilité."

"Si je n'avais pas pris le billet, tout ça aurait pu être évité."

Le procès de Derek Chauvin, qui plaide non coupable, doit durer jusqu'à la fin avril et le verdict sera rendu dans la foulée. Ses trois ex-collègues Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao, seront jugés en août pour "complicité de meurtre".


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.