BEYROUTH: Le patriarche maronite Béchara Rai, chef religieux de la principale communauté chrétienne au Liban, a rendu public hier le « mémorandum sur le Liban et la neutralité active », officialisant ainsi un appel qu’il lance depuis déjà quelques semaines pour la neutralité du Pays du Cèdre, « unique issue de secours » selon lui.
En cette période de troubles qui secouent le Liban, la neutralité serait, d’après le patriarche maronite, « la garantie de l’unité du pays et du maintien de sa place historique ». Selon le document de 9 pages, « c’est un Liban neutre qui serait capable de contribuer à la stabilité de la région, de défendre les droits des peuples arabes et la cause de la paix, ainsi que de jouer un rôle dans l’établissement des relations justes et sûres, entre les pays du Moyen-Orient et de l’Europe, due à sa place sur la rive méditerranéenne. »
« La première dimension (de cette neutralité) est le refus définitif du Liban de rentrer dans des coalitions, des axes, des conflits politiques, et des guerres régionalement et internationalement; ainsi que l’abstention de tout Etat, de la région ou d’ailleurs, d’interférer dans ses affaires, ou le dominer, ou l’envahir, ou l’occuper, ou utiliser son territoire pour des fins militaires », explique le texte, qui assure également que le Liban doit rester solidaire avec les causes des Droits de l’Homme et de la liberté des peuples, spécifiquement du peuple arabe.
La défense des droits du peuple palestinien et l’aide apportée aux réfugiés n’entrent donc pas en contradiction avec le principe de neutralité du patriarche. Le document insiste également sur le caractère pluriculturel et le pluralisme religieux du « pays-message. »
Il stipule par ailleurs la nécessité de renforcer l’Etat libanais « afin qu’il soit un Etat fort militairement par le biais de son armée, de ses institutions, de sa loi, de sa justice, de son unité interne, et de son créativité, capable d’assurer d’un côté sa sécurité interne, et de l’autre se protéger contre n’importe quelle agression territoriale, maritime, ou aérienne ». La délimitation des frontières avec la Syrie, et Israël, en se basant sur l’accord d’Armistice est d’autant plus essentielle.
Pour le patriarcat, la neutralité du Liban profitera surtout à son économie, alors que le pays connait sa pire crise économique et monétaire. Le document rappelle ainsi que « le Liban a poursuivi la ligne de la neutralité depuis sa fondation jusqu’au 1969 avec « l’accord du Caire » qui a permis aux réfugiés palestiniens d’acquérir les armes lourdes et de combattre Israël à partir du territoire Libanais, ce qui a été suivi par l’apparition des forces militaires Libanaises et non Libanaises en dehors de l’Etat. » Le Patriarche a ainsi qualifié « l’accord du Caire » de « péché originel. »
Le texte appelle enfin l’ONU et la communauté internationale à « trouver une solution à la question des réfugiés palestiniens et des déplacés syriens. »
Lors de la conférence de presse tenue par le prélat, ce dernier a notamment tancé le Hezbollah, rappelant qu’avec la fin de la guerre civile, les partis libanais ont rendu les armes, « sauf un seul parti, le Hezbollah, on ne sait pourquoi. »