PARIS : Cinq mois après l'entrée en vigueur d'un nouveau confinement, dont certains secteurs ne sont jamais sortis, la troisième vague de coronavirus met de nouveau la France au pied du mur, entre le spectre du tri des malades à l'hôpital et des restrictions sanitaires interminables qui risquent d'aller crescendo.
A deux jours d'un conseil de défense sanitaire décisif autour du président Emmanuel Macron, les indicateurs de circulation du virus, poussée par le variant dit anglais, jugé plus contagieux et plus virulent, ne montrent pas encore l'accalmie espérée.
Et le gouvernement affronte la pression de médecins réclamant un nouveau tour de vis sanitaire, ce qui pose la question d'un confinement plus strict.
Selon les dernières données de Santé publique France, 57 départements sur 101 ont un taux d'incidence supérieur au seuil d'alerte maximale (250) des autorités sanitaires, contre 42 cinq jours plus tôt, et seulement 23 au 10 mars.
La semaine dernière, plus de 2 000 décès de malades de la Covid ont encore été enregistrés à l'hôpital ou dans les établissements spécialisés pour les personnes âgées, malgré la campagne de vaccination (7,7 millions de premières doses injectées, 2,6 millions de secondes doses).
«Choix terribles»
La flambée épidémique - entre 40 000 à 50 000 patients testés positifs chaque jour la semaine dernière - n'augure pas d'une baisse immédiate dans les entrées à l'hôpital, au moment où le nombre de malades soignés en réanimation (4 872) s'apprête à dépasser le pic de la deuxième vague de l'automne (4 903 le 16 novembre).
Dans deux tribunes distinctes dans la presse, des médecins hospitaliers ont donné de la voix pour alerter sur le spectre du «tri des patients» à la porte des réas.
«En imposant aux soignants de décider quel patient doit vivre et quel patient doit mourir, sans l'afficher clairement, le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite», a dénoncé l'un des collectifs signataires.
Des «choix terribles pour les soignants» que le ministre de la Santé Olivier Véran a assuré vouloir leur éviter, lors d'un entretien dimanche soir avec ces directeurs médicaux de crise, a rapporté son entourage à l'AFP.
«Le ministre a rappelé qu'il fallait vérifier ce que les mesures déjà mises en place avaient comme impact sur la réa, et que si cet impact était jugé insuffisant pour passer le cap difficile des trois prochaines semaines, le gouvernement serait amené à prendre rapidement des mesures supplémentaires», a-t-on expliqué de même source.
Jeudi soir, Olivier Véran avait annoncé que 80% de déprogrammations d'opérations seraient «sans doute» nécessaires dans les hôpitaux d'Ile-de-France afin de porter les capacités en réanimation à 2 250 lits, soit le double qu'en temps normal.
Ecoles
Au pic de la première vague du printemps 2020, le nombre de malades en réa s'était élevé encore plus haut en France, à environ 7.000, mais les médecins font valoir que cette fois, les transferts de patients dans d'autres régions sont plus difficiles, notamment face au refus des familles.
Malgré les appels à serrer la vis, la majorité défend la stratégie de l'exécutif, celle d'un confinement en tout dernier recours. «Les décisions prises qui permettent de freiner la propagation du virus sont celles qui sont pertinentes d'un point de vue sanitaire et acceptables au regard des restrictions que les Français acceptent de respecter depuis déjà un an», a résumé sur Public Sénat la présidente déléguée du groupe du parti au pouvoir LREM à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé.
Les restrictions sanitaires en France sont déjà lourdes. Les restaurants, bars, salles de sports et lieux culturels (théâtres, musées, cinémas) n'ont jamais rouvert depuis le début du deuxième confinement et un couvre-feu, de 19h00 à 06h00, est en place sur tout le territoire. Dans 19 départements, dont toute la région parisienne, les déplacements sont limités à 10 km sans dérogation.
Contrairement à nombre de ses voisins européens, la France n'a pas fermé ses écoles même si désormais l'apparition d'un malade dans une classe entraîne sa fermeture dans les départements reconfinés.
Pour Emmanuel Macron, «la fermeture complète des écoles ne saurait être un tabou, mais elle doit demeurer un dernier recours et une mesure limitée au maximum dans le temps».
Depuis le début de l'épidémie il y a plus d'un an plus de 94 600 sont mortes en France de la Covid.