«Pire qu'une jungle»: le cartel de la corruption aux frontières de l'Irak

Le poste-frontière de Mandali, entre l’Iran et l’Irak (Photo, AFP).
Le poste-frontière de Mandali, entre l’Iran et l’Irak (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 mars 2021

«Pire qu'une jungle»: le cartel de la corruption aux frontières de l'Irak

  • En Irak, un cartel de partis politiques et de groupes armés siphonne droits de douane et importations, pour des montants vertigineux
  • Dans une économie pétrolière, sans industrie ni agriculture ou presque, les taxes douanières sont l'une des rares richesses à accaparer

BAGDAD: C'est une pieuvre dont les tentacules recouvrent des milliers de kilomètres de frontière, chaque dock ou terminal terrestre : en Irak, un cartel de partis politiques et de groupes armés siphonne droits de douane et importations, pour des montants vertigineux.

« C'est pire qu'une jungle parce qu'au moins, dans la jungle, quand les animaux sont repus, ils s'arrêtent. Ces gens-là n'en ont jamais assez », affirme un responsable des douanes.

Comme tous les fonctionnaires, officiels ou hommes d'affaires interrogés ces six derniers mois, l'homme accepte de parler uniquement si son identité n'est pas révélée car tous affirment risquer leur vie en s'exprimant.

Dans le 21e pays le plus corrompu au monde selon l'ONG Transparency International, les deux mamelles du système sont connues : froide bureaucratie et corruption endémique, deux phénomènes qui se sont amplifiés après l'invasion américaine ayant renversé Saddam Hussein en 2003.

Et le cadre est des plus adaptés : dans une économie pétrolière, sans industrie ni agriculture ou presque, les taxes douanières sont l'une des rares richesses à accaparer. Quant à l'Etat central irakien, il est régulièrement débordé par d'autres acteurs, politiques ou miliciens.

La « collusion entre officiels, partis politiques, gangs et hommes d'affaires véreux aboutit au pillage des fonds publics », reconnaît le ministre des Finances Ali Allawi.

Le ministre irakien des Finances Ali Allawi (Photo, AFP).

Autant d'acteurs « imbriqués dans les rouages de l'Etat », renchérit Renad Mansour, chercheur de Chatham House. Et donc impossible à déraciner.

Directement chez les milices

En 2019 - le dernier chiffre officiel disponible -, l'Irak a importé pour 21 milliards d'euros de produits hors hydrocarbures, majoritairement d'Iran, de Turquie et de Chine.

Dans leur grande majorité, ces biens ont transité par les cinq terminaux officiels parsemant les 1 600 km de frontière avec l'Iran, par le seul poste-frontière couvrant tout aussi officiellement les 370 km de frontière avec la Turquie et par l'unique port d'Irak, Oum Qasr, à la pointe sud.

Là, selon la Banque mondiale, règnent « délais interminables, taxes élevées et abus ».

« Même en faisant tout dans les règles, ça dure un mois et on se retrouve à payer des frais de stationnement à trois zéros », rapporte un importateur basé au Moyen-Orient.

Alors, pour contourner la bureaucratie, les importateurs vont « directement voir les milices ou les partis » politiques, explique un agent du renseignement irakien. « Ils se disent qu'il vaut mieux perdre 100 000 dollars (en pot-de-vin) que toute une cargaison. »

En recoupant de longs entretiens avec différents acteurs, l’enquête est parvenue à établir que ce sont principalement des groupes du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires pro-Iran intégrés à l'Etat, qui tiennent les terminaux terrestres et les docks d'Oum Qasr --l'endroit le plus corrompu d'Irak, selon ces sources.

Selon tous les acteurs irakiens rencontrés, c'est par exemple l'organisation Badr, puissante faction armée créée par d'ex-opposants à Saddam Hussein, qui tient Mandali, un poste-frontière avec l'Iran, pays où ils ont vécu en exil.

D'autres terminaux avec l'Iran sont tenus par d'autres factions du Hachd, comme Assaïb Ahl al-Haq et les brigades du Hezbollah, ajoutent-ils.

Des cigarettes ou des mouchoirs ?

Dans tous ces postes-frontières, partis et factions placent des douaniers, des inspecteurs ou des policiers. Ils facilitent le passage des cargaisons lorsque des importateurs les ont payés au préalable ou bloquent ceux qui ne seraient pas passés à la caisse, affirment les différents responsables.

Officiellement, le Hachd dément. Mais des sources proches d'Assaïb et des brigades du Hezbollah racontent le système de répartition, évoquant les mêmes docks ou terminaux cités par le douanier et l'agent du renseignement.

« Pour importer des cigarettes par exemple, il faut passer par le bureau des brigades du Hezbollah à Jadriya (un quartier de Bagdad, NDLR) et dire qu'on veut coopérer », avance cette source du renseignement.

Le maître des horloges de ce système huilé, c'est le « moukhalles », l'agent assermenté des douanes censé contrôler chaque cargaison. Or, « il n'y a aucun moukhalles sans affiliation » à un parti ou groupe armé, poursuit la même source.

Une fois soudoyés, ces agents doubles trafiquent les documents pour changer nature, quantité ou prix des produits et réduire ainsi les taxes. 

Pour l'importateur interrogé, certains réalisent jusqu'à 60% d'économies. Un gain particulièrement intéressant sur les cigarettes --taxées à 30% sur leur valeur puis à 100% supplémentaires, pour protéger officiellement la production locale.

Souvent, les containers de cigarettes sont donc étiquetés « mouchoirs » ou « plastique », pour payer « 50 000 dollars au lieu de 65 000 » en taxes, rapporte le douanier.

Ecrasé par la «pyramide» de la corruption en Irak, Hassanein rêve de s'exiler

Pendant des mois, il a manifesté contre la corruption, déposé plaintes et recours, en vain. De guerre lasse, Hassanein Mohsen ne pense désormais plus qu'à une chose : quitter son pays, l'Irak.

« Ce n'est pas possible de vivre ici sans payer des pots-de-vin », assène ce père de quatre enfants dans sa maison de Kerbala, à 100 km au sud de Bagdad.

« J'ai fait tout ce que j'ai pu mais ce pays coule de plus en plus », affirme ce chômeur de 36 ans, alors que l'Irak est désormais à la 21ème place des pays les plus corrompus au monde selon Transparency International.

Il assure avoir déboursé plus de 1 000 dollars (environ 836 euros) en pots-de-vin pour renouveler son passeport, régulariser ses impôts ou simplement faire corriger des coquilles sur des documents d'identité.

Quand il s'est essayé à l'importation de meubles jordaniens, il a dû donner un lit, une armoire, des tables de chevet à un garde-frontière pour faire entrer en Irak sa cargaison --pourtant légalement enregistrée.

En Irak, toutes les étapes de la vie sont rythmées par la corruption : pour la naissance d'un enfant, il vaut mieux offrir un bakchich aux soignants pour être bien traité, pour construire sa maison, il faut s'assurer d'avoir graissé la patte de militaires pour qu'ils laissent passer béton et autres briques au check-point installé à l'entrée de chaque quartier...

Tout en haut, « des politiciens volent depuis des années l'argent destiné aux services publics », accuse Hassanein qui, lui, doit payer des compagnies privées « pour l'eau potable, l'électricité ou les soins médicaux ». 

Dans ce pays, aux infrastructures détruites par les guerres à répétition ou tombées en ruines faute d'entretien, les générateurs pallient depuis des années aux longues heures de la journée où l'électricité nationale ne fonctionne pas. La santé, gratuite sous le régime du dictateur déchu Saddam Hussein, s'y paie à prix d'or dans des cliniques privées.

« Parfois je regrette, je me demande pourquoi je suis allé manifester », dit Hassanein, qui ne cache pas sa peur après l'assassinat et l'enlèvement de dizaines de militants ayant dénoncé le clientélisme et le népotisme dans le pays. 

« Je reçois des appels menaçants de gens qui se présentent comme des agents du renseignement. Maintenant, je ne sors plus sans un pistolet. »

« Ce n'est pas normal »

Les moukhalles ont aussi le pouvoir de modifier la valeur d'une cargaison sur la licence d'importation.

Un responsable à Oum Qasr rapporte avoir vu passer une cargaison de barres métalliques tellement sous-évaluée que les taxes de plus d'un million de dollars avaient été ramenées à 200 000 dollars.

« On donne beaucoup trop de pouvoir aux douaniers, ce n'est pas normal », s'emporte l'importateur.

Parfois, rétorque l'agent des douanes, la pression est trop forte. « Je ne suis pas corrompu mais j'ai dû laisser passer des cargaisons sans inspection sous l'injonction de partis très puissants. »

Dans ce paysage, il arrive que la cargaison n'existe même pas. Des documents falsifiés sont présentés à la Banque centrale, qui autorise des paiements en dollars à des compagnies fantômes hors d'Irak.

De quoi alimenter le blanchiment d'argent, affirment le douanier et plusieurs responsables du secteur bancaire irakien.

Les pots-de-vin servent aussi à faire entrer des biens normalement interdits.

Un importateur avoue avoir payé 30 000 dollars à un douanier d'Oum Qasr pour faire entrer un équipement électrique reconditionné --alors qu'importer des produits d'occasion est illégal.

Il reconnaît également payer régulièrement un officier de police du port pour être prévenu des inspections « surprises ». Cet officier lui a même offert, en échange de plus d'argent, d'envoyer ces inspections chez la concurrence.

Vue aérienne du poste-frontière de Mandali (Photo, AFP).

« Une vraie mafia »

De telles opportunités d'empocher des pots-de-vin... se vendent cher, commente le ministre Allawi.

« L'attribution de postes subalternes dans certains terminaux se négocie à 50 000 ou 100 000 dollars, parfois beaucoup plus », disait-il récemment lors d'une conférence publique.

Pour parvenir à leurs fins, élus et miliciens ont deux atouts : l'influence politique et la violence.

Un douanier de Mandali en a fait les frais. Il raconte avoir dû lever les scellés qu'il avait fait poser sur une cargaison venue d'Iran parce qu'un moukhalles faisait valoir son appartenance au Hachd pour l'obliger à obtempérer.

L'agent du renseignement confirme : même ses meilleurs informateurs craquent. L'un d'eux a cédé après de multiples suspensions administratives pour avoir bloqué des marchandises en provenance d'Iran au terminal de Zerbatiya, tenu par Assaïb Ahl al-Haq.

« Quand on est revenu, il était devenu membre d'Assaïb », témoigne-t-il.

Un haut responsable de l'Autorité des frontières raconte recevoir régulièrement des appels de numéros inconnus menaçant nommément ses proches.

« On ne peut rien dire parce qu'ils nous tueraient, tout le monde a peur », renchérit le douanier. « C'est une vraie mafia ».

Car il en va de la survie pour des partis et surtout des groupes armés qui ne peuvent plus allègrement piocher dans le budget de la Défense comme au temps de la guerre antijihadistes, affirme le chercheur Renad Mansour. 

Comme la plupart sont pro-Iran, ils souffrent en outre des sanctions américaines contre le grand voisin.

Siphonner l'Etat

En mars, Washington a mis sur sa liste noire Al Khamael Maritime Services (AKMS), une compagnie de transport maritime opérant à Oum Qasr, l'accusant d'aider les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique d'Iran, à « échapper aux protocoles d'inspection » grâce à des paramilitaires chiites.

Les Etats-Unis ont également sanctionné deux Irakiens et deux Iraniens liés à AKMS, pour contrebande et aide aux brigades du Hezbollah irakiennes et au Hezbollah libanais.

Pour siphonner les caisses de l'Etat, les groupes concurrents se serrent les coudes « parce qu'ils savent que si l'un d'eux tombe, tout le monde tombe », assure Mansour.

« Un poste-frontière, c'est jusqu'à 120 000 dollars par jour que se partagent plein de groupes qui, si on élargit le champ, sont parfois ennemis », explique le chercheur.

Parfois, il y a des morts. En février, deux membres d'Assaïb ont été assassinés pour « des motifs commerciaux », assurent des sources proches du Hachd.

Mais, généralement, les règles tacites du cartel empêchent ces violences.

C'est l'Etat qui paie le prix de cette entente : il ne perçoit que « 10 à 12% des recettes douanières qui devraient atteindre sept milliards de dollars » par an, déplore le ministre Allawi.

Car, outre les acteurs irakiens, Transparency affirme dans son rapport 2020 que les principaux partenaires commerciaux de l'Irak, la Turquie et la Chine, sont parmi les pays contrôlant le moins la corruption sur leurs exportations.

En bout de chaîne, loin des échanges internationaux, la répercussion des pots-de-vin est palpable.

« Le consommateur irakien paie plus à la caisse à cause de la corruption », assure un responsable gouvernemental. Et les écoles, hôpitaux et autres infrastructures ne sont jamais construits faute de fonds.

« On paie le double »

Dès ses premières semaines, en mai 2020, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi a fait des taxes douanières son cheval de bataille pour renflouer les caisses, avec un pétrole au plus bas.

A Oum Qasr ou Mandali, celui qui est également le chef du renseignement a annoncé déployer de nouvelles troupes avec plus de roulement pour éviter la formation de réseaux de corruption.

Depuis, chaque jour, l'Autorité des frontières annonce la saisie de cargaisons pour non-paiement des taxes et elle affirme avoir récolté 818 millions de dollars en 2020. Mais l'augmentation est bien faible : en 2019, elle récoltait 768 millions.

Pour importateurs, intermédiaires et même responsables gouvernementaux, ces mesures sont de la poudre aux yeux.

Pire, assurent des importateurs, leurs frais ont augmenté puisqu'ils paient maintenant les taxes mais aussi des intermédiaires pour éviter des mesures de rétorsion des barons de la corruption --possibles même avec tous les documents légaux en main.

« En fait, on paie double », résume un homme d'affaires arabe qui importe en Irak depuis plus de dix ans.

Les seuls pour lesquels rien n'a changé, ce sont ceux qui ont les bons contacts.

« On peut ramener des armes, tout ce qu'on veut à Mandali. Sans autorisation et sans payer les douanes », affirme un importateur qui a lui-même fait passer des matériaux de construction sans payer de taxes après les annonces de Kazimi.

Les nouvelles troupes dépêchées sur place n'ont aucun pouvoir, assure un soldat posté un temps à Mandali.

« Tous les policiers sont impliqués, les importateurs les inondent d'argent. Une fois, on a arrêté un corrompu et ils ont réussi à le faire sortir », raconte-t-il.

Et, ajoute le responsable de l'Autorité des frontières, il arrive que « les nouvelles troupes n'arrivent jamais » ou en nombre insuffisant.

« Fruit pourri »

Surtout, la nouvelle campagne ignore totalement le nœud du problème : les moukhalles.

Ils sont « toujours là et ce fruit pourri va corrompre tous les autres », assure le responsable.

De fait, la corruption s'est déplacée : des guichets elle est passée derrière des portes fermées et des appels téléphoniques vers des applications sécurisées.

A Mandali, « il y a un préfabriqué où tout peut se régler », affirme l'importateur.

Pour l'agent du renseignement, la récente campagne n'a fait que compliquer sa tâche : « maintenant, ils prennent plus de précautions ».

A l'aéroport de Bagdad, les brigades du Hezbollah --accusées par Washington de tirer régulièrement des roquettes sur son ambassade-- ont été formellement forcées de quitter leurs locaux, rapporte un haut gradé américain.

« Mais leurs hommes peuvent toujours accéder aux avions et faire ce qu'ils veulent » dans la zone hors taxe, poursuit-il.

In fine, les intermédiaires pourraient bientôt éviter les terminaux officiels pour faire passer les importations ailleurs le long des frontières.

Plus facile encore, ils peuvent se replier au Kurdistan irakien, où l'opacité règne sur les droits de douane et leur versement à Bagdad, affirment les différents acteurs interrogés.

« On parle de millions de dollars. Un seul dock à Oum Qasr vaut le budget d'un Etat tout entier », assène l'agent du renseignement.

« Ils ne cèderont pas facilement ».


L'armée israélienne dit avoir frappé plusieurs cibles du Hezbollah au Liban

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
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  • "Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux
  • Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi matin avoir frappé dans la nuit plusieurs cibles du mouvement islamiste Hezbollah dans l'est du Liban, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre.

"Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux, affirmant rester "engagée" dans le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement libanais.

Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée, qui dit avoir également frappé des installations "à la frontière syro-libanaise utilisées par le Hezbollah pour le trafic d'armes à destination du Liban".

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien.

Les hostilités entre Israël et le Hezbollah avaient débuté le 8 octobre 2023 au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas, allié du mouvement libanais, contre Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

 


Liesse à Ramallah à l'arrivée des prisonniers palestiniens libérés

A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
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  • Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration
  • Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes

RAMALLAH: Agitant des drapeaux et tirant des coups de feu en l'air, des milliers de Palestiniens en liesse ont accueilli les prisonniers libérés par Israël à Ramallah en Cisjordanie occupée.

Pour ce troisième échange d'otages israéliens à Gaza contre des prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas a organisé l'accueil et seuls les drapeaux jaunes du parti Fatah de M. Abbas étaient visibles au départ.

Mais à l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration. Plusieurs Palestiniens ont scandé des slogans pro-Hamas et d'autres ont agité le drapeau vert du mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes.

Selon Amin Shuman, chef du comité chargé des affaires des prisonniers palestiniens à Ramallah, 66 sont arrivés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, 21 ont été expulsés, 14 ont été transféré à Jérusalem-Est et neuf à Gaza.

Ils ont tous été libérés en échange de trois Israéliens enlevés lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et retenus depuis à Gaza.

Après plusieurs heures d'attente, la foule a fait exploser sa joie à la vue des bus affrétés par la Croix-Rouge internationale.

"Où est papa?" 

"Où est papa?" En larmes, Raghda Nasser, 21 ans, s'est faufilée dans la foule pour atteindre son père, Hussein Nasser, qu'elle serrait dans ses bras pour la première fois.

Hussein Nasser avait été emprisonné alors que sa femme était enceinte il y a 22 ans, pour des motifs que Raghda n'a pas révélés. Elle et sa sœur Hedaya, 22 ans, ont enlacé leur père qui pleurait avec elles.

Quelques heures avant sa libération, Raghda Nasser a raconté à l'AFP qu'elle venait de lui rendre visite en prison "derrière la vitre".

Elle et sa soeur avaient quitté tôt le matin leur village près de Naplouse (nord) pour venir à Ramallah. Pour l'occasion, elles ont porté des robes noires traditionnelles palestiniennes avec des motifs rouges finement cousus.

Etudiante en littérature anglaise, Raghda Nasser a dit avoir de la chance car son père serait présent pour sa remise de diplôme dans quelques mois.

Porté en triomphe 

Parmi les prisonniers libérés jeudi, figurent Mohammad Abou Warda qui purgeait 48 peines de prison à vie et Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah.

Drapeau palestinien autour du cou, souriant et faisant le V de la victoire, Zakaria al-Zoubeidi a été porté en triomphe par la foule à sa descente du bus l'ayant emmené de la prison militaire israélienne d'Ofer en Cisjordanie.

L'ex-détenu qui portait toujours son survêtement gris de prisonnier, a embrassé des bébés et serré la main des gens.

Plus d'une heure après l'arrivée des bus, la foule a commencé à se disperser dans la nuit alors que les familles ramenaient leurs proches libérés à la maison, au milieu d'une parade de scooters klaxonnant joyeusement.

 


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.