Canal de Suez: course contre la montre pour débloquer l'Ever Given

Une douzaine de remorqueurs, ainsi que des dragues pour aspirer le sable sous le navire dont l'étrave est encastrée dans la rive, sont mobilisés.(AFP)
Une douzaine de remorqueurs, ainsi que des dragues pour aspirer le sable sous le navire dont l'étrave est encastrée dans la rive, sont mobilisés.(AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 28 mars 2021

Canal de Suez: course contre la montre pour débloquer l'Ever Given

  • Si le navire de 400 mètres de longueur a résisté aux dernières tentatives de renflouement, une marée haute attendue en soirée pourrait faciliter la tâche des sauveteurs
  • De nouvelles opérations ont été menées pour renflouer l'Ever Given --près de 220 000 tonnes-- coincé depuis mardi en diagonale du canal, bloquant complètement cette voie d'eau d'environ 300 mètres de largeur parmi les plus fréquentées au monde

SUEZ : Les autorités égyptiennes ont poursuivi dimanche les opérations pour tenter de dégager le canal de Suez bloqué depuis six jours par un gigantesque porte-conteneurs, perturbant l'ensemble du commerce maritime et occasionnant chaque jour des milliards de dollars de pertes.

Si le navire de 400 mètres de longueur a résisté aux dernières tentatives de renflouement, une marée haute attendue en soirée pourrait faciliter la tâche des sauveteurs.

De nouvelles opérations ont été menées pour renflouer l'Ever Given --près de 220 000 tonnes-- coincé depuis mardi en diagonale du canal, bloquant complètement cette voie d'eau d'environ 300 mètres de largeur parmi les plus fréquentées au monde.

Le canal de Suez, long de quelque 190 km, voit passer environ 10% du commerce maritime international et chaque journée d'indisponibilité entraîne d'importants retards et coûts.

Une douzaine de remorqueurs, ainsi que des dragues pour aspirer le sable sous le navire dont l'étrave est encastrée dans la rive, sont mobilisés.

Le porte-parole de l'Autorité égyptienne du canal de Suez (SCA) George Safwat précisait samedi matin que quelque 27 000 m3 de sable avaient déjà été dégagés, à 18 mètres de profondeur.

Mais les autorités reconnaissent rencontrer des difficultés, notamment en raison de la nature "rocheuse" du sol.

Selon Ihab Talaat el-Bannane, ancien amiral égyptien, "l'accident s'est produit dans la partie du canal où le sol est rocheux et qui avait d'ailleurs été le plus difficile à creuser".

Haute surveillance 

La Russie a offert dimanche son aide à l'Egypte, après plusieurs autres pays dont les Etats-Unis.

Le porte-conteneurs battant pavillon panaméen était entouré dimanche matin de quelques remorqueurs, selon un journaliste de l'AFP. Haut d'une soixantaine de mètres avec son chargement, il domine les champs et les palmiers alentours.

Les environs étaient placés sous haute surveillance, avec des agents de sécurité du canal mais aussi des militaires et des policiers.

Plusieurs autres remorqueurs étrangers et égyptiens faisaient route vers les lieux de l'incident.

Selon la presse d'Etat égyptienne, le président Abdel Fattah al-Sissi a ordonné des "préparations" pour alléger le navire de ses conteneurs.

Cette dernière solution, qui pourrait prendre des semaines, sera retenue si le dragage devient inefficace. "A un moment donné, les spécialistes du sol vont devoir arrêter le creusement pour ne pas provoquer un effondrement du sol au-dessus du navire", selon l'amiral el-Bannane.

L'amiral Ossama Rabie, président de la SCA, s'était montré optimiste samedi soir. Selon lui, le navire a "bougé de 30 degrés sur la droite et la gauche" pour la première fois, "un bon indicateur".

"Des sources proches de l'opération de sauvetage m'ont dit ce matin (...) qu'ils espéraient que le navire puisse être débloqué dans 24 à 48 heures", a tweeté dimanche Richard Meade, rédacteur en chef de la revue spécialisée dans le transport maritime Lloyd's List.

Au total, 369 bateaux étaient coincés en fin d'après-midi aux extrémités et au milieu du passage reliant la mer Rouge à la mer Méditerranée, a indiqué M. Rabie dimanche à la chaîne télévisée Al-Arabiya.

Des images tournées par un journaliste de l'AFP montrent des dizaines de navires ancrés dans le golfe de Suez.

L'assureur Allianz a estimé vendredi que chaque jour d'immobilisation pourrait coûter entre six et 10 milliards de dollars au commerce mondial.

Et les premières conséquences se font déjà sentir: la Syrie a indiqué samedi avoir commencé à rationner les carburants, face au retard de livraison d'une cargaison de pétrole.

Onze navires partis de Roumanie et transportant 130 000 moutons sont aussi affectés.

Coûts et alternatives 

La valeur totale des biens bloqués ou devant emprunter une autre route diffère selon les estimations, oscillant entre trois milliards de dollars et 9,6 milliards.

Les cours du pétrole ont connu de brusques hausses depuis le début de l'incident.

Les autorités du canal ont affirmé que l'Egypte perdait entre 12 et 14 millions de dollars par jour de fermeture. Près de 19 000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA.

En attendant la reprise du trafic, plusieurs acteurs du transport maritime international comme Maersk ou CMA CGM ont décidé de dérouter certains navires et de passer par le cap de Bonne-Espérance, autour du continent africain. Cela représente un détour de 6.000 km entre Singapour et Rotterdam par exemple.

"Le groupe a décidé de dérouter deux de ses navires à destination de l'Asie via le cap de Bonne-Espérance et étudie d'autres alternatives pour ses clients, le déploiement de solutions aériennes ou encore ferroviaires", a expliqué l'armateur français dimanche à l'AFP.

Trente-deux navires appartenant à Maersk ou à ses partenaires seront affectés d'ici la fin du weekend, a indiqué le géant danois du transport maritime.

Alors que les vents violents combinés à une tempête de sable avaient d'abord été pointés du doigt pour expliquer l'incident, M. Rabie a évoqué samedi une possible "erreur humaine" parmi les raisons de l'échouement.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".