Le blocage du canal de Suez pourrait durer des semaines

Une photo d'archives du Ever Glory, "sistership" du Ever Given. Un des responsables de la société mandatée pour aider à dégager le navire n'a pas hésité à déclarer : «c'est vraiment une baleine très lourde sur la plage, pour ainsi dire », pour décrire la situation. (Photo AFP)
Une photo d'archives du Ever Glory, "sistership" du Ever Given. Un des responsables de la société mandatée pour aider à dégager le navire n'a pas hésité à déclarer : «c'est vraiment une baleine très lourde sur la plage, pour ainsi dire », pour décrire la situation. (Photo AFP)
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Publié le Vendredi 26 mars 2021

Le blocage du canal de Suez pourrait durer des semaines

  • Le Caire parle de «48 à 72 heures maximum», mais la société mandatée pour la remise à flot du Ever Given parle de «jours, voire des semaines»
  • De gros armateurs comme le danois Maersk ou l'allemand Hapag-Lloyd songent à éviter le canal en contournant l'Afrique par le Cap de Bonne-Espérance

LE CAIRE : L'Egypte tente de dégager un porte-conteneurs géant bloquant depuis mercredi le canal de Suez, route commerciale cruciale entre l'Europe et l'Asie dont l'indisponibilité perturbe le trafic maritime mondial.

Mohab Mamish, conseiller du président Abdel Fattah al-Sissi en matière portuaire, a indiqué jeudi soir que la navigation reprendrait « dans 48 à 72 heures maximum ».

« J'ai l'expérience de plusieurs opérations de sauvetage de ce type et, en tant qu'ancien président de l'Autorité du canal de Suez, je connais chaque centimètre du canal », a ajouté M. Mamish, qui a supervisé la récente expansion de cette voie maritime très fréquentée.

Mais, quelques heures plus tôt, la société néerlandaise Smit Salvage mandatée par l'exploitant du navire Evergreen Marine Corp, basé à Taïwan, pour aider à dégager le navire, a prévenu que l'opération pourrait prendre « des jours, voire des semaines ».

Evergreen a sollicité Smit Salvage et l'entreprise japonaise Nippon Salvage pour mettre en place « un plan plus efficace » de sauvetage du navire. Les premiers experts devaient arriver jeudi.

« C'est vraiment une baleine très lourde sur la plage, pour ainsi dire », a décrit Peter Berdowski, directeur exécutif de Royal Boskalis, maison mère de la société néerlandaise.

L'Autorité égyptienne du canal de Suez (SCA) a fait savoir jeudi que la navigation était « temporairement suspendue » jusqu'à la remise à flot de l'Ever Given, navire de 400 mètres de longueur.

Selon une carte évolutive du site Vesselfinder, des dizaines de navires attendent aux deux extrémités et dans la zone d'attente située au milieu du canal.

Face à l'incertitude, le groupe allemand de logistique maritime Hapag-Lloyd, dont plusieurs navires sont affectés, a indiqué jeudi dans une note à ses clients réfléchir « à de possibles déroutements de navires par le Cap de Bonne-Espérance ». Soit un détour de plusieurs milliers de kilomètres autour du continent africain.

Le danois Maersk, plus grand armateur au monde, étudie « toutes les alternatives possibles », a indiqué une porte-parole, précisant que « neuf porte-conteneurs de Maersk et deux navires partenaires » étaient à l'ancrage en attendant la réouverture du passage.

Trafic suspendu

L'incident survenu dans la nuit de mardi à mercredi entraîne d'importants retards de livraison de pétrole et d'autres produits. La nouvelle a fait bondir les cours du pétrole jusqu'à 6% mercredi, avant de retomber jeudi.

Plusieurs remorqueurs dépêchés par l'Autorité du canal de Suez tentent de dégager le géant des mers depuis mercredi matin. Une source maritime a précisé jeudi qu'une drague était également arrivée sur zone.

La société japonaise Shoei Kisen Kaisha, propriétaire du porte-conteneurs, a indiqué jeudi qu'elle travaillait avec les autorités du canal pour la remise à flot mais que l'opération était « extrêmement difficile ».

Les conséquences économiques du blocage devraient être limitées si la situation ne s'éternise pas, selon des experts.

D'après Bjornar Tonhaugen, du cabinet Rystad, « l'effet (sur les prix) sera probablement faible et transitoire ».

En revanche, « si le blocage dure plus que quelques jours, cela pourrait avoir un impact plus important sur les prix et de manière plus durable », a-t-il ajouté.

« Nous n'avons jamais rien vu de tel mais il est probable que la congestion (...) prendra plusieurs jours ou semaines pour se résorber, car elle devrait avoir un effet d'entraînement sur les autres convois, les plannings et les marchés mondiaux », estime Ranjith Raja, expert pétrole et maritime pour l'agrégateur de données financières Refinitiv.

Mais la situation économique, sur fond de crise sanitaire et de restrictions qui entravent la reprise, fait que les prix ne devraient guère flamber dans l'immédiat.

L'Ever Given, un navire de près de 220 000 tonnes qui reliait le port chinois de Yantian à Rotterdam, s'est échoué peu après son entrée dans le canal, non loin de la ville de Suez.

La taille du navire, long comme quatre terrains de football, complique les opérations de dégagement, selon Jean-Marie Miossec, professeur à l'université Paul-Valéry de Montpellier (sud-est de la France) et spécialiste du transport maritime.

Bien manœuvrer

« Ces navires ont un tirant d'eau important, d'autant qu'il était à pleine charge. Sous la quille, la lame d'eau est faible », a-t-il expliqué.

Il s'agit de ne pas "fragiliser la structure du navire dans les manœuvres et de bien doser les efforts à répartir tout au long de la coque", a ajouté l'expert.

Selon Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), société singapourienne de gestion technique du navire, les 25 membres d'équipage sont sains et saufs. Et il n'y a eu aucune pollution, ni dommage sur la cargaison du navire d'une capacité de plus de 20 000 boîtes (EVP ou TEU).

Des experts citent des vents violents comme étant l'une des causes de l'incident sur ce navire de 60 mètres de hauteur. La SCA évoque également une visibilité diminuée en raison d'un vent de sable, courant en Egypte à cette époque de l'année.

Inauguré en 1869, le canal a connu plusieurs phases d'agrandissement et de modernisation afin d'accompagner les évolutions du commerce maritime. Son percement a réduit drastiquement les distances : 6 000 km de moins entre Singapour et Rotterdam par exemple.

 


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.