Mosquée de Strasbourg : Macron tacle des collectivités «un peu trop complaisantes»

Le président français Emmanuel Macron. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 26 mars 2021

Mosquée de Strasbourg : Macron tacle des collectivités «un peu trop complaisantes»

  • « Il y a l'existence de groupes constitués, l'existence de groupes politiques sur le continent européen, qui sont eux, aujourd'hui, activés par des organes de propagande officielle »
  • Le président apporte son soutien à son ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a accusé la mairie de «financer une ingérence étrangère en France»

PARIS : Le président Emmanuel Macron a soutenu jeudi son ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a accusé la mairie de Strasbourg de « financer une ingérence étrangère en France », déplorant des « collectivités peut-être un peu trop complaisantes ».

« Il y a l'existence de groupes constitués, l'existence de groupes politiques sur le continent européen, qui sont eux, aujourd'hui, activés par des organes de propagande officielle », a affirmé le président en réponse à une question sur des « ingérences » de la Turquie lors d'une prise de parole depuis l'Elysée.

« Parfois ils se mêlent de nos élections, d'autres fois ils se mêlent de financement d'associations. Nous l'avons encore vu ces derniers jours avec les alertes légitimes faites par le ministre de l'Intérieur à l'égard de quelques collectivités territoriales, peut-être un peu trop complaisantes », a-t-il déclaré à l'issue d'un Conseil européen.

Le président faisait allusion au financement par la municipalité de Strasbourg du chantier d'une mosquée soutenue par une association pro-turque appelée Confédération islamique Millî Görüs (« Vision nationale », en turc), qui a donné lieu à un bras de fer entre le ministre de l'Intérieur et la maire EELV, Jeanne Barseghian.

M. Darmanin, qui souligne « l'islam politique » de Millî Görüs, a dit avoir averti en janvier « élus locaux » et « services de la préfecture de tentatives d'ingérences extrêmement fortes » en France, « notamment de la part de la Turquie ».

Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron et rendu public mercredi, la maire de Strasbourg a réfuté toute « mise en garde ». 

Pour leur part, les présidents LR de la Région Grand Est et de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA) ont déclaré ne pas être favorables au financement par leur collectivité du chantier de la mosquée. 

« Aujourd'hui, je n'ai aucun dossier, aucune demande » de la part de la Confédération islamique Millî Görüs , mais « nous ne soutiendrons en tout cas pas la construction de ce bâtiment cultuel », a déclaré à des journalistes le président du Conseil régional du Grand Est, Jean Rottner, à Mulhouse.

Millî Görüs « revendique » de ne pas avoir signé la charte des principes pour l'islam de France, (qui affirme la « compatibilité » de la foi musulmane avec la République), et "ça me dérange", a poursuivi M. Rottner.

« J'ai eu des alertes de la part de Gérald Darmanin (...) le 15 janvier lors de sa venue en Alsace », a indiqué de son côté Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), qui fusionne depuis le 1er janvier les conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.

Sans entrer « précisément dans le détail », le ministre avait souligné que l'association porteuse du projet « n'était pas respectueuse des principes de la République », a ajouté M. Bierry.

« Je ne serai pas favorable personnellement au financement de ce projet si nous étions sollicités » : « les Finances publiques légitimeraient » alors « une mouvance à la droite d'Erdogan qui aujourd'hui méprise la démocratie et méprise la France », a déclaré M. Bierry.

La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a aussi indiqué mercredi avoir alerté Jeanne Barseghian sur ce projet.

Le président de la Confédération islamique Millî Görüs France, Fatih Sarikir, a estimé que M. Darmanin tenait « des propos ambigus et inexacts en nous accusant de faire de "l'islam politique" et d'être des "pro turc" ».

Il a rappelé les « réticences » de plusieurs conseils régionaux du culte musulman (CRCM) et de « centaines » de mosquées face à la Charte « dans son état actuel », ratifiée « seulement » par cinq des neuf fédérations du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Le conseil municipal de Strasbourg a voté lundi le « principe d'une subvention » de 2,5 millions d'euros destinée au chantier de la mosquée Eyyub Sultan.

Un versement qui doit faire l'objet d'un second vote et reste conditionné à la présentation par Millî Görüs d'un plan de financement transparent.

 


Au Maroc, Retailleau annonce un partenariat renforcé sur les questions migratoires

Le ministre marocain de l'Intérieur Abdelouafi Laftit (G) reçoit son homologue français Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur à Rabat le 14 avril 2025. (Photo Issam ZERROK / AFP)
Le ministre marocain de l'Intérieur Abdelouafi Laftit (G) reçoit son homologue français Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur à Rabat le 14 avril 2025. (Photo Issam ZERROK / AFP)
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  • À l'issue d'un entretien avec son homologue marocain, Abdelouafi Laftit, M. Retailleau a salué un accord sur « un certain nombre de points » visant à « améliorer la coopération en matière de réadmissions » entre les deux pays.
  • M. Laftit a réaffirmé, dans un communiqué, « l'engagement total de la partie marocaine à œuvrer pour l'élaboration d'un référentiel commun ».

RABAT : Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé lundi à Rabat la création d'un groupe de travail franco-marocain chargé de vérifier la nationalité des migrants en situation irrégulière en France, en vue de faciliter leur réadmission dans leur pays d'origine.

À l'issue d'un entretien avec son homologue marocain, Abdelouafi Laftit, M. Retailleau a salué un accord sur « un certain nombre de points » visant à « améliorer la coopération en matière de réadmissions » entre les deux pays.

Ce groupe mixte permettra d'instruire la nationalité marocaine ou non d'un certain nombre de clandestins et d'étrangers en situation irrégulière », a précisé le ministre français.

« Je pense qu'avoir des équipes mixtes françaises et marocaines pour mener ce travail d'identification changera énormément les choses et permettra d'accroître l'efficacité en matière de réadmissions », a-t-il ajouté. 

M. Laftit a réaffirmé, dans un communiqué, « l'engagement total de la partie marocaine à œuvrer pour l'élaboration d'un référentiel commun ».

Les relations entre Paris et Rabat se sont nettement réchauffées depuis l'été 2024, où la France a reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental, mettant fin à plusieurs années de tensions, notamment liées à la question migratoire.

En 2021-2022, la France avait divisé par deux le nombre de visas accordés aux Marocains pour pousser le royaume à reprendre plus de ses ressortissants expulsés par les autorités françaises, entraînant de fortes crispations diplomatiques. 

Ce déplacement fait suite à la rencontre entre les deux ministres lors de la visite d'Emmanuel Macron au Maroc en octobre dernier, durant laquelle le président français avait annoncé un « partenariat renforcé » entre la France et le Maroc pour lutter contre l'immigration clandestine et les différents trafics.

Au cœur des discussions figuraient les réadmissions de ressortissants marocains en situation irrégulière, que la France souhaite expulser, mais dont le renvoi est souvent bloqué en raison de l'absence de laissez-passer consulaires délivrés par Rabat.

Alors que les relations avec le Maroc sont au beau fixe, celles avec l'Algérie voisine ne cessent de se détériorer.

La visite de M. Retailleau intervient en plein regain de tension, Alger ayant demandé à douze fonctionnaires français de quitter son territoire, selon le ministre français des Affaires étrangères.


L'Algérie exige que douze fonctionnaires français quittent le territoire dans un délai de 48 heures

Des visiteurs marchent près du Mémorial des martyrs à Alger, capitale de l'Algérie, le 18 décembre 2022. Le monument en béton, construit en 1982, est situé sur les hauteurs d'Alger et mesure 92 mètres. (Photo par AFP)
Des visiteurs marchent près du Mémorial des martyrs à Alger, capitale de l'Algérie, le 18 décembre 2022. Le monument en béton, construit en 1982, est situé sur les hauteurs d'Alger et mesure 92 mètres. (Photo par AFP)
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  • Les autorités algériennes précisent que cette décision était une réponse à l'arrestation de trois ressortissants algériens en France.
  • « Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d'expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours », a déclaré Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes.

PARIS : Les autorités algériennes ont demandé à douze fonctionnaires français en poste dans le pays de quitter le territoire, a annoncé lundi le ministre des Affaires étrangères, précisant que cette décision était une réponse à l'arrestation de trois ressortissants algériens en France.

« Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d'expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours », a déclaré Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes.

« Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n'aurions d'autre choix que d'y répondre immédiatement », a-t-il averti.

Parmi les onze agents qu'Alger souhaite expulser, certains sont fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, a indiqué à l'AFP une source diplomatique. 

Vendredi, trois hommes, dont un employé dans un consulat d'Algérie, ont été mis en examen à Paris pour arrestation, enlèvement et séquestration en lien avec une entreprise terroriste.

Samedi, les Affaires étrangères algériennes avaient dénoncé cette nouvelle affaire.

Ces propos contrastent avec l'annonce par le ministre français des Affaires étrangères d'une nouvelle phase pour les relations entre Paris et Alger.


Teddy Riner et Sophie Marceau inaugurent le pavillon français de l'Exposition universelle d'Osaka

Un présentoir de l'« Expo 2025 » est photographié lors d'une journée de présentation aux médias de l'Expo 2025 d'Osaka dans la ville d'Osaka le 9 avril 2025, quatre jours avant l'ouverture de l'événement au public pour six mois. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
Un présentoir de l'« Expo 2025 » est photographié lors d'une journée de présentation aux médias de l'Expo 2025 d'Osaka dans la ville d'Osaka le 9 avril 2025, quatre jours avant l'ouverture de l'événement au public pour six mois. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
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  • Trois ans après Dubaï, l'Exposition universelle de 2025, qui se tiendra jusqu'au 13 octobre, a ouvert ses portes dimanche sur l'île artificielle de Yumeshima, à Osaka à l'ouest du Japon.
  • Quelque 160 pays et régions y sont représentés.

OSAZA, JAPON : L'actrice Sophie Marceau et le judoka Teddy Riner ont inauguré dimanche à Osaka le pavillon français de l'Exposition universelle, offrant à Paris l'occasion de vanter son « partenariat d'exception » avec le Japon dans un contexte international « troublé ».

Trois ans après Dubaï, l'Exposition universelle de 2025, qui se tiendra jusqu'au 13 octobre, a ouvert ses portes dimanche sur l'île artificielle de Yumeshima, à Osaka à l'ouest du Japon, où sont représentés quelque 160 pays et régions.

Si de nombreux pays ont misé sur les innovations technologiques, le pavillon français, lui, abrite des statues de Rodin, une tapisserie d'Aubusson dans le style du studio d'animation Ghibli, une gargouille de Notre-Dame, ainsi que des expositions dédiées aux géants du luxe et aux vins d'Alsace, sans oublier un bistrot. 

Imaginé par un consortium franco-italien, le bâtiment est enveloppé d'immenses drapés blancs et s'inspire de la légende japonaise du « akaï ito », un fil rouge évoquant l'union de deux êtres liés par un cordon indestructible.

« L'akaï ito est un symbole fort qui porte l'espoir et la persévérance. J'ai une affection particulière pour cette culture. Depuis l'âge de 14 ans, je vis une sorte de longue histoire d'amour avec le Japon », a déclaré Sophie Marceau, actrice appréciée dans l'archipel.

À ses côtés, Teddy Riner, auréolé de ses titres olympiques, a assuré vivre avec le Japon « une sorte d'évidence », liée à son sport originaire du pays. 

Dans un contexte marqué par les conflits, de l'Ukraine à Gaza, et les tensions commerciales, l'hymne à l'amour célébré par le pavillon France détonne.

Le partenariat « d'exception » franco-japonais « prend ici tout son sens, au moment où les relations internationales n'ont pas été aussi troublées depuis extrêmement longtemps », fait valoir Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, présent à Osaka.

L'Exposition universelle peut être le lieu où défendre « des valeurs d'universalisme, de multilatéralisme, de paix et de vivre-ensemble », ajoute-t-il.

Signe d'une attractivité forte, le pavillon France était dimanche l'un des plus prisés des premiers visiteurs de l'Expo-2025, malgré la météo pluvieuse. 

« Nous adorons la France et sa culture. Nous sommes venus spécialement de Nagoya, à 170 km de distance, avec ma maman », a déclaré Kumiko Asakawa, âgée de 40 ans, à l'AFP.

Jyunma Nishimoto, étudiant de 19 ans, vante plutôt les espaces consacrés au luxe : « Ce qui m'intéresse, ce sont les grandes marques comme Louis Vuitton ou Céline, qui représentent le savoir-faire français, avec cette lumière qui attire le regard. »

Le pavillon France, qui a coûté 58 millions d'euros (dont 42,5 millions ont été financés par l'État), est à vocation provisoire, comme tous les pavillons, et sera démonté à l'issue de l'Exposition.

L'exposition permanente, d'une superficie de 1560 mètres carrés comprend un jardin avec un olivier millénaire transplanté depuis le sud de la France.

Deux autres parrains, le rugbyman Antoine Dupont et l'actrice Léa Seydoux, s'y rendront ultérieurement.