PARIS : Un jeune Pakistanais, qui a attaqué deux personnes avec un hachoir près des anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris en septembre 2020, a expliqué devant une juge avoir agi par « colère » et a exprimé des regrets, a appris l'AFP mercredi de source proche du dossier.
« J'ai vu un homme et une femme en train de rigoler entre eux. J'ai été pris de colère parce que je pensais qu'ils rigolaient sur moi », a raconté le jeune homme, Zaheer Hassan Mahmoud, lors d'une audition le 15 décembre devant la juge d'instruction antiterroriste en charge de l'affaire.
Ses propos, relatés par Le Parisien, ont été confirmé à l'AFP par une source proche du dossier.
« Ensuite, je n'ai rien compris, j'étais en colère, c'était noir, je ne savais pas ce que j'étais en train de faire. J'ai pris mon sac, j'ai sorti le couteau, je suis revenu vers eux et je les ai attaqués sans savoir où je frappais », a-t-il ajouté en langue ourdou.
« Je n'avais pas le choix. Je n'ai pas réussi à me calmer, je ne suis pas pour le terrorisme ou terroriser les gens », a-t-il dit.
En France depuis 2018, le suspect de 26 ans a affirmé avoir découvert sur internet les caricatures du prophète publiées par Charlie Hebdo "sept ou huit jours" avant son attaque, le 25 septembre.
La republication de ces caricatures par l'hebdomadaire, à l'occasion de l'ouverture début septembre du procès des attentats de janvier 2015, a entraîné des manifestations dans des pays musulmans, dont le Pakistan, son pays d'origine.
« Choqué » par les caricatures, Zaheer Hassan Mahmoud visionne alors de façon compulsive des vidéos émanant notamment d'imams pakistanais radicaux. « Je me suis dit : "Pourquoi la France fait ça? Je suis en France je dois me révolter, parce que sinon personne n'en parlera" », a-t-il relaté.
Il se rend le 25 septembre, peu avant midi, rue Nicolas-Appert, dans le Xe arrondissement, en ignorant que Charlie Hebdo avait quitté ses locaux après l'attentat de 2015.
Devant la porte de l'immeuble, il blesse grièvement avec un hachoir un homme et une femme, journalistes à l'agence Premières Lignes.
« J'ai vu le sang sur mes mains et j'ai pris conscience de ce que j'étais en train de faire », a confié le jeune Pakistanais.
« Je ne sais pas comment j'ai pu attaquer ou blesser autant quelqu'un. Je n'étais pas venu pour tuer », a-t-il assuré lors de son audition, pleurant en regardant des images de l'attaque et précisant vouloir « demander pardon aux victimes ».
Interpellé peu après, il a été mis en examen notamment pour « tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste » puis placé en détention provisoire.
Dans cette affaire, quatre Pakistanais âgés de 17 à 21 ans, qui étaient en contact avec lui, ont été mis en examen et incarcérés en décembre.
Ils sont soupçonnés d'avoir été informés de son projet et d'avoir pu l'inciter à passer à l'acte, selon une autre source proche de l'enquête.
Contactés, les deux avocats de Zaheer Hassan Mahmoud et le parquet national antiterroriste n'ont pas souhaité s'exprimer.