Audiences en berne pour les médias américains, privés de Trump

Le New York Times a perdu près de 20 millions de visiteurs uniques sur son site entre janvier et février aux Etats-Unis (Photo, AFP).
Le New York Times a perdu près de 20 millions de visiteurs uniques sur son site entre janvier et février aux Etats-Unis (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 24 mars 2021

Audiences en berne pour les médias américains, privés de Trump

  • La chaîne d'information CNN a perdu plus de la moitié de son audience entre janvier et la première quinzaine de mars sur la case reine du «primetime»
  • Pour Adam Chiara, les baisses d'audiences montrent que «les gens étaient plus intéressés par les informations concernant le président Trump que par ce qui se passe aujourd'hui»

NEW YORK: Les médias américains nationaux voient leur audience et leur lectorat chuter depuis plusieurs semaines, contrecoup du départ de l'événement permanent qu'était Donald Trump, auquel a succédé un président parfois jugé « ennuyeux ».

La chaîne d'information CNN incarne cette chute soudaine, avec plus de la moitié de son audience envolée entre janvier et la première quinzaine de mars sur la case reine du « primetime » (20H30 à 22H00), selon les données du cabinet Nielsen.

Ses rivales MSNBC et Fox News s'en tirent mieux mais affichent également un recul, bien qu'ayant des lignes éditoriales opposées : la première anti-Trump, la seconde pour.

Côté presse, le New York Times a perdu près de 20 millions de visiteurs uniques sur son site entre janvier et février aux Etats-Unis, et le Washington Post, près de 30 millions, selon des données du cabinet Comscore.

« Il y a toujours un désastre majeur en cours qui devrait maintenir les gens devant leur écran », à savoir la pandémie, observe Adam Chiara, professeur de communication à l'université de Hartford, dans le Connecticut. Pour lui, les baisses d'audiences montrent que « les gens étaient plus intéressés par les informations concernant le président Trump que par ce qui se passe aujourd'hui ».

Aujourd'hui installé en Floride, l'ancien chef de l'Etat a fait quelques apparitions et accordé plusieurs entretiens depuis son départ. Privé de fonctions officielles et de son compte Twitter, il n'a cependant plus la plateforme qui faisait de lui le centre d'attention permanent des médias.

« Il a nourri la bête, attiré les clics, les abonnements et les téléspectateurs », rappelle Adam Chiara. « On n'a pas appelé ça le ‘Trump bump’ (le coup de pouce Trump) pour rien. Ça devait retomber un jour. »

Pour Tobe Berkovitz, professeur de communication politique à l'université de Boston, les médias sont victimes du contraste entre Donald Trump, son goût de la polémique et son caractère imprévisible, et Joe Biden, « un type ennuyeux », qui a volontairement pris le contre-pied de son prédécesseur dans sa communication.

Bientôt une plateforme Trump

« Je ne pense pas que ce soit simplement dû au départ de Donald Trump », tempère Mark Lukasiewicz, doyen de l'école de communication de l'université Hofstra. Lui y voit aussi l'effet d'une lassitude face aux informations liées au coronavirus et la perspective d'une sortie prochaine de la pandémie.

Qu'il s'agisse de l'élection présidentielle ou de la pandémie, dit-il, « on a traversé une période très intense (...) pendant laquelle l'actualité était essentielle à nos vies ». « Aujourd'hui, ces questions (sanitaires) n'ont pas disparu, mais les choses commencent à se calmer. »

Pour autant, malgré ce reflux marqué de leur fréquentation, les grands médias nationaux sont en bien meilleure forme qu'avant l'entrée en campagne de Donald Trump en 2015. CNN affiche toujours une audience plus que doublée par rapport à l'ensemble de l'année 2014, quand MSNBC l'a, elle, triplé.

« Les chaînes d'infos conservent une part plus importante de la consommation d'actualité des Américains qu'il y a quelques années », souligne Mark Lukasiewicz, au détriment des chaînes généralistes dont les journaux ont perdu plusieurs millions de téléspectateurs.

Bien que privée de Donald Trump et concurrencée par de petites chaînes très conservatrices comme OAN et Newsmax, Fox News n'a perdu que quelques points de pourcentage d'audience depuis janvier.

Quant aux quotidiens nationaux, ils ont profité de cette période faste pour accélérer leur transition numérique et ont désormais validé leur nouveau modèle, essentiellement bâti sur les abonnements en ligne.

En quatre ans seulement, soit la durée du mandat de Donald Trump à la Maison Blanche, le New York Times a multiplié par 2,6 son portefeuille d'abonnés et échappé à la crise de la presse écrite, avec laquelle se débat encore une bonne partie du secteur.

« Le rythme de l'actualité va varier, et l'audience fluctuer (...) mais quoi qu'il en soit, je pense que nous sommes bien positionnés pour continuer à croître », a déclaré la PDG du Times Meredith Kopit Levien lors de la présentation des résultats annuels, début février.

Reste la menace d'une nouvelle plateforme estampillée Trump, dont l'ancien président lui-même a annoncé lundi l'arrivée prochaine, sans donner aucun détail, même s'il s'agirait plutôt d'un réseau social que d'un média d'information.

« Il conserve une énorme capacité à lever des fonds et une influence majeure sur le parti » républicain, rappelle Mark Lukasiewicz. « Et s'il décidait de les mettre au service d'un média, ça pèserait, au moins à court terme. »


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.