La presse britannique et le sort des migrants africains au Yémen

 Les analystes ont constaté des divergences entre les réponses des journalistes occidentaux à la violence dans leur région (comme le mouvement BLM) et le silence observé au sujet des crimes commis au Yémen (Photo, AFP).
Les analystes ont constaté des divergences entre les réponses des journalistes occidentaux à la violence dans leur région (comme le mouvement BLM) et le silence observé au sujet des crimes commis au Yémen (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 22 mars 2021

La presse britannique et le sort des migrants africains au Yémen

  • Le Times, la BBC, The Independent et The Telegraph se sont tous abstenus de répondre aux nombreuses demandes de commentaires faites par Arab News pour expliquer pourquoi ils n'ont accordé que peu d'attention à cette affaire
  • Selon le ministre yéménite de l'Information, Moammar Al-Eryani, le peu d'attention porté à cet incident témoigne du manque de sensibilisation aux crimes perpétrés par la milice houthie

LONDRES: En parcourant les titres des journaux britanniques la semaine dernière, on remarque que des sujets comme la réaction maladroite de la famille royale à la « tell-all interview » (une interview "déballage")  de Meghan Markle avec Oprah, ainsi que la sortie de l'hôpital du prince Phillip, ont fait l'objet d'une large couverture.

La compétition pour attirer les visiteurs et les lecteurs a été renforcée par le Prince Harry, qui a accepté d'être indemnisé par le Mail pour un article, publié dimanche, alléguant qu'il avait tourné le dos aux Royal Marines après avoir renoncé à son titre royal.

Ce qui saute aux yeux dans les titres de l'actualité britannique, c'est l'absence de couverture d'une tragédie humaine colossale survenue au Moyen-Orient : la mort de plusieurs dizaines de migrants africains dans un incendie à Sanaa, la capitale du Yémen, le 7 mars.

L'incendie du centre de détention pour migrants dirigé par les Houthis, comparable à un camp de concentration nazi, a fait de nombreux blessés et morts.

Les analystes ont constaté des divergences entre les réactions des médias occidentaux à la violence dans leurs régions (tels que le mouvement BLM ou « la vie des Noirs compte ») et le silence sur les crimes perpétrés par les Houthis au Yémen (Photo, réseaux sociaux).

Selon le bilan officiel, l'incendie a fait 43 morts, tous des migrants originaires d'Éthiopie, d'Érythrée, de Djibouti, de Somalie et du Soudan. Toutefois, on estime que le nombre réel de morts est bien plus élevé, et pourrait se chiffrer en centaines.

Les témoignages des survivants ont porté les organisations de défense des droits de l'homme et les diplomates internationaux à attribuer la responsabilité des décès à la milice soutenue par l'Iran.

En suivant la logique des médias britanniques qui ont assuré une couverture saturée des manifestations de Black Lives Matter (BLM) l'année dernière et qui se disent préoccupés par les « victimes de la guerre au Yémen », la mort de tant de migrants infortunés venus d'Afrique aurait dû mériter une avalanche d'attention. Pourtant, rien de tel ne s'est produit.

Des personnes participent à la manifestation « Million People March » contre le racisme à Londres, le 30 août 2020  (Photo, AFP).

Les radars des journalistes britanniques n'ont même pas capté l'indignation des hauts fonctionnaires des Nations unies et de l'ONG Human Rights Watch (HRW), ce qui soulève une question de deux poids, deux mesures.

La première question est de savoir si le Yémen constitue un sujet digne d'être couvert uniquement lorsque la coalition dirigée par l'Arabie saoudite commet une erreur. Ou encore, la vie de certains Noirs est-elle plus importante que celle d'autres, aux yeux des médias britanniques ?

Pourtant, il s'agit d'un événement inhabituel dans une région du Yémen contrôlée par les Houthis, où les coupables se cachent à la vue de tous.

Dans un premier temps, les Houthis ont refusé de préciser la cause de l'incendie, de signaler la manifestation ou de donner un bilan définitif des victimes. Ce sont les survivants et les défenseurs des droits de l'homme du pays qui ont affirmé que l'incendie avait éclaté lorsque des gardes ont tiré des gaz lacrymogènes dans un entrepôt bondé, dans le but de mettre fin à une manifestation dénonçant les abus et les mauvais traitements subis dans l'établissement.

« Comme tout territoire contrôlé par des groupes extrémistes, la couverture à partir des zones contrôlées par les Houthis comporte évidemment des risques extrêmes pour les journalistes occidentaux », a expliqué à Arab News William Neal, consultant en communication stratégique basé à Londres.

« Mais dans ce cas, le HRW et les Nations unies ont fourni des preuves de l’attaque choquante et ont appelé à agir ».

La chaîne BBC et le quotidien The Independent ont publié respectivement un reportage et un article sur l'incendie le lendemain du drame, le premier s’étant fondé sur le rapport du HRW pour faire un suivi.

En revanche, The Guardian, un quotidien britannique de gauche qui s'enorgueillit de son souci des droits de l'homme, n'a prêté attention à ce scandale que lorsque les Nations unies ont exigé l'ouverture d'une enquête, une semaine plus tard. Samedi, il a publié sur son site Internet un article de l'AP dans lequel il a affirmé que les Houthis avaient admis que l'incendie avait été provoqué par des grenades lacrymogènes tirées par les gardes.

Interrogé par Arab News pour savoir pourquoi le quotidien n'avait accordé qu'une faible couverture à la mort des migrants, un porte-parole de Guardian News & Media a déclaré que « l'article en question fait largement référence à la fois à l'appel des Nations unies pour lancer une enquête ainsi qu'aux commentaires du HRW ».

Pour sa part, le quotidien The Guardian a refusé de préciser les raisons pour lesquelles il n'a pas signalé l'incendie avant que les Nations unies ne réclament une enquête.

En outre, il n'a pas voulu préciser si l'incident méritait une couverture aussi étendue que toute autre atrocité perpétrée dans d'autres régions du monde.

Par ailleurs, le Times a publié son premier article sur l'incendie plus de 10 jours plus tard. Cette publication est apparue après qu'Arab News a signalé qu’aucun article du site Web du Times n’a été consacré à ce sujet (courriel envoyé le 17 mars ; la couverture a été lancée le 18 mars).

Le Times, la BBC, The Independent et The Telegraph se sont tous abstenus de répondre aux nombreuses demandes de commentaires faites par Arab News pour expliquer pourquoi ils n'ont accordé que peu d'attention à cette affaire.

Difficile d'imaginer le nombre de colonnes que ces médias auraient consacrées à l'affaire s'il y avait soupçonné l’implication de la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite.

Si la couverture avait été à la mesure du crime, elle n'aurait probablement pas évoqué le renversement par les Houthis du gouvernement du Yémen, reconnu par la communauté internationale en 2015, ni la guerre sans fin qu'ils ont déclenchée contre les civils au Yémen et en Arabie saoudite, ni encore leur blocage prolongé de l'aide internationale, qui a contraint 24 millions de Yéménites à vivre de l'aide humanitaire.

 « Les médias n'ont pas tenu les Houthis responsables de leurs actions. Ainsi, le public occidental a souvent entendu une version biaisée de ce conflit complexe », explique M. Neal.

« La couverture de ce conflit ne permet pas à la plupart des gens de comprendre que les Houthis constituent un groupe terroriste qui pose une menace considérable à la stabilité de toute la région, et cela doit absolument cesser ».

Dans une interview exclusive accordée à Arab News, Moammar Al-Eryani, ministre yéménite de l'Information, de la Culture et du Tourisme, a exprimé les mêmes préoccupations.

« Depuis son coup d'État de 2014, la milice houthie a mené une série de crimes de guerre qui n'ont malheureusement pas été suffisamment couverts. Pourtant, ils sont tout à fait comparables aux actes terroristes d'Al-Qaïda et de Daesh », explique-t-il.

Moammar Al-Eryani, ministre yéménite de l'Information, de la Culture et du Tourisme (Photo, réseaux sociaux).

« Les médias occidentaux ont omis de dénoncer les crimes perpétrés par la milice houthie. Ils la considèrent souvent comme une simple victime, alors qu'elle est en réalité l'auteur de ces crimes. La couverture lamentable par les journaux britanniques de la mort de migrants dans le centre de détention de Sanaa témoigne de leur mauvaise connaissance des crimes commis par la milice houthie au cours des dernières années », a-t-il ajouté.

« Nous exhortons les médias occidentaux et arabes à se pencher sur tous les problèmes du Yémen avec la même attention, et à mettre en lumière tous les faits et crimes sans discrimination ».

Par ailleurs, le contraste prononcé entre la façon dont les grands médias, les organisations de défense des droits de l'homme et les mouvements sociaux populaires réagissent aux causes soutenues par le mouvement BLM et aux injustices commises à l'encontre des Noirs africains, ne constitue guère un sujet étonnant pour bon nombre d'analystes.

Ces dernières années, la mort d'un certain nombre d'Afro-Américains non armés - George Floyd, Ahmaud Arbery, Trayvon Martin, Michael Brown, Tamir Rice et Eric Garner, pour ne nommer que ces six-là - aux mains de policiers blancs a prétendument galvanisé un mouvement social transatlantique contre les préjugés et la discrimination fondés sur la race.

Toutefois, l'apathie manifestée par la presse britannique à l'égard de la détresse des migrants africains au Yémen démontre de manière flagrante que les droits des Africains noirs ne présentent pas le même poids que ceux des Afro-Américains et des Britanniques noirs.

Interrogé par Arab News à ce sujet, un porte-parole du bureau du mouvement BLM au Royaume-Uni a donné cette réponse : « Merci pour l'invitation, nous déclinons cette opportunité ».

- Tarek Ali Ahmad est le responsable de la recherche et des études chez Arab News. Twitter : @Tarek_AliAhmad

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.