PARIS : La France a défendu mercredi le droit de ses parlementaires à se rendre à Taïwan et à en rencontrer les autorités, alors que la Chine tente de dissuader des sénateurs d'effectuer un tel voyage.
Dans une lettre au sénateur Alain Richard, l'ambassade de Chine se dit « fermement oppposée » à une telle visite, qui « violera manifestement le principe d'une seule Chine et enverra un signal erroné aux "forces indépendantistes de Taïwan" ».
« Les sénateurs français, en tant que membres d'une institution étatique française, devront bien entendu observer ce principe et s'abstenir de toute forme de contacts officiels avec les autorités taiwanaises », ajoute-t-elle dans ce courrier publié sur son site internet, en rappelant que la reconnaissance de la seule Chine est « le fondement politique des relations sino-françaises ».
L'île est dirigée depuis 1945 par un régime (la « République de Chine ») qui s'y était réfugié après la victoire des communistes en Chine continentale en 1949 à l'issue de la guerre civile chinoise.
La « République populaire de Chine », basée à Pékin, considère ce territoire comme une de ses provinces. Elle menace de recourir à la force en cas de proclamation formelle d'indépendance sur l'île, soutenue par les Etats-Unis, rivaux systémiques de Pékin.
« Les parlementaires français décident librement de leurs projets de déplacement et de leurs contacts », a répliqué la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères lors du point de presse quotidien du Quai d'Orsay.
Alain Richard, président du Groupe d'information et d'échanges entre le Sénat et Taïwan, a réfuté pour sa part toute remise en cause du principe d'une seule Chine.
« Chacun de mes collègues participant au Groupe connaît et partage la position constante de la diplomatie française fondée sur la pleine coopération diplomatique avec la République populaire et sur le dialogue constant avec elle », répond-il dans une lettre à l'ambassadeur de Chine à Paris dont l'AFP a obtenu copie.
Le sénateur confirme que les parlementaires rencontreront les autorités de Taïwan et assure que cela ne donnera aucun « signe d'encouragement à une tendance particulière de l'opinion taïwanaise ».
En 2020, la Chine avait vivement réagi à la visite du président du Sénat tchèque Milos Vystrcil à Taïwan, la qualifiant de « provocation » et menaçant de lui faire « payer au prix fort son comportement à courte vue ».
La France avait alors exprimé sa solidarité avec la République tchèque, jugeant inacceptable cette « menace ».