BLOIS : "Wesh man, Blois c'est Los Angeles!" Supermarché vandalisé, station-service incendiée: le chef-lieu du Loir-et-Cher a été, dans la nuit de mardi à mercredi, le théâtre de violences urbaines inhabituelles qui ont éclaté après un refus d'obtempérer.
Bitume brûlé, voiture et caddies calcinés devant un supermarché Aldi dégradé, ouvert moins d'une semaine plus tôt. Des habitants, venus faire leurs courses, consternés. Plus connue pour son château royal, la ville de Blois a connu une nuit de violences urbaines peu fréquentes pour une commune de cette taille (46.000 habitants).
Tout a commencé vers 18H30 par un refus d'obtempérer, lors d'un contrôle de la Brigade anticriminalité (Bac) dans les quartiers nord de la ville. Le véhicule prend la fuite, grille un feu rouge et percute deux autres voitures, selon une source policière. Le conducteur parvient alors à s’enfuir tandis que ses deux passagers de 15 et 18 ans, blessés, sont transportés à l'hôpital.
"Contrairement aux rumeurs, il n'a pas été fait usage d'armes à feu pour intercepter le véhicule", a précisé le maire de Blois Marc Gricourt (PS) dans un communiqué.
Selon la préfecture du Loir-et-Cher, ces deux blessés en urgence absolue ont été hospitalisés à Tours et Blois. De source proche du dossier, ils sont tous deux connus pour des faits de délinquance: celui de 18 ans pour vingt faits de droit commun et celui de 15 ans pour sept faits de droit commun.
Les conductrices des deux voitures percutées, blessées légèrement, ont également été transportées à l'hôpital.
A la suite de cet accident, des violences urbaines éclatent dans la soirée: des barricades, des tirs de mortiers d'artifice, des véhicules incendiés. Un supermarché Aldi est endommagé par l'incendie d'une voiture garée à proximité et une crèche dégradée.
"Violence inexcusable"
Vers 23H00, une station-service Avia est incendiée. Puis un camion de livraison est attaqué par des émeutiers. L'un d'eux prend le volant et le lance vers les policiers et les pompiers, sautant juste avant le choc. Les policiers font feu pour tenter de l'arrêter.
Aucun blessé n'est à déplorer parmi les forces de l'ordre, selon le parquet, qui a précisé qu'il n'y avait eu aucune interpellation durant la nuit.
"L'heure était au maintien de l'ordre, tout en préservant les éléments utiles à l'enquête, immédiatement confiée à la police judiciaire", a déclaré à l'AFP le procureur de la République de Blois Frédéric Chevallier.
"De tels événements ne s’étaient pas produits depuis l’automne 2014", a souligné le maire, en appelant au calme après des "faits de violence (...) inexcusables".
"Toute la soirée, des rumeurs, parfois extravagantes, ont défilé sur les réseaux sociaux, ces dernières n’ont évidemment pas concouru ni au calme, ni à la vérité", a dénoncé M. Gricourt.
De nombreuses vidéos des violences urbaines ont été diffusées sur les réseaux sociaux, montrant un véhicule incendié ou l'hélicoptère de la gendarmerie survolant la ville. "Wesh man, Blois c'est Los Angeles!", commente un internaute sur une des vidéos, comparant la scène au jeu vidéo Grand Theft Auto.
Des policiers des commissariats de Châteauroux, Orléans et Le Mans ont été appelés en renfort. Deux escadrons de gendarmes mobiles, 50 gendarmes départementaux, un hélicoptère et une antenne du GIGN (groupement d'intervention de la gendarmerie nationale) ont également été dépêchés sur place, selon la gendarmerie.
Le calme est revenu vers 01H00 du matin. Et mercredi matin, quelques véhicules de gendarmes mobiles patrouillaient dans les quartiers nord, sans incident.
Une conférence de presse du procureur et du préfet était prévue à 11H30 à la préfecture.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a suivi la situation de près, selon son entourage.