La Russie, l'Iran et le Hezbollah accusés de manipuler la présidentielle US de 2020

Malgré les tentatives russes et iraniennes pour s'infiltrer dans les réseaux des candidats, aucun pays étranger n'a réussi à manipuler le résultat des élections américaines de 2020, d’après les conclusions des ministères de la Justice et de la Sécurité intérieure. (Photo, AFP)
Malgré les tentatives russes et iraniennes pour s'infiltrer dans les réseaux des candidats, aucun pays étranger n'a réussi à manipuler le résultat des élections américaines de 2020, d’après les conclusions des ministères de la Justice et de la Sécurité intérieure. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 17 mars 2021

La Russie, l'Iran et le Hezbollah accusés de manipuler la présidentielle US de 2020

  • Un rapport d’enquête sur l'ingérence électorale, publié par le Renseignement national, accuse les alliés de Trump d’avoir joué le jeu de Moscou
  • Les agences de renseignement américaines affirment avoir décelé les empreintes de Cuba, du Venezuela et du Hezbollah, intervenir pour influencer les électeurs

WASHINGTON: Le président russe Vladimir Poutine aurait non seulement été informé, il a probablement mené un stratagème russe élaboré en vue de manipuler la campagne présidentielle américaine de 2020 au profit de l'ancien président Donald Trump, et ce avec «des allégations trompeuses ou non fondées» contre son adversaire Joe Biden, ont révélé mardi des responsables du renseignement américain.

Le rapport d’enquête de quinze pages sur l'ingérence électorale a été publié par le bureau du directeur du Renseignement national. Le document accuse les alliés de Trump d’avoir joué le jeu de Moscou en propageant les déclarations de personnalités ukrainiennes pro-russes contre Biden à l'approche des élections du 3 novembre.

Les agences de renseignement américaines ont découvert d'autres tentatives pour influencer les électeurs, notamment à travers une «campagne d'influence secrète pluridimensionnelle» de l'Iran qui tentait d’affaiblir le soutien pour Trump. L’ancien président a retiré les États-Unis d'un accord nucléaire international avec Téhéran et il a imposé de nouvelles sanctions.

Le rapport révèle aussi un mantra véhiculé par les alliés de Trump, et selon lequel la Chine serait intervenue au profit de Biden. Le document conclut que Pékin «n’a pas effectué des tentatives d’ingérence».

«La Chine aspirait à la stabilité dans ses relations avec les États-Unis. Pékin ne considérait aucun des deux résultats des élections comme avantageux au point de risquer graves répercussions s’il est démasqué», a indiqué le rapport.

Les responsables américains affirment avoir décelé les empreintes de Cuba, du Venezuela et du groupe militant libanais, le Hezbollah, intervenir pour influencer les élections, même si «en général, nous estimons que ces efforts étaient de moindre ampleur que celles menés par la Russie et l'Iran».

Les agences de renseignement américaines et l'ancien conseiller spécial Robert Mueller ont déjà conclu que la Russie était aussi intervenue dans les élections américaines de 2016 pour renforcer la candidature de Trump. Une campagne de propagande aurait été déployée afin de nuire à son opposante démocrate, Hillary Clinton.

Des demandes de commentaires adressées aux ambassades de Russie, de Chine et de Cuba à Washington sont restées sans réponse. La mission iranienne auprès des Nations Unies et le ministère vénézuélien de l’information n’ont pu être joints non plus. Moscou, Pékin et Téhéran démentent régulièrement les accusations de cyberespionnage et de complot.

Le document avance que le président russe a «probablement mené» les efforts d'ingérence électorale. À titre d’exemple, Poutine «supervisait les activités d'Andriy Derkach», un député ukrainien proche des services de renseignement russes et qui a joué un rôle de premier plan dans l'effort de sabotage.

«Nous estimons que les dirigeants russes préféraient voir réélire l’ancien président Trump, même si quelques-unes des politiques de son administration sont perçues comme antirusses. Nous accordons une grande confiance à cette analyse», indique le rapport.

Un deuxième homme proche des services de renseignement russes, Konstantin Kilimnik, a aussi joué un rôle clé, selon le rapport. Kilimnik et Derkach se sont rencontrés, et ont donné des documents à des personnes liées à Trump dans le but de déclencher des enquêtes officielles. Derkach a diffusé quatre enregistrements audio dans une tentative d'impliquer Biden dans des affaires de corruption, toujours selon le rapport.

Cette information fait allusion aux conversations citées par des figures de la droite américaine comme preuve que Biden aurait tenté de protéger son fils Hunter d'une enquête en Ukraine.

Kilimnik était un associé de Paul Manafort, président de la campagne de Trump en 2016. L'année dernière, Trump a gracié Manafort qui avait reçu une condamnation pénale à l’issue de l’enquête de Mueller.

Des agents russes ont également tenté de hameçonner les employés de la société énergétique ukrainienne Burisma, «probablement dans le but de recueillir des informations relatives à la famille du président Biden», explique le document. Hunter Biden a siégé dans le passé au conseil d'administration de Burisma.

Comme lors des élections de 2016, l’usine de trolls russe, autrefois connue sous le nom de Internet Research Agency, a disséminé des histoires péjoratives sur les réseaux sociaux au sujet de Biden et des démocrates. La compagnie, qui se plaint de la censure des entreprises technologiques, a également tenté d’exacerber les divisions américaines sur les questions de justice raciale, affirme le document.

 

Des tentatives qui n’ont pas abouti

Malgré ces tentatives russes, chinoise et iraniennes pour s'infiltrer dans les réseaux des candidats, aucun pays étranger n'a réussi à manipuler le résultat des élections américaines de 2020, d’après les conclusions des ministères de la Justice et de la Sécurité intérieure.

«Nous avons identifié plusieurs incidents lors desquels des acteurs liés aux gouvernements russe, chinois ou iranien ont porté atteinte à la sécurité des réseaux d'organisations politiques, de candidats et de partis», disent-il.

«Certains ont rassemblé des informations qu'ils auraient pu publier pour influencer les opérations, mais nous n'avons pas constaté de dissémination, modification ou destruction» de ces données, ajoutent-ils dans ce rapport d'enquête.

Par ailleurs, des «campagnes russes et iraniennes ont ciblé des infrastructures essentielles et compromis la sécurité de réseaux en charge d'opérations électorales», mais elles n'ont pas eu d'impact sur «les votes, le dépouillement ni la transmission des résultats», ajoutent les deux ministères.

Les auteurs du document évoquent ensuite, sans le nommer, les allégations martelées par l'ancien président Donald Trump et ses soutiens pour contester la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle.

"Nous sommes au courant de propos publics, selon lesquels des gouvernements étrangers, dont le Venezuela, Cuba ou la Chine, (...) ont manipulé le dépouillement grâce à leur contrôle d'infrastructures électorales", écrivent-ils. "Les investigations ont montré qu'elles ne sont pas crédibles".

«Nous n'avons aucune preuve (...) qu'un gouvernement ou un acteur étranger ait compromis l'intégrité des élections ou manipulé les résultats des élections», réitèrent-ils.

Après la présidentielle de novembre, Donald Trump s'en était notamment pris aux machines de vote "Dominion", accusées à tort par ses avocats d'avoir appartenu à des proches de l'ex-président vénézuélien Hugo Chavez et de lui avoir «volé» la victoire.

Son propre ministre de la Justice Bill Barr avait assuré en décembre ne pas avoir de preuve "de fraudes", mais le milliardaire a poursuivi sa croisade jusqu'à ce que ses partisans, chauffés à blanc, se lancent à l'assaut du Capitole, le 6 janvier.

Face au tollé, et à la suppression de ses comptes Twitter et Facebook, il s'est résigné à quitter le pouvoir dans la discrétion.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »