Face à la Covid, Macron met à jour son logiciel en vue de 2022

Le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 16 mars 2021

Face à la Covid, Macron met à jour son logiciel en vue de 2022

  • La crise Covid a bouleversé le quinquennat Emmanuel Macron, qui doit, en vue de 2022, concilier ses nouvelles orientations et ses promesses réformatrices initiales
  • Voilà les mannes de l'Etat-providence réhabilitées par un président qui avait professé la rigueur budgétaire à son arrivée à l'Elysée

PARIS: Des accents libéraux du début au « quoi qu'il en coûte », la crise Covid a bouleversé le quinquennat Emmanuel Macron, qui doit, en vue de 2022, concilier ses nouvelles orientations et ses promesses réformatrices initiales.

Comme un virus dans le logiciel : un an après avoir ordonné un confinement historique du territoire, le chef de l'Etat a dû infléchir en profondeur son agenda politique. Peut-être une chance de se « réinventer » pour celui qui n'a jamais su réellement convaincre l'opinion de sa capacité à « protéger » autant que « libérer », selon le mantra de sa campagne de 2017.  

Voilà les mannes de l'Etat-providence réhabilitées par un président qui avait professé la rigueur budgétaire à son arrivée à l'Elysée, tout en enclenchant des mesures polémiques (réforme de l'ISF, baisse annoncée des aides au logement) qui avaient encodé le quinquennat à droite.

Mais « la perception de Macron ‘président des riches’ s'est écroulée » à la faveur de la crise, assure un de ses proches. « Et c'est le 'quoi qu'il en coûte' qui a changé ça », veut croire le même, en référence aux dizaines de milliards d'aides en tout genre injectés pour circonscrire les dégâts économiques et sociaux de la crise.

Désormais au volant d'un plan de relance de 100 milliards, observant du coin de l'œil le compteur de la dette défiler à grande vitesse, Macron s'est également mué en chantre de la souveraineté nationale - et plus seulement européenne comme il le vantait jusqu'ici.

Une manière de renouer avec ses premières amours politiques, pour celui qui vota en 2002 pour le souverainiste de gauche Jean-Pierre Chevènement et a affirmé dans L'Express à Noël que les Français avaient la « volonté farouche, absolue » de « reprendre le contrôle (...) de la France comme nation ».

Masques, vaccins, médicaments... La crise a effectivement projeté une lumière crue sur la dépendance de la France, une faille que Macron ne compte pas laisser à ses concurrents en vue de la prochaine élection présidentielle.

« La crise a ramené le collectif sur le dessus de la pile », analyse le patron de La République en marche Stanislas Guerini. 

« Discours de raison »

« En 2017, la volonté était de donner à chacun les moyens de réussir sa vie », en se focalisant sur l'émancipation individuelle. « Aujourd’hui, la dynamique c’est de prendre en main notre destin collectif et dire où l’on va en tant que nation », poursuit-il.

À un an d'une nouvelle échéance présidentielle, comment Macron va-t-il articuler ce nouvel ‘en même temps’ pour tenir tous les bouts de son électorat, alliant par exemple largesses et sérieux budgétaires, et ce sans choc fiscal ?

« Il y a un discours de raison à porter. Si on n'avait pas fait des efforts ces trois dernières années, on n'aurait pas pu s'endetter par tonneaux », avance ainsi le député LREM Roland Lescure, président de la Commission des affaires économiques, tout en appelant à « un certain nombre de règles, de la discipline sur les dépenses de fonctionnement dans le quinquennat suivant ».

Élu en 2017 sur une promesse de transformation, Macron doit aussi trouver un débouché pour ses grandes réformes (retraites, dépendance, assurance chômage) suspendues ou rabotées par la crise de la Covid et dont on ne sait si elles seront ranimées avant 2022.

La question se pose aussi de la place de l'Europe dans son discours. Marqueur fort de sa campagne 2017, la coopération européenne a montré autant de forces pour établir un plan de relance commun que de limites sur la vaccination. En ce sens, peut-il réellement compter sur la présidence française de l'UE à partir du 1er janvier 2022 pour insuffler une dynamique à sa campagne ?

Enfin, reste la dimension régalienne, sur laquelle Macron peine à être identifié. Un créneau toujours préempté par la droite ou l'extrême droite et pour lequel l'entourage du chef de l'Etat prône « un ressaisissement » à venir, en s'appuyant sur les textes sécuritaires de 2021 qui devraient imprégner l'opinion.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".