TEHERAN: Le ressortissant français dont Paris a confirmé fin février la détention depuis mai 2020 en Iran s'appelle Benjamin Brière et il a comparu devant un tribunal pour des accusations d' « espionnage », a révélé lundi l'avocat Saïd Dehghan.
Me Dehghan, avocat de la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, assignée à résidence à Téhéran, laisse entendre que ce procès, pour « espionnage » mais aussi pour « propagande contre le système » politique de la République islamique, touche à sa fin.
Me Dehghan n'a pu être joint immédiatement pour confirmer, à la suite de son message sur Twitter, qu'il s'occupe effectivement de la défense de Brière.
Le tweet de l'avocat est accompagné de la photo d'un jeune homme barbu sur fond de paysage de montagne aride typique de l'Iran, et une autre montrant ce qui semble être la même personne sautant à côté d'un camping-car arrêté sur un lac salé.
« La plaidoirie en défense de Benjamin Brière pour les deux chefs d'accusation d'espionnage et de propagande contre le système a eu lieu », écrit Me Dehghan.
« Accusation d'espionnage (pour) photographies de zones interdites par ce touriste français », ajoute l'avocat dans un style télégraphique.
Brière est également accusé de « propagande » pour avoir « posé la question (sur les réseaux sociaux) de savoir pourquoi le voile islamique est obligatoire en République islamique (d'Iran) mais facultatif dans d'autres pays musulmans », écrit Me Dehghan.
Le ministère français des Affaires étrangères a confirmé le 24 février la détention d'un Français en Iran, arrêté en mai 2020 et détenu depuis sans explication affirmait à l'époque l'hebdomadaire français Le Point.
Me Dehghan avait alors écrit sur Twitter que ce Français était prénommé Benjamin, sans dévoiler son nom de famille. Il fait face à « des accusations contradictoires et fausses », avait ajouté l'avocat.
Agé de 35 ans, selon Le Point, Brière a été arrêté par les forces de sécurité iraniennes dans une zone désertique située à la frontière entre l'Iran et le Turkménistan. Le quotidien français Le Figaro avait évoqué, sans plus de précision, une arrestation « dans le désert en manipulant un drone ».
Arrestations d'étrangers
Parti effectuer le tour de l'Iran, le jeune homme était détenu fin février à la prison Vakilabad de Machhad, deuxième ville d'Iran, dans le nord-est du pays, selon les informations du Point.
D'après le ministère français des Affaires étrangères, Brière « bénéficie de la protection consulaire », c'est-à-dire la procédure dont bénéficie tout ressortissant français détenu à l'étranger.
Les arrestations d'étrangers en Iran, notamment de binationaux, souvent accusés d'espionnage, se sont multipliées depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien et le rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran.
Au cours des derniers mois, l'Iran a procédé à plusieurs échanges de prisonniers étrangers, notamment des chercheurs, avec des pays détenant des ressortissants iraniens.
Spécialiste du chiisme et de l'Iran post-révolutionnaire à Sciences Po Paris, Adelkhah a été arrêtée début juin 2019 et condamnée à cinq ans de prison pour « collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale » et « propagande contre le système » politique iranien.
La chercheuse, qui rejette toutes ces accusations, a quitté le 3 octobre la prison d'Evine et est assignée depuis à résidence à Téhéran, sous contrôle d'un bracelet électronique.
Le chercheur français Roland Marchal, arrêté en même temps qu’Adelkhah, a été libéré en mars 2020 dans le cadre d'un échange avec un Iranien détenu en France et dont les Etats-Unis réclamaient l'extradition, selon Téhéran.
Selon différents observateurs, le sort de Brière et d’Adelkhah pourrait être lié à celui d'Assadollah Assadi, un diplomate iranien condamné à vingt ans de prison le 4 février en Belgique pour avoir projeté un attentat contre un rassemblement d'opposants au régime de Téhéran en France.
La justice belge a annoncé le 8 mars que Assadi avait fait appel de sa condamnation.