L'OMS à l'épreuve du mystère des origines de la Covid

Le chef de la mission de l’OMS parti en Chine, Peter Ben Embarek (Photo, Christopher Black/World Health Organization/AFP).
Le chef de la mission de l’OMS parti en Chine, Peter Ben Embarek (Photo, Christopher Black/World Health Organization/AFP).
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Publié le Lundi 15 mars 2021

L'OMS à l'épreuve du mystère des origines de la Covid

  • La publication des conclusions des experts de l’OMS est attendue impatiemment
  • Les experts internationaux sont maintenant rentrés de Chine depuis plus d'un mois et la tension devient palpable

GENEVE: Le virus responsable de la pandémie est passé à l'homme il y a plus d'un an, mais comment ? Les experts de l'OMS n'auront qu'un début de réponse dans leur rapport sur fond d'intenses pressions de Pékin et Washington.

Fruit d'une collaboration entre les spécialistes mandatés par l'Organisation mondiale de la santé et des experts chinois, la publication de leurs conclusions - a priori en milieu de semaine - est attendue impatiemment.

Autorisés à mener l'enquête sur le terrain seulement un an après le début de l'épidémie par les autorités chinoises, les experts internationaux sont maintenant rentrés depuis plus d'un mois et la tension devient palpable.

Ce d'autant que le projet de publication d'un rapport préliminaire fin février a été abandonné sans véritable explication de l'OMS.

Dans l'attente du rapport final, diplomates américains et chinois ont multiplié les prises de parole, les uns réclamant plus de « transparence », les autres assurant que les experts de l'OMS ont pu mener à bien leur travail grâce à la « coopération scientifique » de Pékin.

Mais connaîtra-t-on jamais l'origine de la Covid-19, qui a fait plus de 2,6 millions de morts depuis qu'il a été signalé pour la première fois fin décembre 2019 à Wuhan, une métropole géante de 11 millions d'habitants au centre de la Chine ?

Après un séjour de quatre semaines sur place, dont deux de quarantaine dans un hôtel, l'enquête de la douzaine d'experts internationaux reconnus par leur pairs dans leur diverses spécialités et mandatés par l'OMS s'est achevée sans conclusions définitives.

Le 9 février à Wuhan, lors d'une conférence de presse de plusieurs heures, les experts s'étaient cantonnés à émettre les hypothèses, selon eux, les plus plausibles et en ont écarté d'autres. 

Des incertitudes qui ont nourri des doutes sur l'accès à toutes les données et tous les sites ou sur l'indépendance de la mission face aux autorités de Pékin.

Les responsables de l'OMS avaient pourtant martelé le message, avant le départ des spécialistes en Chine : il faut habituellement des années pour espérer découvrir l'origine exacte d'une épidémie. 

Politiques et scientifiques n'ont toutefois pas la même notion du temps.

Alors que les premiers réclament des réponses immédiates pour répondre aux inquiétudes des populations, le zoologue britannique Peter Daszak, membre de la mission, a assuré le 10 mars : « Nous allons découvrir assez rapidement, au cours des prochaines années, que nous disposons de données significatives sur l'origine » de la pandémie.

Des milliers d'échantillons

Les experts pensent que le SARS-CoV-2, le nouveau coronavirus qui donne la Covid-19, est hébergé à l'origine par des chauves-souris et jugent la piste d'une transmission du coronavirus par un animal intermédiaire - un furet-blaireau, un lapin ou autre – « comme la plus probable ».

Reste que les prélèvement faits sur des dizaines de milliers d'échantillons d'animaux sauvages, domestiques et d'élevage n'ont révélé aucune trace du SARS-CoV-2.

Les experts ne savent pas non plus où exactement et quand précisément la pandémie a commencé, même si aucun foyer d'importance n'a été signalé à Wuhan ou ailleurs avant décembre 2019.

Ils n'ont par ailleurs pas écarté celle d'une transmission par de la viande surgelée. Une piste privilégiée par Pékin.

Cette hypothèse est jugée « tout à fait valable », selon la virologue néerlandaise Marion Koopmans, membre de la mission, selon qui l'OMS a mené des expériences probantes sur des poissons congelés pendant trois semaines. D'autres scientifiques estiment que c'est au contraire fort peu probable.

A Wuhan, les experts avaient en revanche sembler exclure l'hypothèse que le virus ait pu s'échapper de l'institut de virologie de Wuhan, comme l'administration Trump l'affirmait.

Mais le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait par la suite rectifié le tir en affirmant que « toutes les hypothèses » restaient sur la table, et promis la transparence sur l'enquête, face aux suspicions qui continuent de planer sur la mission.

L'OMS joue gros

Délaissée par l'administration de Donald Trump, qui l'accusait d'être trop conciliante avec la Chine, l'OMS a obtenu le soutien de son successeur, Joe Biden.

Mais si le nouveau président démocrate a changé de ton à l'égard de l'organisation, les Etats-Unis ont toujours « de fortes inquiétudes » sur l'enquête de l'OMS, et ont demandé à Pékin de fournir plus d'informations.

La pression ne vient pas que de Washington.

L'ambassadeur européen auprès de l'ONU à Genève, Walter Stevens, a aussi récemment demandé que ce rapport soit « totalement transparent et réponde aux questions que nous nous posons tous ».

Et dans une lettre ouverte, 24 chercheurs internationaux ont appelé à une nouvelle enquête, indépendante et plus approfondie, dénonçant des « limitations structurelles » imposées aux travaux des experts de l'OMS au moment de leur visite en Chine.

Les experts de l'OMS ont assuré avoir obtenu accès à tous les sites et les personnes qu'ils ont souhaité, mais le chef de l'équipe de l'OMS, Peter Ben Embarek, a demandé « plus de données » pour aller plus loin dans l'enquête.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.