Birmanie: Aung San Suu Kyi devant la justice après un dimanche de répression meurtrière

L'image de l’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, projetée par les manifestants à Rangoun le 13 mars (Photo, AFP).
L'image de l’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, projetée par les manifestants à Rangoun le 13 mars (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 15 mars 2021

Birmanie: Aung San Suu Kyi devant la justice après un dimanche de répression meurtrière

  • L'ONG comptabilise plus de 2 100 arrestations depuis le putsch du 1er février, dont la prix Nobel de la paix 1991, toujours tenue au secret
  • Aung San Suu Kyi est poursuivie pour au moins quatre chefs d'accusation : importation illégale de talkies-walkies, non respect des restrictions liées au coronavirus, violation d'une loi sur les télécommunications et incitation aux troubles publics

RANGOUN: L'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, accusée de multiples infractions par la junte, comparaît lundi devant la justice au lendemain d'une des journées de répression les plus meurtrières depuis le coup d'Etat.

Plus de 2 100 arrestations depuis le putsch du 1er février, dont la prix Nobel de la paix 1991, toujours tenue au secret, ont été comptabilisées par une ONG.

Elle va comparaître en vidéoconférence dans la matinée, a indiqué son avocat Khin Maung Zaw.

Au moins 38 manifestants pro-démocratie ont été tués dimanche par les forces de sécurité, d'après l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

L'ex-dirigeante de 75 ans est poursuivie pour au moins quatre chefs d'accusation : importation illégale de talkies-walkies, non respect des restrictions liées au coronavirus, violation d'une loi sur les télécommunications et incitation aux troubles publics.

La junte l'accuse aussi de corruption en affirmant qu'elle a perçu 600 000 dollars et plus de 11 kilos d'or de pots-de-vin.

Aung San Suu Kyi, 75 ans, semblait en bonne santé le 1er mars lors de la dernière audience en visioconférence, selon Khin Maung Zaw, qui n'a toujours pas été autorisé à rencontrer sa cliente.

« Crimes contre l'humanité »

Après six semaines de manifestations pro-démocratie, les généraux poursuivent sans relâche leur répression : plus de 120 manifestants ont été tués depuis le 1er février, selon l'AAPP.

Meurtres, persécutions, disparitions forcées, tortures : le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a dénoncé de probables « crimes contre l"humanité » commis par l'armée.

« Les dirigeants de la junte ne doivent pas être au pouvoir, mais derrière les barreaux », a tweeté lundi Tom Andrews, rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie, appelant à stopper immédiatement l' « approvisionnement en argent et en armes » des militaires.

Dimanche, les événements ont été particulièrement tendus à Hlaing Tharyar, une banlieue industrielle de Rangoun qui abrite de nombreuses usines textiles, avec 22 personnes tuées.

Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants après l'incendie de plusieurs usines chinoises, l'ambassade de Chine demandant aux autorités de « garantir la sécurité » de ses entreprises et de son personnel.

Alors que des panaches de fumée s'élevaient de la zone industrielle, de nombreux véhicules militaires ont été déployés et des tirs ont été entendus en continu par les habitants cachés dans les maisons.

Personne n'a revendiqué les incendies, mais le ressentiment anti-chinois s'est intensifié ces dernières semaines dans le pays, certains estimant que Pékin, grand investisseur en Birmanie, a une position trop douce vis-à-vis des généraux putschistes.

A la suite de ces affrontements, la junte a décrété la loi martiale dans deux communes de l'agglomération de Rangoun, Hlaing Tharyar et Shwepyitha.

Toute personne arrêtée dans ces banlieues sera jugée par un tribunal militaire et encourra une peine minimale de trois ans de travaux forcés.

Seize autres manifestants ont péri dimanche dans diverses régions du pays, les médias d'Etat indiquant que des protestataires avaient tenté d'incendier un poste de police à Rangoun, ce qui avait amené les forces de sécurité à ouvrir le feu pour les disperser.

Un policier a été tué à Bago, au nord-est de la capitale économique.

L'envoyée de l'ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a fermement condamné cette nouvelle effusion de sang, tandis que l'ancienne puissance coloniale britannique s'est dite « consternée » par l'usage de la force « contre des innocents ».

Mais la junte fait pour l'instant la sourde oreille aux condamnations internationales.

Résistance

Beaucoup de responsables de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) ont été emprisonnés depuis le coup d'Etat, dont deux sont morts en détention. 

Mais certains députés, passés à la clandestinité pour la plupart, ont crée un Comité pour représenter l'Assemblée de l'Union (CPRH), censé représenter le parlement fantôme.

Son vice-président, Mahn Win Khaing Than, a lancé ce week-end un vibrant appel à la résistance contre cette « dictature injuste ». « C'est le moment le plus sombre de la nation (mais) il faut que le soulèvement l'emporte », a-t-il déclaré.

La junte a pour sa part averti que l'appartenance à ce comité s'apparentait à une « haute trahison », passible d'une peine de 22 ans de prison.

Le passage en force des généraux, alléguant de vastes fraudes électorales aux législatives de novembre massivement remportées par la LND, a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.