AMMAN: Des députés et des manifestants jordaniens ont réclamé la démission du gouvernement après la mort d'au moins sept patients atteints de coronavirus (COVID-19) dans un hôpital en pénurie d'oxygène.
La chambre basse du parlement du royaume a convoqué dimanche une session de surveillance d’urgence en réponse à la tragédie médicale au Al-Hussein New Salt Hospital, dans le gouvernorat de Balqa, au nord-ouest d’Amman. Les législateurs incriminent le gouvernement pour sa mauvaise gestion de la pandémie responsable des décès.
D'autres députés sont allés plus loin et ont signé une pétition exigeant un vote de défiance envers le gouvernement du Premier ministre Bishr Al-Khasawneh, invoquant son incapacité à résoudre les problèmes des citoyens.
Dans leur pétition, dont une copie a été remise à Arab News, les signataires ont tenu le gouvernement responsable de la « catastrophe de l'hôpital de Salt et de la perte tragique de vies innocentes ».
Seuls quelques législateurs ont signé la pétition, mais des sources parlementaires déclarent à Arab News que des consultations sont en cours pour inclure davantage de députés et « accélérer la démarche ».
La chambre des députés a également formé un comité d'enquête pour examiner la pénurie fatale d'oxygène à l'hôpital.
D'autres députés se sont montrés plus frileux, affirmant qu'ils attendaient la conclusion de l'enquête sur l'incident pour faire part de leur décision.
Cependant, un groupe de députés s’est engagé à appuyer les mesures du gouvernement, certains plébiscitant la position du Premier ministre qui assumé la responsabilité de la tragédie.
Le directeur de l’hôpital et quatre autres fonctionnaires ont par ailleurs été arrêtés dimanche.
Des citoyens de tout le royaume sont descendus dans la rue samedi soir au mépris du couvre-feu pour protester contre ce qu'ils ont qualifié de « négligence médicale et administrative». Les manifestants à Salt, Madaba et Zarqa ont scandé des slogans exigeant le départ du gouvernement.
«Ce qui s'est passé est une erreur énorme et flagrante, injustifiée et intolérable. Nous n’acceptons la mort d’aucun Jordanien », a déclaré Al-Khasawneh lors d'une conférence de presse samedi. « Le gouvernement assume seul l'entière responsabilité de ce qui s'est passé.»
Assumant « l’entière responsabilité morale » de la tragédie médicale, le ministre de la Santé Nazir Obeidat précise avoir remis sa démission au Premier ministre immédiatement après sa visite à l'hôpital samedi.
Le porte-parole du gouvernement déclare néanmoins que la démission du ministre fait suite aux directives royales adressées à Al-Khasawneh qui a indiqué lors de la conférence de presse qu'il avait accepté la démission d'Obeidat et avait affecté le ministre de l'Intérieur Mazen Faraya à ce poste.
M. Obeidat, qui a déclaré samedi que la quantité d’oxygène disponible de l'hôpital s’était épuisée entre 6 et 7 heures du matin, a été convoqué par le procureur de Salt conformément à l'enquête judiciaire sur l'incident.
Le procureur général d'Amman, Hassan Abdallat, a déclaré samedi que cinq fonctionnaires du New Salt Hospital avaient été détenus pendant une semaine dans un centre correctionnel et de réadaptation pour sept chefs d'accusation de mort par association. Il a précisé dimanche que le chef des services de santé de la province de Balqaa et le fournisseur d'oxygène avaient également été convoqués pour enquête.
Participant à la session de la chambre basse de dimanche, M. Faraya a souligné que le département de la sécurité publique avait reçu une notification de pénurie d'oxygène «exactement à 7h12» dans l'hôpital public de Salt, ajoutant que l'oxygène avait été commandé à 7h30 au fournisseur et que les réserves étaient arrivées vers 9h30, entraînant plusieurs décès peu de temps après.
«Six patients au total sont décédés directement d'un manque d'oxygène et deux autres victimes décédées du coronavirus», ajoute M. Faraya, un général de l'armée à la retraite et ancien président du Centre national pour la sécurité et la gestion des crises en charge de la pandémie de coronavirus.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.