AL-BOU DOR: Des centaines de personnes ont enterré samedi huit Irakiens tués par des jihadistes qui les accusaient de renseigner le Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires désormais intégrée à l'Etat, au nord de Bagdad, a constaté un correspondant.
Six membres d'une même famille, parmi lesquels deux femmes, ainsi qu'un avocat et un policier du voisinage, ont été tués vendredi dans une attaque revendiquée 24 heures plus tard par l'agence de propagande de l'organisation de l'Etat islamique (EI).
Des témoins ont expliqué que des hommes vêtus en habits militaires s'étaient présentés dans les trois maisons visées avant d'abattre les huit victimes.
Le commandement militaire irakien a expliqué avoir déterminé que les assaillants avaient agi sous les ordres d'un habitant du village d'Al-Bou Dor, chassé par ses voisins qui l'accusaient d'appartenir à l'EI.
« Il est revenu se venger », affirme le communiqué du commandement militaire.
Dans un communiqué publié en ligne, l'EI a de son côté accusé les victimes d'être « des espions du Hachd al-Chaabi ».
Le Hachd, composé principalement de paramilitaires chiites pro-Iran, a été intégré aux troupes irakiennes à l'issue de la guerre pour bouter les jihadistes (sunnites) hors d'Irak. L'EI a ravagé les provinces sunnites du pays de 2014 à 2017, parmi lesquelles Salaheddine où se trouve Al-Bou Dor.
« Les victimes étaient des gens simples et sans histoire », a assuré le cheikh Ayed al-Abassi, chef de la tribu locale, dénonçant une « attaque dont les motifs restent incompréhensibles ».
Cette attaque est la première menée par des jihadistes depuis la visite du pape François il y a une semaine, la première d'un souverain pontife de l'histoire en Irak.
Fin 2017, l'Irak a annoncé sa « victoire » face à l'EI. Les attaques jihadistes dans les villes ont considérablement diminué depuis, mais les troupes irakiennes continuent de combattre des cellules dormantes dans les zones montagneuses et désertiques.
Régulièrement, des jihadistes parviennent à tuer, principalement des militaires mais aussi des civils, lors d'attaques perpétrées généralement de nuit et dans des zones reculées.