PARIS: « J'ai tenté le coup et je suis là! »: des Parisiens profitent des premières doses d'AstraZeneca arrivées en pharmacie, trouvant »bien pratique » de se faire vacciner contre la Covid-19 « près de chez soi » par quelqu'un avec qui on a « un contact agréable ».
« Avant, ça me paraissait tellement compliqué de téléphoner, de m'inscrire dans un endroit bizarre ou très loin de chez moi... Chez le pharmacien, c'est plus confortable », explique Maria, peu après avoir reçu sa première injection.
« Je dois attendre 15 minutes pour voir s'il ne me pousse pas un troisième bras. Je rigole mais je ne suis pas tellement rassurée », avoue l'octogénaire, qui a pu bénéficier de ce vaccin désormais également accessible aux plus de 75 ans.
Tout comme Chantal et Serge, également candidats à la vaccination en ce vendredi matin, Maria n'avait pas cherché à obtenir un rendez-vous dans un centre ou chez un médecin.
« J'aime pas les vaccins et je prends le moins de médicaments possible. J'avais l'espoir que la Covid s'en aille, mais il n'a pas l'air de se laisser convaincre », explique la retraitée. Serge et Chantal, septuagénaires, pensaient eux que « ça n'était pas trop urgent malgré leurs petites pathologies ». Tous se sont inscrits «en venant pour autre chose ».
Les pharmaciens sont autorisés à prescrire et injecter les vaccins contre la Covid-19 depuis la parution du décret au Journal officiel vendredi dernier. Mais en cette fin de semaine, seules les officines « se situant dans les départements sous surveillance » disposent de doses. 67 000 au total selon le ministère de la santé. « J'ai eu le nez fin », se réjouit Serge.
Les autres pharmacies devront attendre la semaine prochaine et l'arrivée des 36 100 flacons qu'elles ont d'ores et déjà commandés. Elles seront alors un peu plus de 18 400 officines, sur les quelque 21 000 que compte le pays, à participer à la couverture vaccinale. « Plus il y aura de monde, plus ça ira vite », fait valoir Chantal.
« Nous avons pour l'instant une petite soixantaine de personnes sur notre liste d'attente », explique Yorick Berger, pharmacien de cet établissement du XIIIe arrondissement. A sa disposition aujourd'hui: trois flacons, « de quoi vacciner 30 ou 33 patients ». Et « normalement », quatre autres la semaine prochaine.
« On n'a pas le choix »
Dans la vaste pharmacie aux murs de verre, les patients n'ont pas besoin de passer plus de cinq minutes dans la petite pièce dédiée à la vaccination, recommandations sur les éventuels effets secondaires compris.
« Techniquement, maintenant, on peut vacciner tout le monde mais nous allons agir selon les priorités et vacciner les personnes qui en ont le plus besoin », indique Yorick Berger, également secrétaire général de la Chambre des pharmaciens de Paris.
Les officines ne disposent pour l'instant que de l'AstraZeneca, dont l'utilisation vient d'être suspendue provisoirement et par précaution par plusieurs pays européens en raison de troubles de la coagulation, sans aucun lien établi avec l'injection.
Cette annonce, survenue hier, a engendré « un petit recul » chez le couple de septuagénaires. « Mais on n'a pas le choix », note Chantal, « il faut bien l'éradiquer, ce virus ». « Le chasser, le bouter de France et de Navarre », complète son mari.
Tous se sont mis à rêver de choses simples: câliner leurs petits-enfants, aller en cure thermale, au cinéma, voir des visages en entier.