ALGER : Le journaliste algérien Saïd Boudour va recouvrer la liberté après avoir été condamné mercredi soir à une peine de prison avec sursis par un tribunal d'Oran (nord-ouest), selon son avocat et une association de soutien aux détenus d'opinion.
M. Boudour, journaliste et militant de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme emprisonné depuis le 1er mars, s'est vu infliger deux mois de prison avec sursis pour « outrage à corps constitué ».
Il doit quitter la prison dans les prochaines heures, a précisé le Comité national de libération des détenus (CNLD).
Son co-accusé, le lanceur d'alerte Noureddine Tounsi, a écopé de la même peine avec sursis mais il reste en détention pour purger une condamnation à six mois de prison dans une affaire distincte.
Leur procès s'était ouvert en fin d'après-midi par visioconférence devant un tribunal oranais.
Saïd Boudour et Noureddine Tounsi avaient été condamnés en novembre par contumace à un an de prison. Un jugement auquel ils avaient fait opposition, ce qui avait entraîné la tenue de ce nouveau procès.
Le parquet avait requis mercredi six mois de prison à leur encontre après que le président du tribunal oranais avait refusé la demande de la partie civile de reporter le procès, a précisé le CNLD.
Prévu à l'origine mardi, le procès avait été repoussé d'une journée car le mercredi est le seul jour où sont organisés des procès par vidéoconférence dans ce tribunal. La demande de jugement en présentiel émise par les avocats n'avait pas été acceptée.
Plusieurs journalistes ont été condamnés ces derniers mois par la justice algérienne, dont Khaled Drareni, correspondant de TV5 Monde et de Reporters sans frontières (RSF) en Algérie.
L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF, dégringolant de 27 places par rapport à 2015.
Confronté à une reprise de la contestation populaire dans la rue, le régime manie la carotte et le bâton : il a libéré en février une soixantaine de militants du mouvement pro-démocratie du Hirak, dont plusieurs personnalités, mais certains tribunaux continuent d'avoir la main lourde contre des opposants.