BRUXELLES: L'envoyé américain pour le climat John Kerry, a plaidé mardi à Bruxelles pour une coopération « renforcée » entre son pays et l'Union européenne dans la lutte contre le changement climatique, un nouveau signe de détente transatlantique après les années Trump.
« Nous affrontons une crise inédite », a rappelé l'ancien secrétaire d'Etat. La lutte contre le changement climatique a été élevée au rang de priorité par le président Joe Biden, qui a fait revenir Washington dans l'accord de Paris, près de quatre ans après l'annonce par Donald Trump du retrait de son pays.
« Je viens ici pour renouveler le dialogue avec nos amis en Europe à propos de notre coopération sur le climat, qui a été extraordinaire dans la préparation de (l'accord de) Paris. Elle devra être encore renforcée », a déclaré le responsable démocrate, qui effectue sa première visite à Bruxelles depuis l'entrée en fonction de la nouvelle administration.
Mais la crise climatique représente aussi une opportunité pour de nouveaux produits, de nouvelles technologies, a souligné M. Kerry. « Nous n'avons pas de meilleurs partenaires que nos amis ici en Europe et dans l'UE. Il est important que nous nous alignions l'un sur l'autre », a-t-il poursuivi dans une déclaration aux côtés du vice-président de la Commission chargé du climat, Frans Timmermans.
« C'est le moment » pour agir, a exhorté l'Américain, estimant que la conférence de l'ONU sur le climat prévue en novembre à Glasgow (Ecosse) pour le suivi de l'accord de Paris était « la dernière meilleure opportunité que nous ayons ».
« Un bon ami de retour »
Avant Glasgow, Joe Biden a prévu de tenir un autre sommet sur le climat le 22 avril, au cours duquel les Etats-Unis devraient annoncer de nouveaux objectifs de réduction des émissions. Le président américain s'est engagé à une neutralité carbone dans le secteur énergétique américain d'ici 2035, et dans l'ensemble de l'économie d'ici 2050.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est réjouie « de voir un bon ami de retour » à Bruxelles.
Elle s'est félicitée que la première économie du monde ait réintégré l'accord signé en 2015 à Paris, visant à limiter le réchauffement en dessous de 2°C, et 1,5°C si possible, par rapport aux niveaux antérieurs à la révolution industrielle.
« Vous avoir à nos côtés, en tant qu'amis et alliés, est d'une importance énorme pour nous », a dit Mme von der Leyen, qui a fait du Pacte vert l'une des priorités de sa présidence.
Les 27 pays de l'UE se sont mis d'accord en décembre pour relever leur objectif de réduction de gaz à effet de serre, en visant une baisse nette des émissions d'« au moins 55% » d'ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, contre -40% précédemment, afin d'atteindre en 2050 la neutralité carbone.
Frans Timmermans a promis que l'UE et les Etats-Unis allaient « travailler main dans la main pour faire de Glasgow un succès ». « Je suis convaincu que quand les Etats-Unis et l'Europe travaillent ensemble, nous pouvons déplacer des montagnes et garantir un climat dans lequel nos enfants et petits-enfants pourront vivre », a-t-il ajouté.
Pour Jennifer Tollmann, du think tank E3G, Bruxelles et Washington « peuvent devenir le nouveau moteur de l'action mondiale en faveur du climat, mais seulement si chacun agit dans le même sens ». « S'aligner sur les questions clés en matière de climat peut encourager les autres grands émetteurs à en faire davantage », a-t-elle dit.
« La coopération sur la crise climatique devrait être un pilier central de la relation renforcée entre l'UE et les États-Unis », a aussi estimé Brendan Guy, de l'ONG Conseil de défense des ressources naturelles (NRDC), appelant les États-Unis à « donner un exemple fort de leur propre ambition en annonçant un nouvel objectif d'émissions pour 2030 ».