Oum, «La Voix des femmes»

Oum se produit avec l'Opéra français de Paris lors de la première édition du «Festival solaire» le 18 octobre 2014 à Ouarzazate. PHOTO AFP / FADEL SENNA
Oum se produit avec l'Opéra français de Paris lors de la première édition du «Festival solaire» le 18 octobre 2014 à Ouarzazate. PHOTO AFP / FADEL SENNA
La chanteuse marocaine Oum se produit pendant le festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
La chanteuse marocaine Oum se produit pendant le festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
La chanteuse marocaine Oum (à gauche) et la chanteuse malienne Fadimata Walett Oumar se produisent pendant le festival de musique de Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
La chanteuse marocaine Oum (à gauche) et la chanteuse malienne Fadimata Walett Oumar se produisent pendant le festival de musique de Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
Oum applaudit lors du festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 9 novembre 2012. AFP
Oum applaudit lors du festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 9 novembre 2012. AFP
Oum (g) est accompagnée par un Gnawa lors de la neuvième édition du festival Gnawa et musiques du monde d'Essaouira sur la côte sud de l'Atlantique le 25 juin 2006. ABDELHAK SENNA / AFP
Oum (g) est accompagnée par un Gnawa lors de la neuvième édition du festival Gnawa et musiques du monde d'Essaouira sur la côte sud de l'Atlantique le 25 juin 2006. ABDELHAK SENNA / AFP
La chanteuse marocaine Oum se produit pendant le festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
La chanteuse marocaine Oum se produit pendant le festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
Oum El Ghait Bennesahraoui, plus connue sous le nom «Oum» est l’une des chanteuses les plus populaires au Maroc. (DR)
Oum El Ghait Bennesahraoui, plus connue sous le nom «Oum» est l’une des chanteuses les plus populaires au Maroc. (DR)
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Publié le Vendredi 28 octobre 2022

Oum, «La Voix des femmes»

  • Si Oum affiche ses origines avec fierté partout où elle se rend, elle ne perd pas une occasion de mettre également en avant ses compatriotes féminines
  • « Je ne peux pas décrire la femme marocaine étroitement ou rapidement… C’est une histoire vivante, qui s’est exprimée, qui s’est tue aussi, et qui je l’espère s’exprimera davantage avec les jeunes femmes d’aujourd’hui »

CASABLANCA: Oum El Ghait Bennesahraoui, plus connue sous le nom «Oum» est l’une des chanteuses les plus populaires au Maroc. Véritable ambassadrice de la culture marocaine, l’artiste née en 1978, à Casablanca, a toujours mis en avant ses origines, notamment, au service de son art.

Entre World Music, soul, sonorités hassanie [culture du sud du royaume chérifien] et gnawi, hip hop… Ses cinq albums, tous différents, reflètent ses influences, la diversité musicale de son pays, ou encore ses engagements. Et pour cause, depuis ses débuts, celle dont le prénom signifie «mère», n’hésite pas à défendre ses idées à travers sa musique.

C’est dans ce sens qu’en 2012 elle met en exergue la question de l’immigration clandestine dans Harguin. Un titre qu’Oum enregistrera en featuring avec le rappeur ghanéen Blitz the Ambassador. Cette même année, elle sera invitée dans la capitale française par l’Unesco. Elle chantera à l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, une date que la chanteuse marocaine ne célèbre pas forcément. «C’est une journée qui est certainement symbolique. Je ne sais pas trop quoi penser de la journée du 8 mars, ce n’est pas un cadeau pour les femmes, c’est juste un rappel pour les autres. Mais c’est assez perturbant comme concept. En effet, j’ai donné un concert à l’Unesco et puis on m’a déjà invitée pour des concerts dans le cadre de la journée du 8 mars mais plus ça va, étant une femme et voyant comment les droits des femmes sont bafoués, et moins j’en fais une fête», a-t-elle déclaré.

Histoire de femmes

D’ailleurs, dans son album Zarabi – «tapis» dans la langue de Molière –, la chanteuse rend hommage aux tisseuses marocaines, originaires de M’hamid El Ghizlane. Une commune rurale située aux portes du Sahara marocain, qui abrite deux festivals internationaux. Des rendez-vous dont Oum est une grande habituée.

Ainsi, depuis toujours, cette mère de famille est très admirative de ces femmes, entre autres amazigh. Elle les considère comme des battantes, des femmes fortes qui l’ont inspirée. «Il ne faut pas oublier que dans notre pays et sur notre continent, une culture matriarcale a existé, qui est antéislamique. C’est de cela que j’aime aussi me rappeler… Voir ces femmes fortes venues d’Afrique, qui étaient aussi des esclaves, même du temps de nos arrière-grands-parents et de nos grands-parents…

Quand ma mère était petite, il y avait des khadem («servantes») autour d’eux, qui racontaient qu’elles étaient venues dans des sacs de pommes de terre à Marrakech et à Fès, dans les grandes maisons, elles ne parlaient pas encore l’arabe. Ces femmes exemplaires ont élevé ma mère, ses contemporains et contemporaines, des petites filles et des petits garçons. Et j’ai eu moi-même une dada («nourrice»). C’est ce type de femmes marocaines que j’ai envie de voir. Mais évidemment, il y a un fossé assez important entre elles et moi, mais le pont entre nous l’est aussi.»

Marocaines plurielles

Si Oum affiche ses origines avec fierté partout où elle se rend, elle ne perd pas une occasion de mettre également en avant ses compatriotes féminines. Celle qui a grandi à Marrakech se dit chanceuse de pouvoir vivre, travailler, se vêtir et se comporter comme elle l’entend. Elle regrette, cependant, que de nombreuses Marocaines ne puissent le faire. Car, pour elle, au Maroc comme ailleurs, «certaines femmes sont plus ou moins libres ou ne le sont pas du tout, d’autres sont battues…». Il est, de surcroît, selon l’artiste, difficile de donner une seule définition de la femme marocaine.

«Je ne peux pas décrire la femme marocaine étroitement ou rapidement… C’est une histoire vivante, qui s’est exprimée, qui s’est tue aussi, et qui je l’espère s’exprimera davantage avec les jeunes femmes d’aujourd’hui – qu’elles soient artistes ou non – qui prennent la parole, qui font les choses autrement, qui osent et sont courageuses. Elles me plaisent, je suis fière d’elles», se réjouit l’artiste.

Des femmes qui disposent de plus de droits depuis la réforme du code de la famille (Moudawana), adoptée au Maroc en 2004. Un pas qui a permis à ces citoyennes, d’avoir, elles aussi, leur mot à dire sur les questions du quotidien et durant certaines étapes cruciales de leur existence. C’est le cas concernant l’âge du mariage, le divorce ou encore la polygamie, car la Moudawana octroie plus d’équité. Pour Oum, le texte de loi a en quelque sorte participé à une prise de conscience chez certaines femmes. Pourtant, s’il définit noir sur blanc le principe d’égalité des genres, dans plusieurs domaines, en pratique, de nombreux comportements préjudiciables persistent.

«Il y a toujours des hommes qui prennent une seconde femme sans rien demander à la première et autres exemples du même genre. Je pense que la Moudawana a changé quelque chose – peut-être –, mais ce sont surtout les mentalités qu’il faut changer. Il faut éduquer les filles et les garçons. Et c’est aussi le travail des mamans et la responsabilité des femmes. Il faut que l’on sache éduquer nos garçons, nous les mères», conseille-t-elle.

Dans son dernier album Daba, la chanteuse à la voix de velours fait encore une fois un clin d’œil aux femmes à travers Kemmy. Un titre qui signifie «toi» au féminin, en berbère. Oum l’a d’abord écrit en arabe avant de le traduire en dialecte tamazight. Une langue qu’elle décrit comme celle des femmes fortes.

«Kemmy s’adresse à celles qui vivent des situations qu'elles n'ont pas choisies, pour ne pas dire toutes. La femme a toujours subi et chez nous, elle n'a pratiquement jamais été complétement libre. Il faut toujours un garçon près d'elle pour justifier sa présence, ses décisions et ses choix. D'abord un père puis un frère, ou les deux, ensuite un mari, et même après cela un fils, que ce soit dans la loi ou dans la société. La chanson s’adresse aussi aux mères célibataires, ces mères qui ne sont pas libres dans leur corps et qui vivent une impasse… C’est une chanson pour dire: “J'entends ton silence, je vois ta patience, tu n'es pas seule”», confie la quadragénaire.

Enfin, même dans sa façon de s'habiller, Oum reflète ses envies de liberté. C’est d'ailleurs le cas lorsqu’elle porte l’habit traditionnel du sud du royaume, la Mlehfa. Ce vêtement traditionnel l’a toujours inspirée, car il regorge de symboliques. Celles de l’africanité ou encore de la femme du désert, qu'elle décrit comme une femme libre. À l'image de ce tissu qui ne subit pas de couture et représente, selon elle, la liberté de ne jamais être figé dans quelque chose.

 


Ouverture du Grand Musée égyptien : le monde réuni au Caire pour son inauguration

Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
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  • Le Grand Musée Égyptien, plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation, expose plus de 57 000 artefacts, dont la collection complète de Toutankhamon
  • Inauguré par Abdel Fattah Al-Sissi, l’événement a rassemblé des dirigeants mondiaux et marque un nouveau chapitre culturel et historique pour l’Égypte

LE CAIRE : Le Grand Musée Égyptien — le plus grand musée archéologique au monde dédié à une seule civilisation — a officiellement ouvert ses portes.

L’événement d’inauguration a réuni de nombreuses personnalités internationales, parmi lesquelles le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le roi Philippe de Belgique et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Les hauts responsables arabes présents étaient menés par le ministre saoudien de la Culture, le prince Badr ben Abdallah, accompagné du prince héritier Theyazin d’Oman et du président palestinien Mahmoud Abbas.

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a inauguré ce musée tant attendu, vitrine d’un milliard de dollars dédiée aux trésors pharaoniques, affirmant que son ouverture marquait « un nouveau chapitre de l’histoire » pour le pays.

« Aujourd’hui, alors que nous célébrons ensemble l’ouverture du Grand Musée Égyptien, nous écrivons un nouveau chapitre de l’histoire du présent et de l’avenir de cette patrie millénaire », a déclaré Al-Sissi devant un parterre de princes, reines, chefs d’État et autres dignitaires réunis sur l’esplanade du musée.

Le spectacle fastueux de samedi a illuminé à la fois les pyramides et la façade monumentale du musée, avec de grandes mises en scène musicales et des performances conjointes entre Le Caire et Tokyo, Paris et New York.

Situé à environ deux kilomètres des pyramides de Gizeh, le site s’étend sur 490 000 m². Son design, signé par le cabinet irlandais Heneghan Peng Architects, mêle modernité et histoire.

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Le site, situé à environ 2 kilomètres des pyramides de Gizeh, couvre une superficie totale de 490 000 mètres carrés. (Fourni)

Le musée est le fruit de l’initiative de l’ancien ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosny, qui proposa l’idée en 1992. La construction débuta en 2005, mais fut interrompue trois ans durant les troubles politiques qui suivirent la révolution de 2011.

Le projet a néanmoins surmonté de nombreux défis — bouleversements politiques et pandémie mondiale — qui ont retardé son ouverture à quatre reprises.

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Le Grand Musée égyptien de Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale, Le Caire. (Fourni)

« Dire que le Grand Musée Égyptien est un cadeau de l’Égypte au monde n’est pas une exagération, car l’héritage de la civilisation égyptienne ancienne constitue un patrimoine universel », a déclaré le Premier ministre égyptien, Mostafa Madbouly.

Cet héritage sera présenté sur 40 000 m² d’espaces d’exposition, dont 7 500 m² consacrés aux trésors du roi Toutankhamon, tous découverts dans sa tombe sur la rive ouest de Louxor en 1922 par l’archéologue britannique Howard Carter.

Le musée abrite plus de 57 000 artefacts répartis entre les galeries de Toutankhamon, les galeries principales, la Grande Salle, le Grand Escalier et le musée de la barque de Khéops. La barque solaire de 4 600 ans du pharaon Khéops, longue de 43 mètres, découverte dans les années 1950 près de la Grande Pyramide, est l’un des joyaux de la collection.

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Un visiteur visite le Grand musée égyptien à Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale Le Caire. (AFP)

« Ce qui distingue véritablement le Grand Musée Égyptien, c’est la présentation complète de la collection de Toutankhamon — plus de 5 000 artefacts exposés ensemble pour la première fois », a confié à Arab News l’ancien directeur du musée, le Dr Tarek Tawfik.

L’inauguration de samedi comprenait notamment l’ouverture de deux salles consacrées à ces 5 000 pièces exceptionnelles.

« Les visiteurs seront émerveillés par les techniques modernes de présentation du musée, qui racontent l’histoire du roi à travers une approche curatoriale novatrice, différente des styles d’exposition traditionnels », a ajouté Tawfik.

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La statue de la reine Hatchepsout au musée. (Fourni)

Certaines sections du musée sont ouvertes au public depuis 2024, et de nouvelles galeries ouvriront le 4 novembre, dans l’espoir d’attirer visiteurs locaux et touristes internationaux.

Dès l’entrée, le parcours débute par l’obélisque suspendu du roi Ramsès II dans la cour du musée. Les visiteurs peuvent également admirer une statue monumentale du pharaon dans le hall d’accueil avant d’emprunter le Grand Escalier — une statue vieille de 3 200 ans et haute de 11 mètres, déplacée ici après avoir longtemps trôné au centre d’un rond-point encombré devant la principale gare ferroviaire du Caire.

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Les galeries principales traitent de trois thèmes principaux - les croyances, la société et la royauté - couvrant différentes périodes de l'Égypte ancienne, de l'ère préhistorique et des anciens, moyens et nouveaux royaumes jusqu'à la période gréco-romaine. (Fourni)

Les galeries principales explorent trois thèmes centraux — croyances, société et royauté — couvrant les différentes périodes de l’Égypte ancienne, de la préhistoire à l’époque gréco-romaine.

Le musée abrite aussi un vaste centre de restauration de 32 000 m², le plus grand du Moyen-Orient, comprenant 16 laboratoires spécialisés ouverts au public — une première mondiale.

Présenté comme un pont entre l’héritage antique de l’Égypte et sa vision moderne, le Grand Musée Égyptien offre une fenêtre unique sur l’une des civilisations les plus fascinantes de l’histoire.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Casse du musée du Louvre: des suspects interpellés mercredi en cours de défèrement

Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
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  • Sept suspects au total ont été interpellés dans l’enquête sur le spectaculaire casse du Louvre, dont le butin — estimé à 88 millions d’euros en bijoux de la Couronne — reste introuvable
  • L’enquête, fondée sur des traces ADN, la vidéosurveillance et la téléphonie, met aussi en lumière une « faille sécuritaire majeure » au Louvre, selon la ministre de la Culture Rachida Dati

PARIS: Des défèrements de suspects ayant été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le casse du Louvre, dont le butin a été estimé à 88 millions d'euros, étaient en cours samedi devant des magistrats du tribunal judiciaire de Paris.

"Il y a des défèrements sur commission rogatoire", a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP, sans préciser le nombre de suspects déférés.

Cinq nouvelles interpellations liées à ce cambriolage spectaculaire avaient été annoncées jeudi matin par la procureure de Paris Laure Beccuau qui avait précisé que les bijoux volés restaient introuvables.

Ces nouvelles interpellations se sont ajoutées à celles de deux trentenaires arrêtés il y a une semaine et qui sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando de quatre hommes sur place.

Ces deux habitants d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi soir.

En garde à vue, ces deux hommes - un arrêté à l'aéroport de Roissy alors qu'il tentait de rejoindre l'Algérie, l'autre à Aubervilliers - "se sont livrés à des déclarations (...) minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier", avait indiqué Laure Beccuau.

Parmi les nouveaux interpellés se trouve un autre membre présumé du commando ayant commis le 19 octobre en moins de huit minutes ce casse qui a fait le tour de la planète, avait précisé la procureure. "Des traces ADN" le lient au vol, avait-elle noté.

Les autres personnes interpellées "peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits", avait éclairé la procureure, sans vouloir en dire plus sur leur profil.

Ces nouvelles interpellations "n'ont pas été du tout liées aux déclarations" des deux mis en examen, mais "à d'autres éléments dont nous disposons au dossier", les traces ADN, la vidéosurveillance ou encore l'examen de la téléphonie, avait-elle ajouté.

Les nouvelles interpellations ont eu lieu à Paris et dans son agglomération, notamment en Seine-Saint-Denis, avait-elle indiqué.

- "Faille sécuritaire majeure" -

Mme Beccuau avait souligné sa "détermination", comme celle de la centaine d'enquêteurs mobilisés, à retrouver le butin et l'ensemble des malfaiteurs impliqués.

Concernant les bijoux, la procureure avait expliqué que l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explorait "un certain nombre de marchés parallèles" car ce n'est vraisemblablement pas sur le marché légal des oeuvres d'art qu'ils surgiront.

Parmi les hypothèses des enquêteurs: celle que ces joyaux puissent "être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu", a-t-elle pointé.

L'affaire a provoqué des débats-fleuves sur la sécurité du Louvre, musée d'art le plus visité du monde.

La ministre de la Culture Rachida Dati a dévoilé vendredi les premières conclusions de l'enquête de l'Inspection générale des affaires culturelles, avec un bilan très critique: "une sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol" par le Louvre, "un sous-équipement des dispositifs de sécurité", une gouvernance "pas adaptée" et des protocoles de réaction aux vols et intrusions "totalement obsolètes".

"On ne peut pas continuer comme ça", a martelé Rachida Dati.

Le jour du casse, les quatre malfaiteurs avaient pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon où sont conservés les joyaux de la Couronne.

Tout en réaffirmant que les dispositifs de sécurité à l'intérieur du Louvre avaient fonctionné, Mme Dati a annoncé des mesures pour répondre à une "faille sécuritaire majeure" à l'extérieur du musée.

"Nous allons mettre des dispositifs anti-voiture-béliers, anti-intrusion", a-t-elle annoncé, assurant que ces nouvelles installations seraient en place "avant la fin de l'année".


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.