Oum, «La Voix des femmes»

Oum se produit avec l'Opéra français de Paris lors de la première édition du «Festival solaire» le 18 octobre 2014 à Ouarzazate. PHOTO AFP / FADEL SENNA
Oum se produit avec l'Opéra français de Paris lors de la première édition du «Festival solaire» le 18 octobre 2014 à Ouarzazate. PHOTO AFP / FADEL SENNA
La chanteuse marocaine Oum se produit pendant le festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
La chanteuse marocaine Oum se produit pendant le festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
La chanteuse marocaine Oum (à gauche) et la chanteuse malienne Fadimata Walett Oumar se produisent pendant le festival de musique de Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
La chanteuse marocaine Oum (à gauche) et la chanteuse malienne Fadimata Walett Oumar se produisent pendant le festival de musique de Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
Oum applaudit lors du festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 9 novembre 2012. AFP
Oum applaudit lors du festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 9 novembre 2012. AFP
Oum (g) est accompagnée par un Gnawa lors de la neuvième édition du festival Gnawa et musiques du monde d'Essaouira sur la côte sud de l'Atlantique le 25 juin 2006. ABDELHAK SENNA / AFP
Oum (g) est accompagnée par un Gnawa lors de la neuvième édition du festival Gnawa et musiques du monde d'Essaouira sur la côte sud de l'Atlantique le 25 juin 2006. ABDELHAK SENNA / AFP
La chanteuse marocaine Oum se produit pendant le festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
La chanteuse marocaine Oum se produit pendant le festival de musique Taragalte à Mhamid El-Ghizlane près de Zagora le 11 novembre 2012. AFP PHOTO/STR
Oum El Ghait Bennesahraoui, plus connue sous le nom «Oum» est l’une des chanteuses les plus populaires au Maroc. (DR)
Oum El Ghait Bennesahraoui, plus connue sous le nom «Oum» est l’une des chanteuses les plus populaires au Maroc. (DR)
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Publié le Vendredi 28 octobre 2022

Oum, «La Voix des femmes»

  • Si Oum affiche ses origines avec fierté partout où elle se rend, elle ne perd pas une occasion de mettre également en avant ses compatriotes féminines
  • « Je ne peux pas décrire la femme marocaine étroitement ou rapidement… C’est une histoire vivante, qui s’est exprimée, qui s’est tue aussi, et qui je l’espère s’exprimera davantage avec les jeunes femmes d’aujourd’hui »

CASABLANCA: Oum El Ghait Bennesahraoui, plus connue sous le nom «Oum» est l’une des chanteuses les plus populaires au Maroc. Véritable ambassadrice de la culture marocaine, l’artiste née en 1978, à Casablanca, a toujours mis en avant ses origines, notamment, au service de son art.

Entre World Music, soul, sonorités hassanie [culture du sud du royaume chérifien] et gnawi, hip hop… Ses cinq albums, tous différents, reflètent ses influences, la diversité musicale de son pays, ou encore ses engagements. Et pour cause, depuis ses débuts, celle dont le prénom signifie «mère», n’hésite pas à défendre ses idées à travers sa musique.

C’est dans ce sens qu’en 2012 elle met en exergue la question de l’immigration clandestine dans Harguin. Un titre qu’Oum enregistrera en featuring avec le rappeur ghanéen Blitz the Ambassador. Cette même année, elle sera invitée dans la capitale française par l’Unesco. Elle chantera à l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, une date que la chanteuse marocaine ne célèbre pas forcément. «C’est une journée qui est certainement symbolique. Je ne sais pas trop quoi penser de la journée du 8 mars, ce n’est pas un cadeau pour les femmes, c’est juste un rappel pour les autres. Mais c’est assez perturbant comme concept. En effet, j’ai donné un concert à l’Unesco et puis on m’a déjà invitée pour des concerts dans le cadre de la journée du 8 mars mais plus ça va, étant une femme et voyant comment les droits des femmes sont bafoués, et moins j’en fais une fête», a-t-elle déclaré.

Histoire de femmes

D’ailleurs, dans son album Zarabi – «tapis» dans la langue de Molière –, la chanteuse rend hommage aux tisseuses marocaines, originaires de M’hamid El Ghizlane. Une commune rurale située aux portes du Sahara marocain, qui abrite deux festivals internationaux. Des rendez-vous dont Oum est une grande habituée.

Ainsi, depuis toujours, cette mère de famille est très admirative de ces femmes, entre autres amazigh. Elle les considère comme des battantes, des femmes fortes qui l’ont inspirée. «Il ne faut pas oublier que dans notre pays et sur notre continent, une culture matriarcale a existé, qui est antéislamique. C’est de cela que j’aime aussi me rappeler… Voir ces femmes fortes venues d’Afrique, qui étaient aussi des esclaves, même du temps de nos arrière-grands-parents et de nos grands-parents…

Quand ma mère était petite, il y avait des khadem («servantes») autour d’eux, qui racontaient qu’elles étaient venues dans des sacs de pommes de terre à Marrakech et à Fès, dans les grandes maisons, elles ne parlaient pas encore l’arabe. Ces femmes exemplaires ont élevé ma mère, ses contemporains et contemporaines, des petites filles et des petits garçons. Et j’ai eu moi-même une dada («nourrice»). C’est ce type de femmes marocaines que j’ai envie de voir. Mais évidemment, il y a un fossé assez important entre elles et moi, mais le pont entre nous l’est aussi.»

Marocaines plurielles

Si Oum affiche ses origines avec fierté partout où elle se rend, elle ne perd pas une occasion de mettre également en avant ses compatriotes féminines. Celle qui a grandi à Marrakech se dit chanceuse de pouvoir vivre, travailler, se vêtir et se comporter comme elle l’entend. Elle regrette, cependant, que de nombreuses Marocaines ne puissent le faire. Car, pour elle, au Maroc comme ailleurs, «certaines femmes sont plus ou moins libres ou ne le sont pas du tout, d’autres sont battues…». Il est, de surcroît, selon l’artiste, difficile de donner une seule définition de la femme marocaine.

«Je ne peux pas décrire la femme marocaine étroitement ou rapidement… C’est une histoire vivante, qui s’est exprimée, qui s’est tue aussi, et qui je l’espère s’exprimera davantage avec les jeunes femmes d’aujourd’hui – qu’elles soient artistes ou non – qui prennent la parole, qui font les choses autrement, qui osent et sont courageuses. Elles me plaisent, je suis fière d’elles», se réjouit l’artiste.

Des femmes qui disposent de plus de droits depuis la réforme du code de la famille (Moudawana), adoptée au Maroc en 2004. Un pas qui a permis à ces citoyennes, d’avoir, elles aussi, leur mot à dire sur les questions du quotidien et durant certaines étapes cruciales de leur existence. C’est le cas concernant l’âge du mariage, le divorce ou encore la polygamie, car la Moudawana octroie plus d’équité. Pour Oum, le texte de loi a en quelque sorte participé à une prise de conscience chez certaines femmes. Pourtant, s’il définit noir sur blanc le principe d’égalité des genres, dans plusieurs domaines, en pratique, de nombreux comportements préjudiciables persistent.

«Il y a toujours des hommes qui prennent une seconde femme sans rien demander à la première et autres exemples du même genre. Je pense que la Moudawana a changé quelque chose – peut-être –, mais ce sont surtout les mentalités qu’il faut changer. Il faut éduquer les filles et les garçons. Et c’est aussi le travail des mamans et la responsabilité des femmes. Il faut que l’on sache éduquer nos garçons, nous les mères», conseille-t-elle.

Dans son dernier album Daba, la chanteuse à la voix de velours fait encore une fois un clin d’œil aux femmes à travers Kemmy. Un titre qui signifie «toi» au féminin, en berbère. Oum l’a d’abord écrit en arabe avant de le traduire en dialecte tamazight. Une langue qu’elle décrit comme celle des femmes fortes.

«Kemmy s’adresse à celles qui vivent des situations qu'elles n'ont pas choisies, pour ne pas dire toutes. La femme a toujours subi et chez nous, elle n'a pratiquement jamais été complétement libre. Il faut toujours un garçon près d'elle pour justifier sa présence, ses décisions et ses choix. D'abord un père puis un frère, ou les deux, ensuite un mari, et même après cela un fils, que ce soit dans la loi ou dans la société. La chanson s’adresse aussi aux mères célibataires, ces mères qui ne sont pas libres dans leur corps et qui vivent une impasse… C’est une chanson pour dire: “J'entends ton silence, je vois ta patience, tu n'es pas seule”», confie la quadragénaire.

Enfin, même dans sa façon de s'habiller, Oum reflète ses envies de liberté. C’est d'ailleurs le cas lorsqu’elle porte l’habit traditionnel du sud du royaume, la Mlehfa. Ce vêtement traditionnel l’a toujours inspirée, car il regorge de symboliques. Celles de l’africanité ou encore de la femme du désert, qu'elle décrit comme une femme libre. À l'image de ce tissu qui ne subit pas de couture et représente, selon elle, la liberté de ne jamais être figé dans quelque chose.

 


Comment célébrer la Journée de la fondation 2025 en Arabie saoudite

(fournie)
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  • La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations
  • À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique

La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations.

Les festivités prévues pour la Journée de la Fondation de cette année mettront en valeur le patrimoine saoudien à travers la musique, les arts et les spectacles.

Principaux événements de la Journée de la fondation 2025

Les Nuits de la Fondation présenteront des concerts musicaux et poétiques avec d'éminents artistes saoudiens au théâtre Mohammed Abdu, au boulevard Riyad, le 22 février.

À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique. Djeddah accueillera des parades maritimes, des marchés du patrimoine et des salons nautiques. À Médine, des expositions d'art et des séminaires culturels sur l'histoire du Royaume seront organisés, tandis qu'à Dammam, les visiteurs pourront assister à des spectacles folkloriques et à des séances de cinéma en plein air.

Spectacles musicaux

Plusieurs soirées musicales ajouteront à l'atmosphère de fête. Le 21 février, Mohammed Abdu jouera "Suhail Night" à l'arène Mohammed Abdu.

Le 22 février, Abdul Majeed Abdullah interprétera des chansons nationales à la Mohammed Abdu Arena.

En outre, le 22 février, un spectacle orchestral mettant en vedette l'orchestre et le chœur nationaux saoudiens sera suivi par des jeux de lumière et de son qui mettront en lumière la riche histoire du Royaume.

À Djeddah, les célébrations au musée Tariq Abdulhakim, du 20 au 22 février, offriront une atmosphère familiale remplie d'activités patrimoniales, artistiques et culturelles.

À Diriyah, une "expérience interactive 850" permettra aux visiteurs d'explorer les événements clés de l'histoire du Royaume, avec des activités immersives à l'intérieur et à l'extérieur.

Le Centre du roi Abdulaziz pour la culture mondiale (Ithra), à Dhahran, marquera la Journée de la fondation par une célébration de trois jours, du 20 au 22 février, avec des ateliers interactifs, des spectacles et de l'artisanat traditionnel.

La place accueillera des concerts de oud et d'autres activités, dont un photomaton où les visiteurs pourront se faire photographier en tenue traditionnelle.

Des maîtres artisans présenteront l'art complexe du tissage du bisht, et il y aura des activités éducatives, de la musique folklorique et des danses d'épée saoudiennes Ardah.

Le centre accueille les visiteurs de 16 à 23 heures.

La Commission des musées organise les célébrations de la Journée de la fondation au Musée national saoudien du 21 au 23 février. Cet événement propose des activités interactives, des programmes culturels et des spectacles.

Johnson Controls Arabia organise une soirée de célébration de la fondation le 21 février dans la maison historique Al-Sharbatly à Al-Balad, Djeddah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad revêt sa couleur verte pour honorer la Journée de la fondation

C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
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  • Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui
  • La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux

RIYAD : C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume est orné de drapeaux nationaux.

Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui pour célébrer le quatrième jour de fondation de l'Arabie saoudite.

La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux, transformant ainsi la capitale en un véritable océan de vert. Les drapeaux, qui représentent à la fois le premier État saoudien et le Royaume moderne, ont été accrochés stratégiquement sur les mâts des routes principales, les places, les ponts, les intersections et les lampadaires, a rapporté l'agence de presse saoudienne. 

L'emplacement a été soigneusement planifié pour assurer une harmonie esthétique avec le paysage de la ville et a été installé en toute sécurité par des moyens mécaniques. Les drapeaux ont été placés en toute sécurité à l'aide de moyens mécaniques. La variété des tailles permet de voir clairement les drapeaux.

Des équipes spécialisées sur le terrain ont suivi un calendrier strict pour réaliser les installations de manière efficace, en donnant la priorité à la sécurité, à la durabilité et à l'entretien régulier tout au long des célébrations.

Ces efforts reflètent l'engagement de la municipalité de Riyad à mettre en valeur l'identité nationale et à améliorer le paysage urbain, conformément aux objectifs de la Vision 2030 visant à améliorer l'attrait visuel de la capitale et à mettre en valeur le patrimoine du Royaume.
Les monuments, y compris les bâtiments ministériels, ont été décorés de lumières vertes vendredi, à la veille de la Journée de la fondation, tandis que des événements spéciaux organisés dans toute la région comprendront des feux d'artifice et des spectacles folkloriques traditionnels.

"Nous vous invitons à assister aux événements organisés par la municipalité de Riyad dans 47 municipalités au sein des gouvernorats et des centres de la région, dans plus de 47 lieux, pour profiter d'événements animés, d'activités de qualité, de divers domaines et de participations", a écrit la municipalité de Riyad sur le site X.

Abdullah Ahmed, un habitant de la capitale, a félicité l'autorité pour ses efforts visant à faire de la Journée de la fondation une occasion spéciale.

"Je suis vraiment reconnaissant à Allah tout-puissant de nous avoir accordé la sécurité, alors que nous vivons dans une solidarité et une paix totales. Nous avons la chance d'avoir un bon leadership avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane, et nous avons la chance d'avoir l'imam Mohammed ben Saud comme fondateur du premier État saoudien en 1727," a-t-il affirmé à Arab News.

Le Royaume moderne a fait ses premiers pas sur la voie de la nation en 1727, lorsque l'imam Mohammed ben Saud a succédé à son cousin, Zaid ben Markhane, en tant que souverain de la ville-État de Diriyah. C'est ce moment charnière, reconnu comme la date à laquelle le premier État saoudien a vu le jour, qui est célébré chaque année à l'occasion de la Journée de la fondation.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


AlUla : Où la beauté ancienne résonne au-delà des mots

Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
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  • Le parcours d'Ibrahim al-Balawi repose sur l'auto-apprentissage et le dévouement

DJEDDAH : Bien que sourd et muet, Ibrahim al-Balawi, un guide touristique saoudien de 48 ans passionné par la riche histoire d'AlUla et ses sites à couper le souffle, est devenu un pionnier du tourisme inclusif.

Son parcours, fait d'auto-apprentissage et de dévouement, a commencé bien avant qu'AlUla ne devienne une destination touristique mondiale.

La carrière de guide touristique d'al-Balawi a commencé avant même que le tourisme ne soit officiellement établi à AlUla en 2001.

Son amour profond de l'histoire l'a poussé à fréquenter les lieux, à étudier leur signification et à traduire les documents de manière indépendante pour s'instruire et instruire les autres.

Grâce à sa connaissance approfondie des sites archéologiques, il a guidé les visiteurs à travers les sites anciens d'AlUla, partageant avec eux les histoires et les connaissances qu'il avait acquises au fil des ans.

Hind Shabaa, l'épouse d'al-Balawi, qui est également originaire d'AlUla, a été un soutien indéfectible. Mariée depuis 16 ans, elle a appris le langage des signes avec son mari.

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Ibrahim Al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Au fil du temps, Shabaa a appris à parler couramment la langue des signes et elle a noué des amitiés au sein de la communauté sourde. Elle joue aujourd'hui un rôle crucial dans le travail de son mari en traduisant verbalement la langue des signes aux touristes entendants, améliorant ainsi l'expérience touristique de tous les visiteurs.

« Il m'a aidée à apprendre la langue et j'ai noué des amitiés avec des personnes sourdes », a-t-elle affirmé à Arab News.

« Comme il dispose d'un vaste réseau d'amis - il a fait ses études secondaires à Djeddah - il avait noué de nombreuses relations à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume », a-t-elle ajouté. 

« Lorsqu'il amenait ses amis, ils étaient accompagnés de leurs épouses, ce qui m'a permis d'apprendre la langue. J'ai acquis une telle maîtrise qu'ils étaient étonnés de voir à quel point je pouvais communiquer verbalement et en langue des signes », a-t-elle expliqué. 

Silencieuse mais amusante, la langue des signes est devenue un élément essentiel de la vie quotidienne de la famille, créant un lien plus profond et façonnant une communication unique.

« Même nos enfants ont appris la langue des signes avec leur père. Ils sont devenus très habiles dans ce domaine. J'étais tellement dévouée que j'ai suivi des cours supplémentaires pour m'améliorer. À un moment donné, je suis même devenue meilleure que certains formateurs certifiés en langue des signes », a expliqué Shabaa. 

Avant que la Commission saoudienne du tourisme ne soit transformée en ministère du tourisme en 2020, la principale mission d'al-Balawi était de présenter au monde la beauté d'AlUla à travers ses yeux et sa langue. Il a accueilli des visiteurs de la communauté sourde de tout le Royaume et d'ailleurs, notamment d'Allemagne, de France, du Canada et de Chine.

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Ibrahim al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Les autorités ont remarqué qu'il attire les touristes, dont la plupart sont des visiteurs étrangers qui profitent de sa maîtrise de la langue des signes générale.

Al-Balawi est peu à peu devenu un visage familier des responsables du tourisme. À mesure que le secteur se structure, il a demandé l'autorisation officielle de continuer à servir de guide, afin que les touristes étrangers puissent continuer à bénéficier de son expertise.

La carrière officielle d'al-Balawi en tant que guide touristique à AlUla a débuté en 2017. Il a suivi de nombreux cours de formation une fois qu'il a officiellement rejoint le ministère du tourisme, et du matériel de formation lui a été fourni.

Bien qu'il n'ait qu'un diplôme de fin d'études secondaires, il se distingue par sa quête incessante de connaissances. Il s'est inscrit à des cours d'histoire et de tourisme, a suivi des formations spécialisées et a mémorisé des documents pédagogiques.

Conscient de la diversité mondiale des langues des signes, M. al-Balawi a appris lui-même de multiples variantes de la langue des signes arabe, ce qui lui a permis de communiquer avec des touristes de pays occidentaux. Sa motivation personnelle lui a permis de combler les fossés culturels et linguistiques, en veillant à ce que tous les visiteurs, en particulier ceux de la communauté sourde, puissent profiter pleinement des merveilles d'AlUla.

« Je me souviens que, dès notre mariage, il avait des livres sur les langues des signes occidentales et qu'il les lisait toujours pour apprendre. En outre, il s'est rendu plusieurs fois aux États-Unis et y a noué des amitiés, communiquant par le biais d'applications et d'appels vidéo jusqu'à ce qu'il ait acquis une bonne maîtrise de la langue des signes », a raconté sa femme. 

« Il a acquis une expertise dans la langue des signes arabe familière et formelle, ainsi que dans les langues des signes internationales, notamment américaine, chinoise et coréenne, qui diffèrent du système saoudien. Il a appris tout cela en voyageant, en lisant des livres et en faisant des recherches personnelles », a-t-elle ajouté. 

« Pour ceux qui peuvent parler, il est capable de communiquer avec eux sans effort. Il peut lire sur les lèvres, enregistrer des vidéos, leur envoyer des messages et leur parler dans un dialecte décontracté qui rendait la langue des signes plus facile pour eux. L'apprentissage de la langue des signes est souvent un défi pour les personnes qui les entourent, c'est pourquoi, lorsque nécessaire, il fait recours à l’écriture pour assurer une communication claire », a-t-elle confirmé. 

L'engagement du couple ne s'arrête pas au guidage, puisqu'il s'assure de comprendre les besoins spécifiques des voyageurs sourds.

« Mon mari a créé une maison d'hôtes privée spécialement conçue pour les sourds, afin que les visiteurs se sentent bien accueillis, à l'aise et puissent profiter pleinement des offres d'AlUla », a-t-elle révélé. 

M. al-Balawi a organisé plus de 800 visites au cours des deux dernières années, accueillant des touristes de presque toutes les régions d'Arabie saoudite et de pays du monde entier, notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, la Syrie, l'Allemagne, l'Égypte, la Turquie, la Russie et les Émirats arabes unis.

Il doit également faire face aux médias sociaux et possède une page Instagram qui compte plus de 4 500 adeptes du monde entier. Il y affiche des photos et des vidéos de ses voyages afin d'attirer davantage de visiteurs.

« Il invite les voyageurs par le biais des médias sociaux, les guide, documente leurs visites avec des photos et des vidéos. Nombreux sont ceux qui ont été impressionnés par ses efforts et son dévouement », raconte sa femme. 

Sa capacité à communiquer avec les gens, que ce soit par le langage des signes, la communication écrite ou l'enthousiasme pur et simple, a laissé une marque sur ceux qui ont exploré AlUla grâce à ses conseils.

« La réaction des touristes est étonnante après chaque visite. Ils sont toujours heureux, et certains reviennent même pour une deuxième visite tellement ils ont apprécié leur expérience. AlUla les a fascinés et ils adorent l'expérience touristique qu'ils y ont vécue”, a-t-elle conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com