Le vélo, autre miroir des inégalités femmes-hommes

Un homme portant un masque de protection déverrouille son vélo alors que des femmes passent avec des sacs à provisions dans une rue, à Bordeaux, le 18 juillet 2020. (Philippe Lopez/AFP)
Un homme portant un masque de protection déverrouille son vélo alors que des femmes passent avec des sacs à provisions dans une rue, à Bordeaux, le 18 juillet 2020. (Philippe Lopez/AFP)
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Publié le Lundi 08 mars 2021

Le vélo, autre miroir des inégalités femmes-hommes

  • Obstacles culturels et sociétaux, aménagements urbains inadaptés, insécurité : les freins pour atteindre la parité hommes-femmes à vélo sont encore puissants
  • Plusieurs études montrent que la pratique féminine du vélo est encore plus faible dans les quartiers populaires

SAINT-DENIS : La pandémie de Covid a lâché des flopées de néo-cyclistes dans les rues des villes françaises mais le vélo reste très majoritairement pratiqué par les hommes. Obstacles culturels et sociétaux, aménagements urbains inadaptés, insécurité : les freins pour atteindre la parité sont encore puissants.

En 2018, le géographe Yves Raibaud réalisait une vaste étude sur Bordeaux et sa métropole. Verdict : seuls 38% des cyclistes étaient des femmes. La nuit et par temps de pluie, leur proportion dégringolait à 22%.

Parmi les désagréments cités par ces cyclistes : le fait d'être chargée (courses, enfants), la peur de l'accident ou d'un problème technique, le sentiment d'insécurité face au harcèlement et aux agressions sexuelles (équivalent à celui ressenti à pied), la tenue parfois exigée au travail (jupes, talons, tailleurs).

"Le sexe du vélo, c'est aussi la virilité de la chute, du risque, de la performance", les hommes représentent "86% des morts en France, notamment chez les livreurs à vélo, nouveau dangereux métier d'homme", souligne le géographe dans un article publié dans le journal du CNRS.

Pour Chris Blache, co-fondatrice de "Genre et Ville", "le problème est que les conditions dans lesquelles on peut faire du vélo aujourd'hui freinent les femmes". En France comme dans de nombreux pays européens, à l'exception de ceux du Nord.

La consultante en socio-ethnographie, qui vient de réaliser une enquête auprès des usagères de Vélib, souligne l'importance de "créer un environnement sécurisé pour accéder au vélo" (éclairage public, garages), "de mettre en place la continuité des pistes cyclables et de les élargir pour permettre aux vélos-cargos de circuler, mais aussi de ralentir la circulation".

"La révolution du vélo sera menée par les femmes! Dans une ville qui est dessinée par les hommes et pour les hommes, nous devons faire que les rues ne soient pas un environnement hostile", twittait fin février la sociologue et maire EELV du XIIe arrondissement parisien, Emmanuelle Pierre-Marie.

Chris Blache, qui a beaucoup travaillé sur les quartiers prioritaires de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), où seuls les balcons peuvent faire office de garage, pointe aussi du doigt des questions de "praticité".

 "Masculinité dominante"

De fait, plusieurs études montrent que la pratique féminine du vélo est encore plus faible dans les quartiers populaires.

Parmi elles, la thèse de David Sayagh, chercheur à l'Ecole de l'aménagement durable des territoires, consacrée "au clivage sexué des pratiques du vélo durant l'adolescence", notamment dans les quartiers prioritaires des métropoles de Montpellier et Strasbourg.

"Dans ces quartiers, on voit qu'il y a des normes sexuées, genrées : il n'est pas bienvenu pour une jeune femme d'afficher son corps en mouvement en train de faire du vélo, surtout si c'est seule", relate-t-il.

"Le vélo, notamment dans les milieux populaires, sert de support à la construction à la masculinité, et à une masculinité dominante puisqu'on parle d'occupation et de prise de risque dans l'espace public", poursuit-il.

Représentations et croyances jouent aussi : "Dans des centres socio-culturels, des éducatrices m'ont dit que certaines mères de famille avaient peur que leurs filles perdent leur virginité à vélo. Il y a encore ce genre de croyances dans certaines familles avec un capital scolaire peu important".

A ses yeux, pour pouvoir "parler d'égalité", il faudrait "que les femmes se sentent aussi libres de rouler au sein du trafic motorisé, d'adopter l'itinéraire le plus rapide sans faire de détour pour éviter certaines zones, qu'elles se sentent libres de se pencher sur leur vélo quelle que soit leur tenue vestimentaire, ou encore de pratiquer seules la nuit."

Cennet, qui enfourchait vendredi un destrier fluo lors d'un "atelier vélo" à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), n'en est pas encore là.

A 47 ans, grâce à l'association des Femmes des Francs-Moisins, une cité de cette ville populaire, elle a réalisé un de ses rêves : apprendre à faire du vélo. "J'en avais envie depuis toute petite. Mais, comme pour les études, je n'avais jamais pu le faire", sourit cette mère de famille qui a grandi en Turquie.

Comme une demi-douzaine d'habitantes de son quartier, elle décrit "le bonheur" et "le sentiment de liberté" éprouvé en pédalant. Son apprentissage terminé, elle avoue craindre de se lancer seule dans la circulation, dans une ville où les pistes cyclables sont rares.

"La prochaine étape est de leur permettre d'acquérir des vélos d'occasion", explique Simon Gaudin, chargé de mission pour l'association Ufolep, qui accompagne plusieurs ateliers de ce type en Seine-Saint-Denis. Mais aussi d'apprendre à ces femmes à réparer leur vélo. Pour être, vraiment, autonomes.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".