Plus de 1700 personnes détenues en Birmanie à la suite de raids nocturnes de la junte militaire

Des manifestants portant des casques se tiennent derrière une barricade à Sanchaung, Yangon, au Myanmar, le 3 mars 2021, sur cette image fixe d'une vidéo obtenue par Reuters. (Photo fournie via Reuters)
Des manifestants portant des casques se tiennent derrière une barricade à Sanchaung, Yangon, au Myanmar, le 3 mars 2021, sur cette image fixe d'une vidéo obtenue par Reuters. (Photo fournie via Reuters)
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Publié le Dimanche 07 mars 2021

Plus de 1700 personnes détenues en Birmanie à la suite de raids nocturnes de la junte militaire

  • Des manifestations ont éclaté le mois dernier après le renversement et la détention de la dirigeante élue Aung San Suu Kyi par l'armée
  • Les forces de sécurité ont déjà tué plus de 50 personnes qui protestaient pour rétablir la démocratie, selon les Nations Unies

RANGOUN: Les forces de sécurité birmanes ont tiré des coups de feu pendant qu’elles menaient des raids nocturnes dans la ville principale de Rangoun après avoir dispersé les dernières manifestations contre le coup d’État du mois dernier avec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

Le pays d'Asie du Sud-Est est plongé dans la tourmente depuis que l'armée a renversé et arrêté la dirigeante élue Aung San Suu Kyi le 1er février. Des manifestations et des grèves quotidiennes ont étouffé l’économie et paralysé l'administration.

D'autres manifestations étaient prévues dimanche après que les médias locaux ont rapporté que la police avait tiré des bombes lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser une manifestation à Rangoun, la plus grande ville du Myanmar, samedi. Aucun blessé n'a été signalé.

Le groupe de protestation du Comité de grève générale des nationalités a affirmé que des manifestations auraient lieu à Rangoun, la deuxième ville de Mandalay et Monywa, également des centres de manifestations dans lesquelles les Nations Unies a signalé que les forces de sécurité ont tué plus de 50 personnes.

Aux premières heures de dimanche, les habitants ont révélé que les soldats et la police se sont déplacés dans plusieurs quartiers de Rangoun, tirant des coups de feu. Ils en ont arrêté au moins trois dans le canton de Kyauktada, ont indiqué des habitants. Toutefois, ils ignoraient complètement la raison de ces arrestations.

«Ils demandent de faire sortir mon père et mon frère. Personne ne va nous aider? Ne pense même pas à toucher mon père et mon frère. Emmenez-nous aussi si vous voulez les prendre », a crié une femme pendant que deux d'entre eux, un acteur et son fils, étaient emmenés.

Des soldats sont aussi venus à la recherche d'un avocat qui travaillait pour la Ligue nationale pour la démocratie de Suu Kyi, mais n'ont pas été en mesure de le trouver, a avoué Sithu Maung, membre du parlement désormais dissous, dans un message sur Facebook.

Reuters n'a pas pu contacter la police pour commenter. Un porte-parole de la junte n'a également pas répondu aux appels demandant des commentaires.

« Coups de poing et coups de pied »

Plus de 1 700 personnes avaient été arrêtées samedi par la junte, selon les chiffres du groupe de défense de l'Association d'assistance aux prisonniers politiques. Ce même groupe n'a pas donné de chiffre pour les détentions de cette nuit.

« Les détenus ont été frappés à coups de poing et à coups de pied avec des bottes militaires, battus avec des matraques, puis traînés dans des véhicules de police », a déclaré l'Association d'assistance aux prisonniers politiques dans un communiqué. « Les forces de sécurité sont entrées dans les zones résidentielles et ont tenté d'arrêter d'autres manifestants en tirant sur les maisons, détruisant de nombreux biens ».

Les autorités birmanes ont déclaré samedi qu'elles avaient exhumé le corps de Kyal Sin, âgée de 19 ans, qui est devenue une icône du mouvement de protestation après avoir été abattue à Mandalay mercredi en portant un t-shirt qui disait: « Tout ira bien ».

La radio et la télévision publiques du Myanmar ont déclaré qu'une autopsie avait montré que la jeune fille ne pouvait pas être tuée par la police parce que le type de projectile qui avait été trouvé dans sa tête n’appartient pas à la police et qu'elle avait été abattue par derrière, alors que la police était devant.

Des photos de la journée ont montré sa tête détournée des forces de sécurité quelques instants avant sa mort. Les opposants au coup d'État ont accusé les autorités d'une tentative de camouflage.

Les meurtres ont suscité la colère en Occident et ont été condamnés par la plupart des démocraties d'Asie. Les États-Unis et certains autres pays occidentaux ont imposé des sanctions limitées à la junte. La Chine, quant à elle, a déclaré que la priorité devrait être la stabilité et que les autres pays ne devraient pas s'ingérer dans cette affaire interne.

Les manifestants demandent la libération de Suu Kyi et le respect des élections de novembre - que son parti a remportées dans un raz-de-marée électoral mais que l’armée a rejetées. L'armée a affirmé qu'elle organiserait des élections démocratiques à une date ultérieure.

Le lobbyiste israélo-canadien Ari Ben-Menashe, recruté par la junte birmane, a déclaré à Reuters que les généraux souhaitent quitter la politique et cherchent à améliorer les relations avec les États-Unis et à se tenir loin de la Chine.

Ben-Menashe a en outre confié que Suu Kyi était devenue trop proche de la Chine au dépend de la volonté des généraux.

Il a aussi souligné qu'il avait également été chargé de rechercher le soutien arabe pour un plan de rapatriement des réfugiés rohingyas, dont des centaines de milliers ont été chassés de la Birmanie en 2017 dans le cadre d'une répression militaire après les attaques des rebelles.

Le leader de la junte et chef de l'armée Min Aung Hlaing avait fait l'objet de sanctions occidentales avant même le coup d'État pour son rôle dans l'opération contre les Rohingyas, qui, selon les enquêteurs de l'ONU, avait été menée avec « une intention de génocide ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Elections britanniques: le Labour promet croissance et stabilité avec son programme

Le principal chef du Parti travailliste d'opposition britannique, Keir Starmer, prononce un discours sur scène lors du lancement du manifeste électoral du Parti travailliste, à Manchester, le 13 juin 2024, dans le cadre de la préparation des élections générales britanniques du 4 juillet. (Photo d'Oli FOULARD / AFP)
Le principal chef du Parti travailliste d'opposition britannique, Keir Starmer, prononce un discours sur scène lors du lancement du manifeste électoral du Parti travailliste, à Manchester, le 13 juin 2024, dans le cadre de la préparation des élections générales britanniques du 4 juillet. (Photo d'Oli FOULARD / AFP)
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  • A trois semaines du vote, les plus de 20 points d'avance du Labour sur les conservateurs dans les sondages semblent ouvrir un boulevard pour remporter une majorité confortabl
  • Keir Starmer a, lui, fustigé le "chaos" laissé par les Tories au pouvoir depuis 2010, période marquée par une grande instabilité politique et économique

MANCHESTER: Grand favori des législatives au Royaume-Uni, le chef du Labour Keir Starmer a assuré jeudi vouloir ramener la "stabilité" après les turbulences des 14 ans de pouvoir conservateur, avec un programme axé sur la croissance économique et à la prudence assumée.

"Aujourd'hui, nous pouvons jeter à nouveau les bases de la stabilité et s'appuyer dessus pour rebâtir la Grande-Bretagne", a affirmé le leader travailliste, ancien avocat de 61 ans.

A trois semaines du vote, les plus de 20 points d'avance du Labour sur les conservateurs dans les sondages semblent ouvrir un boulevard pour remporter une majorité confortable le 4 juillet à la Chambre des Communes, et faire de Keir Starmer le prochain Premier ministre.

Le parti cherche donc à éviter tout faux pas. Cela s'est confirmé dans la présentation à Manchester, dans le nord de l'Angleterre, de son programme officiel, sans surprise ni nouvelle proposition, et confirmant son recentrage.

Keir Starmer a dès le début de son intervention eu l'occasion d'insister sur la transformation opérée depuis qu'il a pris la suite en 2020 du très à gauche Jeremy Corbyn: interpellé par une manifestante - rapidement évacuée - l'accusant de proposer une politique trop proche des conservateurs, il a répliqué que le Labour avait "cessé d'être un parti de protestation" pour devenir un "parti de gouvernement".

"Le parti travailliste porte un projet de croissance. Nous sommes favorables aux entreprises, favorables aux travailleurs, le parti de la création de richesse", a-t-il martelé.

"Je ne m'excuse pas d'être prudent avec l'argent des travailleurs", a-t-il affirmé, avant de se défendre une nouvelle fois de vouloir augmenter les impôts des Britanniques, comme l'en accusent constamment les conservateurs.

"Si vous pensez qu'ils vont gagner, commencez à économiser", a persiflé sur X le Premier ministre Rishi Sunak, qui lui promis mardi des milliards de baisses d'impôt.

Le centre de réflexion Institute for fiscal studies a souligné que le "changement véritable nécessitera presque certainement davantage de ressources", et le programme du Labour n'évoque aucun projet pour dire "d'où viendrait l'argent".

Keir Starmer a, lui, fustigé le "chaos" laissé par les Tories au pouvoir depuis 2010, période marquée par une grande instabilité politique et économique: Brexit, valse incessante des ministres, quasi crise financière sous le mandat de l'ex-Première ministre Liz Truss et flambée d'inflation qui a plombé ménages et entreprises.

"Les défis ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Si les travaillistes gagnent, nous n'aurons pas de baguette magique. Mais ce que nous avons, ce que représente ce programme, c'est un plan crédible à long terme", a-t-il averti.

«Projet sérieux»

Dans le détail, les travaillistes veulent créer un fonds dédié aux investissements dans les industries du futur, une société chargée de financer la transition vers les énergies vertes et faciliter la construction d'infrastructures.

Son programme comprend également la promesse de débloquer des dizaines de milliers de rendez-vous dans le service public de santé (NHS), institution chérie des Britanniques mais à bout de souffle, et ainsi résorber d'interminables files d'attente.

Le Labour veut aussi embaucher 6.500 professeurs et rétablir la TVA pour les écoles privées.

Sur l'immigration, il souhaite abandonner le controversé projet du gouvernement conservateur d'envoyer des demandeurs d'asile vers le Rwanda mais veut, comme la majorité actuelle, réduire le nombre d'arrivées au Royaume-Uni.

Le parti compte réaffirmer le soutien britannique à l'Ukraine face à la Russie et vise une reconnaissance de l'Etat palestinien dans le cadre d'un processus de paix. Il veut se rapprocher de l'Union européenne sans la réintégrer.

Le parti de centre-gauche a surtout, jusqu'à présent, profité de la défiance des électeurs envers les conservateurs de Rishi Sunak. Et pour installer une image de parti de gouvernement crédible, il s'est abstenu de toute promesse trop risquée - quitte à manquer d'audace au yeux de certains observateurs.

"Il s'agit d'un projet sérieux pour l'avenir de notre pays, et chaque politique dans ce document a été soigneusement réfléchie pour que nous soyons sûrs de pouvoir la mettre en oeuvre", a plaidé Keir Starmer. "Je suis candidat pour être Premier ministre, pas directeur d'un cirque".


Le président élu de l’Indonésie considère l’Arabie saoudite comme «principal partenaire» dans la résolution des questions mondiales

Le président élu et ministre de la Défense de l’Indonésie, Prabowo Subianto, s’entretient avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, à Djeddah, le 12 juin 2024. (ministère de la Défense)
Le président élu et ministre de la Défense de l’Indonésie, Prabowo Subianto, s’entretient avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, à Djeddah, le 12 juin 2024. (ministère de la Défense)
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  • Djakarta et Riyad travaillent avec d’autres pays musulmans pour mobiliser un soutien international en faveur de la Palestine
  • Le président élu de l’Indonésie, Prabowo Subianto, s’est engagé à accroître les contributions de son pays à l’Unrwa et à envoyer davantage d’équipes médicales à Gaza

DJAKARTA: Prabowo Subianto, le président élu de l’Indonésie, considère l’Arabie saoudite comme un partenaire essentiel dans la résolution des questions mondiales : c’est ce qu’a déclaré son bureau jeudi à la suite d’une rencontre avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane. 

M. Subianto occupe le poste de ministre de la Défense jusqu’à son accession à la présidence, qui aura lieu en octobre. Il s’est rendu à Djeddah mercredi après avoir participé en Jordanie à une conférence internationale d’aide à la bande de Gaza. 

Lors de son premier entretien avec le prince héritier saoudien depuis sa victoire aux élections législatives de février, M. Subianto a souligné l’importance de la coopération entre Djakarta et Riyad pour soutenir les efforts de paix internationaux, notamment en Palestine. 

«Pour l’Indonésie, l'Arabie saoudite est un partenaire essentiel dans le dialogue et la résolution des questions régionales et mondiales», a indiqué M. Subianto dans un communiqué du ministère de la Défense. 

«J’ai été témoin de la détermination [du prince héritier] à renforcer le leadership saoudien dans la région, notamment par la promotion de la paix et de la stabilité pour nos frères et sœurs en Palestine. La question de la Palestine nous tient particulièrement à cœur.» 

Au cours de la conférence en Jordanie, M. Subianto s’est engagé à accroître les contributions de l’Indonésie à l’Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) et à envoyer davantage d’équipes médicales à Gaza. Il a également appelé à une solution à deux États pour la Palestine. 

L’Indonésie a toujours soutenu la Palestine et fait partie des pays qui se sont le plus exprimés sur la question palestinienne depuis le début de l’assaut israélien sur Gaza, en octobre dernier. Elle considère que la création d’un État palestinien est prévue par sa constitution, qui appelle à l’abolition du colonialisme. 

L’Indonésie et l’Arabie saoudite font partie d’un comité ministériel constitué en novembre dernier lors du Sommet extraordinaire arabo-islamique et qui tente de mobiliser un soutien international en faveur de l’arrêt immédiat de la guerre menée par Israël contre Gaza. 

«Je compte sur vous pour défendre la paix, la justice et l’humanité pour la Palestine», a souligné M. Subianto au prince héritier lors de leur entretien. 

Le président élu indonésien a exhorté Israël à obéir aux ordres de la Cour internationale de justice et à mettre un terme à son offensive militaire dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza. Il a par ailleurs appelé à un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza assiégée, où plus de 37 000 Palestiniens ont été tués et plus de 80% des personnes contraintes de quitter leur domicile. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Chypre: l'ONU «préoccupée» pour des migrants bloqués dans la zone tampon

Zone tampon créée par l'ONU séparant le nord et le sud de l'île divisée de Chypre. (AFP)
Zone tampon créée par l'ONU séparant le nord et le sud de l'île divisée de Chypre. (AFP)
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  • Parmi les personnes bloquées se trouvent des Camerounais, des Iraniens, des Soudanais et des Syriens dispersés dans le no man's land et exposés à des températures de plus de 40 degrés Celsius
  • Chypre est divisée depuis qu'un coup d'Etat soutenu par Athènes visant à rattacher l'île à la Grèce a déclenché une invasion turque en 1974

NICOSIE: L'ONU a exhorté jeudi Chypre à autoriser 31 migrants bloqués dans la zone tampon séparant le nord et le sud de l'île divisée à demander l'asile, se disant "préoccupée" par leur "bien-être" dans un contexte d'intense vague de chaleur.

Chypre est divisée depuis qu'un coup d'Etat soutenu par Athènes visant à rattacher l'île à la Grèce a déclenché une invasion turque en 1974.

Le gouvernement chypriote n'exerce depuis son autorité que sur la partie sud de l'île, la partie nord étant administrée par la République turque de Chypre du Nord (RTCN), proclamée par des dirigeants chypriotes turcs en 1983 et reconnue seulement par Ankara.

Affirmant être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'Union européenne, la République de Chypre déplore que de nombreux migrants arrivent dans le sud depuis le nord via la zone démilitarisée contrôlée par la Force des Nations unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) qui sépare les deux parties de l'île.

Dans un communiqué, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) s'est dit "profondément préoccupé par la sécurité et le bien-être de 31 demandeurs d'asile parmi lesquels sept enfants qui sont pris au piège" dans la zone tampon.

Cinq d'entre eux avaient traversé du nord vers le sud pour demander l'asile mais ont été "renvoyées vers la zone tampon", a affirmé l'UNHCR.

Parmi les personnes bloquées se trouvent des Camerounais, des Iraniens, des Soudanais et des Syriens dispersés dans le no man's land et exposés à des températures de plus de 40 degrés Celsius.

"Nous sommes confrontés à une situation humanitaire de plus en plus grave à l'intérieur de la zone tampon", a déclaré à l'AFP Aleem Siddique, porte-parole de l'UNFICYP.

"Ces personnes ont besoin d'accéder aux procédures d'asile prévues par les lois nationales, européennes et internationales sur les réfugiés", a-t-il ajouté, appelant "la République de Chypre" à "remédier à la situation".

Chypre a renforcé la sécurité le long de la ligne de démarcation, le président Nikos Christodoulides s'étant engagé ce mois-ci à empêcher que la ligne verte ne devienne "un nouvel itinéraire pour les migrants illégaux".

Les autorités chypriotes, qui affirment que les demandeurs d'asile représentent 5% des 915.000 habitants de la partie sud de l'île, nient avoir enfreint la loi en leur ayant refusé l'entrée.