Visite du pape François en Irak: un message d'espoir aux Irakiens de toutes confessions

Le président irakien Barham Saleh rencontrant le pape François au palais présidentiel de la zone verte de Bagdad le 5 mars 2021 (Photo, AFP).
Le président irakien Barham Saleh rencontrant le pape François au palais présidentiel de la zone verte de Bagdad le 5 mars 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 06 mars 2021

Visite du pape François en Irak: un message d'espoir aux Irakiens de toutes confessions

  • Le «pèlerinage» de trois jours intervient malgré une récente flambée des cas de coronavirus en Irak et une recrudescence de la violence
  • L'étape la plus attendue de la visite se déroulera samedi, lorsque François se rendra à Nadjaf, la ville sanctuaire où est enterré l'Imam Ali, le quatrième calife islamique

ROME: Le pape François, chef de l'Église catholique romaine, est le premier pontife à se rendre en Irak, où il espère encourager la communauté chrétienne en déclin à rester dans leur ancienne patrie tout en tendant la main de l'amitié au monde islamique. 

Le «pèlerinage» de trois jours intervient malgré une récente flambée des cas de coronavirus en Irak et une recrudescence de la violence. François arrive quelques jours à peine après une attaque à la roquette sur la base d'Ain al-Assad dans le désert occidental de l'Irak, qui abrite les troupes de la coalition dirigée par les États-Unis. 

Un entrepreneur civil a été tué dans le barrage de mercredi, que les États-Unis ont imputé aux milices soutenues par l'Iran. Benoît XVI, qui a démissionné de son poste de pontife il y a huit ans, a averti lundi dans une interview que la visite était «un voyage dangereux: pour des raisons de sécurité ainsi que la montée du coronavirus». 

Confirmant que la visite était maintenue, lors de son discours hebdomadaire de mercredi, François a déclaré: «Depuis longtemps, je souhaite rencontrer ces personnes qui ont tant souffert. Je vous demande d'accompagner ce chemin apostolique de vos prières afin qu'il se déroule de la meilleure façon possible et porte les fruits espérés. Les Irakiens nous attendent, ils attendaient saint Jean-Paul II, à qui il fut interdit de partir. On ne peut pas décevoir un peuple pour la deuxième fois. Prions pour que ce voyage soit couronné de succès.» 

Il s’agit du premier voyage de François à l’étranger en près de quinze mois, en raison de la pandémie de coronavirus et des restrictions de mouvement qui en découlent. Bien que le pontife argentin âgé de 84 ans et son entourage aient tous été vaccinés contre la Covid-19, aucune campagne de vaccination de ce type n'a eu lieu en Irak. La majorité du pays sera strictement fermée lors de sa visite et les déplacements entre les provinces seront limités. 

Mardi, un porte-parole du pape a déclaré qu'il voyagerait dans un véhicule blindé – et non dans sa «papamobile» blanche habituelle – et qu'il ne rencontrerait pas les foules, à l'exception de ceux qui assisteront à la messe dans la ville kurde du nord d'Erbil dimanche. 

«C’est une situation particulière, c’est pourquoi les transports se feront tous dans un véhicule fermé, ce qui signifie qu’il sera compliqué de voir le pape dans les rues», a déclaré Matteo Brunei, le porte-parole, lors d’un point de presse auquel a participé Arab News. «Il y aura un certain nombre de rencontres, mais aucune ne comptera plus de quelques centaines de personnes.» 

François a atterri à Bagdad vendredi, accueilli à l'aéroport par Mustafa al-Kadhimi, le Premier ministre irakien, lors de la première rencontre entre un pape et un Premier ministre irakien depuis 2008. 

Il se rend au palais présidentiel pour une rencontre privée avec le président Barham Salih, qui le présentera aux autorités politiques et religieuses locales. Le président a rencontré le pape à Rome à deux reprises: la première fois, le 24 novembre 2018 et de nouveau le 25 janvier l'année dernière. 

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Le pape François commence son voyage historique dans un Irak marqué par la guerre, défiant les préoccupations sécuritaires et la pandémie de coronavirus pour réconforter l'une des communautés chrétiennes les plus anciennes et les plus persécutées au monde (Photo, AFP) 

Le pape François rencontre la communauté chrétienne à la cathédrale catholique syrienne de Notre-Dame du Perpétuel Secours, dans laquelle au moins 47 chrétiens sont morts dans une attaque de Daech en 2010. Dans l'église restaurée en 2012, le pape est accueilli par le patriarche Joseph Younan. 

L'étape la plus attendue de la visite se déroulera samedi, lorsque François se rendra à Nadjaf, la ville sanctuaire où est enterré l'Imam Ali, le quatrième calife islamique. François y rencontrera le grand ayatollah Ali al-Sistani, âgé de 90 ans, le chef spirituel des chiites irakiens. 

François est le premier pape qui ait visiter la péninsule Arabique il y a deux ans, lorsqu'il a rencontré le religieux sunnite cheikh Ahmed al-Tayeb, le grand imam d'Al-Azhar, à Abu Dhabi. Les deux chefs religieux ont signé à cette occasion un document sur «la fraternité humaine pour la paix dans le monde» et ont lancé un appel conjoint à la liberté de croyance. 

EN CHIFFRE

Environ 1 445 km: la distance parcourue par le pape François en Irak en avion et en hélicoptère. 

La visite de samedi à Nadjaf sera la première rencontre en face à face entre un pontife catholique et un ayatollah chiite. La réunion dans la modeste maison d’Al-Sistani est présentée comme une «visite de courtoisie» – aucune déclaration commune n’est donc attendue, bien qu’une déclaration orale soit probable. Elle marquera néanmoins un moment symbolique où le pape tendra une main symbole d'amitié à l'autre branche principale de l'islam. 

Il existe cependant des nuances géopolitiques importantes. Ali al-Sistani est largement considéré comme un contrepoids à l’influence de l’Iran en Irak et parmi les chiites dans leur ensemble. En le rencontrant, François reconnaît effectivement Ali al-Sistani comme la voix prééminente de l’islam chiite sur son puissant rival, le guide suprême iranien Ali Khamenei. 

Al-Sistani jouit d’un immense respect au sein de la majorité chiite. Des milliers de jeunes hommes ont tenu compte de sa fatwa de 2014 pour prendre les armes contre Daech lorsque le groupe a fait des avancées fulgurantes dans le nord du pays. Ses sermons, souvent prononcés par l'intermédiaire de représentants, peuvent avoir des conséquences politiques considérables. 

Une démonstration de solidarité de la part d’Ali al-Sistani pourrait aussi permettre aux chrétiens d’Irak de bénéficier d’une certaine protection contre les milices chiites en maraude en Irak, qui ont terrorisé les familles chrétiennes et empêché de nombreuses personnes de rentrer chez elles après avoir été déplacées à l'intérieur du pays. 

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Le ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein, tient une conférence de presse à l'hôtel Babylon dans la capitale Bagdad, le 4 mars 2021, à la veille de la première visite papale dans le pays (Photo, AFP) 

À la suite de sa rencontre avec Al-Sistani, François visitera l'ancienne ville d'Ur, dans l'actuelle province méridionale de Dhi Qar, considérée dans la Bible comme le lieu de naissance d'Abraham. 

Une réunion interreligieuse y est prévue avec des représentants de toutes les confessions présentes en Irak, y compris les Yézidis – une culture ancienne conduite au bord de l'anéantissement par les fanatiques de Daech, lorsque le groupe terroriste a lancé une campagne de massacres et de viols dans leur patrie de Sinjar en août 2014. 

Samedi après-midi, François célébrera la messe dans la cathédrale chaldéenne de Bagdad – une première dans le rite chaldéen pour un pontife de l’Église catholique – avec le cardinal Louis Raphael Sako, patriarche des Chaldéens. 

Le pape François a déclaré jeudi dans un message vidéo qu'il voulait être vu par le peuple irakien comme un «pèlerin pénitent» demandant à Dieu «pardon et réconciliation après des années de guerre et de terrorisme» et «la consolation des cœurs et la guérison des blessures.» 

François se rendra dimanche à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, où il sera accueilli par le président de la région autonome, Nechirvan Barzani, et le Premier ministre, Masrour Barzani. Bien que la sécurité soit bien meilleure à Erbil que dans d'autres villes irakiennes, des cibles occidentales y ont été attaquées à la roquette à la mi-février. 

La région du Kurdistan, à majorité musulmane sunnite, a longtemps été considérée comme un sanctuaire pour les minorités ethnoreligieuses persécutées en Irak. Pendant la guerre avec Daech, des dizaines de milliers de chrétiens et de Yézidis ont fui vers des camps de déplacés construits à la hâte derrière les lignes peshmergas. La lenteur des efforts de reconstruction et les problèmes de sécurité persistants ont laissé de nombreuses personnes dans l’attente de leur retour. 

Depuis Erbil, François se rendra en hélicoptère à Mossoul, la capitale de la province de Ninive, qui de 2014 à 2017, fut la capitale de facto du califat autoproclamé de Daech. De vastes zones de ce carrefour commercial autrefois florissant ont été rasées par la coalition dirigée par les États-Unis pour récupérer la ville, et nombre de ses précieux objets religieux ont été vandalisés par les fanatiques de Daech. 

François y priera pour honorer les victimes sur la place des quatre églises – syro-catholique, syriaque orthodoxe, arménienne orthodoxe et chaldéenne. Il y sera accueilli par l’archevêque de Mossoul, Najib Mikhael Moussa, et le gouverneur local. 

Il se rendra ensuite en hélicoptère vers Karakosh, une ville à majorité chrétienne, depuis laquelle, du 6 au 7 août 2014, quelque 45 000 personnes ont été expulsées par les hordes de Daech. Il prononcera la prière dominicale de l'Angélus dans l'église de l'Immaculée Conception, qui a été gravement endommagée par Daech et utilisée comme champ de tir. 

La messe au stade Franso Hariri d’Erbil sera le dernier rendez-vous de François en Irak. Il doit rentrer lundi à Rome depuis Bagdad. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'Egypte envoie une délégation en Israël, pour parler d'une trêve à Gaza selon des médias

Les bombardements israéliens de Gaza ont tué plus de 34 000 Palestiniens, dont environ les deux tiers étaient des enfants et des femmes. (Reuters)
Les bombardements israéliens de Gaza ont tué plus de 34 000 Palestiniens, dont environ les deux tiers étaient des enfants et des femmes. (Reuters)
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  • Une délégation venue d'Egypte, l'un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de sécurité
  • Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations au point mort et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de dizaines d'otages retenus à Gaza

JÉRUSALEM: Une délégation égyptienne est attendue vendredi en Israël pour tenter, selon des médias, de relancer les négociations sur une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d'otages, pendant que se prépare une offensive israélienne sur Rafah.

La guerre entre Israël et le Hamas qui fait rage depuis le 7 octobre dans le territoire palestinien a fait au moins 51 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste. Un correspondant de l'AFP a été le témoin vendredi d'un tir de missiles sur une maison de la ville de Gaza, qui a fait au moins trois morts.

La guerre s'accompagne d'une flambée des violences à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où l'armée israélienne a annoncé vendredi la mort d'un civil.

Israël se prépare pendant ce temps à lancer une offensive terrestre dans la ville surpeuplée de Rafah, frontalière avec l'Egypte, dans le sud de la bande de Gaza, que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, considère comme le dernier grand bastion du Hamas.

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent un bain de sang dans cette ville, devenue un refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens, entassés pour beaucoup dans des camps de tentes, sans eau ni électricité, où ils commencent à souffrir de la chaleur après avoir enduré le froid de l'hiver.

Après six mois et demi de bombardements et de combats au sol, Israël estime que le Hamas dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah.

Une délégation venue d'Egypte, l'un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de "sécurité", selon une source proche du gouvernement.

Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations au point mort et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de "dizaines" d'otages retenus à Gaza.

Selon la chaîne Al-Araby, il s'agit aussi d'appuyer les efforts déployés par l'Egypte pour empêcher une offensive sur Rafah.

Tirs à la frontière libanaise

A la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont devenus quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, un puissant mouvement armé allié du Hamas et soutenu par l'Iran.

Des dizaines de milliers d'habitants ont fui les localités situées de part et d'autre de la frontière.

L'armée a annoncé vendredi qu'un civil israélien travaillant sur un chantier avait été tué près de la frontière par des missiles tirés du sud du Liban.

"Dans la nuit, des terroristes ont tiré des missiles antichar sur la zone d'Har Dov, dans le nord d'Israël", a affirmé l'armée.

Har Dov est le nom israélien des Fermes de Chebaa, une zone contestée située à la frontière entre le Liban et le plateau syrien du Golan, annexé par Israël.

Le Hezbollah affirme de son côté avoir mené "une embuscade complexe" contre un convoi israélien dans les "Fermes de Chebaa occupées" et avoir "détruit deux véhicules".

L'armée a indiqué avoir frappé "des cibles appartenant au Hezbollah dans la zone de Chebaa, dans le sud du Liban, notamment un arsenal et un lanceur" de missiles, ainsi que des "infrastructures opérationnelles" et une "enceinte militaire".

 "Un missile"puis un autre 

La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.356 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Vendredi à la mi-journée, un correspondant de l'AFP a vu des appareils tirer des missiles sur une maison du quartier Al-Rimal de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, et les corps d'un homme, d'une femme et d'un enfant être extraits des décombres.

"J'étais assis en train de vendre des cigarettes et soudain un missile est tombé, secouant toute la zone, suivi d'un autre missile, secouant à nouveau la zone. Nous nous sommes précipités pour voir ce qui s'était passé, et nous avons trouvé des martyrs, un homme, une femme et une petite fille", a également raconté à l'AFP un témoin qui n'a pas donné son nom.

Le correspondant de l'AFP a ensuite vu deux frappes aériennes successives toucher le quartier de Zeitoun, au sud-est de la ville de Gaza. Un épais panache de fumée s'élevait du quartier.

La "démocratie" 

La guerre qui a dévasté la bande de Gaza a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d'habitants, assiégé par Israël et menacé de famine.

Face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par la route depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, où des navires militaires ou civils pourront déposer leurs cargaisons.

Aux Etats-Unis, pays allié d'Israël, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise sur les campus, après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.

Ces manifestations d'étudiants pro-palestiniens font partie de la "démocratie", a affirmé vendredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, en visite en Chine.

 

 


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
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  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.