Liban: la monnaie locale atteint un minimum historique, la rue en colère

Une manifestante à Beyrouth le 2 mars 2021 lors d'une manifestation contre la détérioration des conditions économiques et sociales (Photo, AFP)
Une manifestante à Beyrouth le 2 mars 2021 lors d'une manifestation contre la détérioration des conditions économiques et sociales (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 03 mars 2021

Liban: la monnaie locale atteint un minimum historique, la rue en colère

  • Le Liban est englué dans sa pire crise économique, aggravée par une impasse politique et la pandémie de Covid-19
  • La livre libanaise a atteint mardi un minimum historique sur le marché noir, frôlant les 10 000 livres pour un dollar

BEYROUTH: La livre libanaise a atteint mardi un minimum historique sur le marché noir, frôlant les 10 000 livres pour un dollar et suscitant la colère de la rue dans un pays en plein effondrement économique.   

Officiellement, la monnaie locale reste indexée sur le billet vert au taux de 1 507 livres pour un dollar, observé depuis plus de deux décennies. Mais sur le marché noir, elle connaît depuis l'automne 2019 une dégringolade sans précédent. 

Mardi, le dollar s'échangeait pour 9 900 à 10 000 livres, ont indiqué plusieurs changeurs. 

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Des protestataires à Beyrouth le 2 mars 2021 lors d'une manifestation contre la détérioration des conditions économiques et sociales (Photo, AFP)

« C'est fou ce qui se passe », a déclaré l'un d'eux sous couvert d'anonymat. Le billet vert évoluait ces dernières semaines autour de 8 000-9 000 livres. En juillet 2020, il avait déjà atteint les 9 800 livres. 

Le Liban est englué dans sa pire crise économique, aggravée par une impasse politique et la pandémie de Covid-19. 

Ce plus bas de la livre libanaise a provoqué la colère de la rue. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs régions du pays, y compris à Beyrouth, à Tripoli (nord), Saïda (sud) et dans la Békaa (est). 

Des dizaines de manifestants en colère ont bloqué des routes, parfois à l'aide de pneus incendiés et de bennes à ordures renversées.  

Certains ont repris des slogans de la « révolution » du 17 octobre 2019, date du début d'un mouvement de contestation inédit contre une classe dirigeante inchangée depuis des décennies et accusée de corruption et d'incompétence. 

« J'appelle tout le monde à descendre dans la rue, la situation est devenue insoutenable », a lancé une manifestante au micro d'une chaîne locale sur la place des Martyrs à Beyrouth. 

« Nous resterons ici jusqu'à faire tomber cette classe (politique) corrompue avec à sa tête (le président) Michel Aoun », a renchéri un autre, un keffieh enroulé autour du cou.  

« Ils nous affament »  

La chute de la livre intervient au moment où la Banque centrale (Banque du Liban, BDL) a commencé à évaluer la situation financière des banques, sur fond de pressions internationales pour une restructuration du secteur bancaire. 

Les banques libanaises avaient jusqu'à dimanche pour augmenter leur capital de 20%, une des mesures réclamées par la BDL. 

Selon le quotidien Al-Akhbar, la chute de la livre est partiellement liée au retrait de dollars du marché par les banques pour satisfaire les demandes de la BDL. 

Les hashtags #dollar et #marchénoir arrivaient en tête des tendances Twitter au Liban mardi. 

La dépréciation a déjà entraîné depuis 2020 une hausse drastique des prix et la pauvreté touche désormais la moitié de la population. 

« Ils nous poussent à mendier, ils nous affament (...) Il y a eu l'explosion et ils n'ont toujours pas formé de gouvernement. Nous en avons marre de cette classe dirigeante », a déclaré un manifestant. 

Le pays attend depuis plus de six mois la formation d'un nouveau cabinet. Le gouvernement actuel a démissionné après l'explosion meurtrière et dévastatrice du 4 août au port de Beyrouth mais continue de gérer les affaires courantes. 

« La livre du #Liban s'effondre davantage -- l'impasse politique se poursuit et aucune politique pour enrayer l'effondrement », a déploré sur Twitter l'analyste Maha Yahya, du centre Carnegie Moyen-Orient. 

La crise économique au Liban affecte aussi la Syrie, où la livre syrienne a atteint un plus bas historique mardi, les banques libanaises ayant longtemps servi de base arrière pour l'approvisionnement en dollars du pays, étouffé par des sanctions occidentales et ravagé par dix ans de guerre. 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.