VIENNE: Les Européens ont choisi de durcir le ton face à l'Iran et vont soumettre cette semaine à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) une résolution condamnant la récente suspension par Téhéran de certaines inspections, ont rapporté lundi des sources diplomatiques.
Dans ce texte, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne (groupe appelé E3) « expriment leurs vives inquiétudes » et « appellent l'Iran à reprendre immédiatement » l'ensemble du programme d'inspections prévu par l'accord de 2015.
Appuyée par les Etats-Unis, la résolution devrait être soumise au vote du Conseil des gouverneurs de l'AIEA vendredi, mais elle ne fait pas l'unanimité parmi les autres signataires du pacte, Moscou et Pékin en tête.
La Russie a ainsi mis en garde contre « des mesures maladroites et irresponsables susceptibles de miner les perspectives d'un rétablissement intégral » de l'accord « dans un futur proche », selon un tweet de l'ambassadeur russe Mikhail Ulyanov.
Résolution jugée « contreproductive »
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait auparavant dénoncé « une mauvaise manœuvre ».
Cette initiative, « prise au total mépris des échanges constructifs avec l'Agence, serait absolument contreproductive et destructive », avait prévenu la République islamique dans une note informelle adressée aux Etats membres.
En cas d'adoption du texte, l'Iran a menacé de « mettre fin » à l'accord technique temporaire conclu le 21 février avec l'AIEA, permettant à l'agence onusienne de maintenir une surveillance, bien que réduite, le temps que les pourparlers diplomatiques reprennent.
« C'est le risque à prendre », a réagi un diplomate. Il s'agit d'une question de « crédibilité » du Conseil des gouverneurs de l'agence, qui ne peut, selon lui, céder au « chantage des Iraniens ».
Mais l'Iran argue de son côté avoir « accordé de bonne foi un répit à l'autre partie », en acceptant de fournir à l'AIEA l'ensemble des données des caméras et autres outils de contrôle si les sanctions sont levées d'ici à trois mois.
Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, avait un peu plus tôt appelé devant la presse à « préserver » le travail d'inspection, qui ne saurait être utilisé comme « une monnaie d'échange dans les négociations ».
Il a décrit la limitation des contrôles comme une « perte immense », même si les agents sur place ont pour l'heure les moyens de continuer à vérifier la nature pacifique du programme nucléaire iranien.
Malgré ce contretemps, les Européens ont réaffirmé leurs efforts pour renouer le dialogue.
La France a « regretté » ce refus iranien d'une réunion informelle. « Nous demeurons pleinement mobilisés pour travailler avec nos partenaires E3 à toute solution négociée » en vue de rétablir pleinement l'accord nucléaire, a déclaré une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Même tonalité du côté de l'Allemagne, qui a dit œuvrer avec Paris et Londres « à ce que les discussions constructives entre les participants actuels au JCPOA et les Etats-Unis aient lieu ».