La troïka européenne somme Téhéran de coopérer avec l'AIEA

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Mariano Grossi (à droite), s'entretient avec le porte-parole de l'Agence atomique iranienne, Behrouz Kamalvandi, à son arrivée à l'aéroport Imam Khomeini de Téhéran, en Iran (Photo, Organisation iranienne de l'énergie atomique via AP).
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Mariano Grossi (à droite), s'entretient avec le porte-parole de l'Agence atomique iranienne, Behrouz Kamalvandi, à son arrivée à l'aéroport Imam Khomeini de Téhéran, en Iran (Photo, Organisation iranienne de l'énergie atomique via AP).
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Publié le Mercredi 24 février 2021

La troïka européenne somme Téhéran de coopérer avec l'AIEA

  • Téhéran a officiellement lancé les restrictions de l’inspection internationale de ses installations nucléaires
  • Grossi affirme que le processus avec l'Iran n'a pas donné de résultats positifs pour l'instant

LONDRES: La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont déclaré mardi qu’ils «regrettent profondément» la décision de l’Iran de restreindre les inspections des sites par l'organisation de surveillance nucléaire de l’ONU, après le refus des États-Unis de lever les sanctions en vigueur.

Les trois signataires européens de l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran ont indiqué qu’ils «s’accordent sur le caractère dangereux de cette décision».

«Cela ne fait que limiter d’une façon considérable l’accès de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) aux sites et aux informations relatives aux garanties», ont-ils ajouté.

La déclaration des nations européennes survient au lendemain des critiques de Washington lundi sur la décision de Téhéran de limiter l'accès de l'AIEA.

«Nous exhortons l'Iran à arrêter et revenir sur toutes les mesures qui réduisent la transparence, et à veiller à coopérer pleinement et en temps opportun avec l'AIEA», ont signalé le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne.

Les trois pays ont aussi ajouté que leur objectif reste de préserver l'accord de 2015, connu sous le nom du Plan d'action global conjoint (PAGC), qui stipule la levée des sanctions économiques contre Téhéran en échange d'accords sur les limites de son programme nucléaire.

Les signataires européens, qui ont maintenu l'accord même après le retrait des États-Unis sous l'ancien président Donald Trump en 2018, ont révélé qu'ils «soutiendraient les efforts diplomatiques en cours pour une solution permettant le retour de l'Iran et des États-Unis au plein respect de l’accord nucléaire».

Biden a indiqué qu'il est prêt à relancer l'accord nucléaire, mais insiste pour que Téhéran revienne d'abord à tous ses engagements.

L'administration américaine se dit disposée à se joindre aux négociations menées par l'UE avec l'Iran dans le but de trouver un compromis.

L'Iran insiste qu'il limite les inspections parce que les sanctions de l'ère Trump n’ont pas été levées à la suite des pourparlers de dimanche, à Téhéran, avec le directeur de l'AIEA Rafael Grossi. La réunion devait jeter les bases d’une discussion politique.

«Nous constatons l’importance de la conclusion d'un accord bilatéral temporaire entre l'AIEA et l'Iran, et qui préserve jusqu'à trois mois la possibilité d'accéder à certaines informations», ont déclaré le Royaume-Uni, la France et la Grande-Bretagne, dans une allusion à la visite de Grossi à Téhéran.

Les modifications du système de surveillance et d'inspection de l'AIEA, votées par le parlement iranien à majorité conservatrice l'an dernier, sont les dernières d'une série de mesures de rétorsion que Téhéran a adoptées en réponse au retrait de Trump de l'accord en 2018.

Lundi, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que Téhéran pourrait enrichir de l'uranium jusqu'à 60% de pureté en cas de besoin. Il a ajouté que le pays ne cédera jamais à la pression américaine au sujet de son programme nucléaire, selon la télévision de l’État.

Cela dépasserait de loin la limite de 3,67% que l'Iran a acceptée dans le cadre de l'accord de 2015, mais serait toujours en dessous des 90% requis pour la fabrication d’une bombe atomique.

«Nous regrettons profondément que l'Iran ait commencé, dès aujourd'hui, à suspendre le Protocole additionnel et les mesures de transparence dans le cadre du Plan d'action global conjoint (PAGC)»,se désolent les ministres des Affaires étrangères de la France, de l'Allemagne, ainsi que de la Grande-Bretagne.

L’organisme de surveillance atomique de l’ONU s’est également déclaré «profondément préoccupé» par la présence éventuelle de matières nucléaires sur un site non déclaré en Iran.

«L'agence est profondément préoccupée par le fait que des matières nucléaires non déclarées aient pu être présentes à cet endroit non dévoilé et que ces matières nucléaires restent non divulguées par Téhéran conformément à son accord de garanties», a révélé un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique vu par l'AFP.

«Après 18 mois, l'Iran n'a encore pas fourni l'explication nécessaire, complète et techniquement crédible au sujet de la présence de particules de matière nucléaire dans le site», a indiqué le rapport.

Le site en question se trouve dans le district de Turquzabad à Téhéran, identifié par Israël comme un site présumé d'activité atomique secrète.

Des sources affirment que rien n'indique que le site a été utilisé pour le traitement de     l'uranium, mais qu'il aurait pu être utilisé pour le stocker jusqu'à la fin de 2018.

Dans un rapport distinct également publié mardi, l’AIEA a confié que le stock d’uranium enrichi de l’Iran dépasse désormais quatorze fois la limite fixée dans son accord de 2015 avec les puissances mondiales.

D’après le rapport, au 16 février, le stock total d’uranium enrichi de l’Iran était de 2 967,8 kilogrammes.

La limite de l'accord de 2015 a été fixée à 300 kilos (660 livres) d'uranium enrichi sous une forme composée particulière, ce qui équivaut à 202,8 kilos d'uranium sous forme non composée.

Pendant ce temps-là, Grossi a décrit mardi les modalités de son accord du week-end avec Téhéran sur la surveillance continue de ses activités nucléaires pour une période pouvant aller jusqu’à trois mois. L’entente stipule que les données seront recueillies, mais que son agence ne pourra y accéder qu’à une date ultérieure.

«C'est un système qui nous permet de continuer à surveiller et à enregistrer toutes les activités clés qui se déroulent tout au long de cette période afin que nous puissions éventuellement récupérer toutes ces données», a déclaré le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, lors d'un événement organisé par la US Nuclear Threat Initiative.

«Autrement dit, nous saurons exactement ce qui s'est passé, exactement et combien de composants ont été fabriqués ainsi que la quantité de matière qui a été préparée, traitée ou enrichie, et ainsi de suite».

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a déclaré qu'une nouvelle loi est entrée en vigueur ce mardi matin, en vertu de laquelle l'Iran ne partagera plus les images de surveillance de ses installations nucléaires avec l'agence onusienne.

«Nous ne leur avons jamais donné de vidéo en direct, mais (des enregistrements) ont été fournis quotidiennement et hebdomadairement», explique Zarif à propos de l’accès de l’AIEA aux informations enregistrées par des caméras. «L'enregistrement original de notre programme (nucléaire) sera évidemment conservé en Iran».

L’Organisation iranienne de l’énergie atomique, l’agence nucléaire civile de Téhéran, a promis de conserver les bandes d’enregistrement pendant trois mois, puis de les remettre à l’AIEA, mais seulement si les sanctions sont levées. Sinon, l'Iran a promis de les effacer, obstruant toute initiative vers une percée diplomatique.

(Avec AFP, AP et Reuters)

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.