WASHINGTON : Les revenus des ménages américains ont fait un bond quasi-inédit en janvier, grâce aux chèques de 600 dollars du gouvernement, mais cet argent n'a été que peu dépensé à cause des restrictions liées à la Covid-19, des économies qui préparent le terrain pour une consommation effrénée dès le printemps avec la vaccination.
Leurs revenus ont grimpé de 10% en janvier par rapport à décembre. Depuis 1959, seul le mois d'avril 2020 avait connu un bond plus élevé, +12,4%, grâce aux aides du premier plan de relance lié à la Covid-19.
Cette fois aussi, la hausse exceptionnelle a été poussée par les aides publiques, via le plan adopté fin 2020. Des chèques de 600 dollars par personne ont été envoyés et les allocations chômage ont été étendues et rehaussées de 300 dollars par semaine.
« La quasi-totalité de cette hausse (des revenus) (...) peut être attribuée aux chèques de relance et à une augmentation des allocations chômage. Les chèques de relance se taillent la part du lion de ces gains », a commenté Diane Swonk, économiste pour Grant Thornton, dans une note..
« Les revenus personnels ont été stimulés par les versements du plan de relance de décembre. Les salaires, en revanche, n'ont augmenté que de 0,8% », détaille Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics.
Mais que faire de cet argent, quand les restaurants, bars, salles de gym ne fonctionnent toujours que très partiellement, voire pas du tout, et que les possibilités de voyages sont limitées ?
« De l'argent a fini dans la tirelire, une partie a été utilisée pour rembourser des dettes, et un bon morceau a servi à réapprovisionner, faire le plein, repenser et faire revivre les anciennes habitudes de consommation », énumère Lydia Boussour, analyste pour Oxford Economics.
6 149 milliards
Les dépenses n'ont ainsi augmenté que de 2,4% en janvier, et une large partie des fonds a été économisée en attendant des jours meilleurs qui ne devraient pas tarder à arriver. Les Américains ont mis de côté 6 149 milliards de dollars le mois dernier, faisant grimper le taux d'épargne à 20,5%.
Les ménages sont ainsi de nouveau assis sur d'importantes réserves dans lesquelles ils vont pouvoir piocher avec la réouverture de l'économie, ce qui est susceptible de donner un coup de fouet à l'activité.
Soutenu par les campagnes de vaccination en cours qui devraient permettre un retour progressif à un niveau d'activité plus normal, le rebond pourrait durer.
D'autant plus qu'un troisième plan de relance, de 1.900 milliards de dollars et défendu par Joe Biden, est en passe d'être adopté au Congrès, ce qui va encore faire gonfler les économies, mais aussi la consommation.
Les risques d'une reprise inéquitable sont en revanche élevés, et les ménages les moins aisés montrent une confiance limitée dans l'avenir proche, comme en témoigne l'enquête mensuelle de l'Université du Michigan publiée vendredi.
Inflation
Autre risque : la forte hausse de la demande attendue dès le printemps risque de faire grimper les prix, puisque les usines ne pourront pas tourner assez vite pour fournir suffisamment.
Cela alimente depuis plusieurs semaines les craintes d'une inflation galopante, qui n'est toutefois pas encore visible. En janvier en effet, les prix à la consommation ont progressé de 0,3% seulement sur un mois, un peu moins vite même qu'en décembre.
Sur un an toutefois, l'inflation s'accélère un peu, à 1,5%, selon l'indice PCE, mais reste loin de l'objectif de 2% annuels que vise la Banque centrale américaine (Fed).
La hausse devrait être particulièrement élevée en mars et en avril, estiment des économistes, pas en valeur absolue mais en comparaison avec mars et avril 2020, lorsque les prix avaient reculé, à cause des mesures de confinement massives déployées face à la Covid-19.
Ces craintes d'inflation ont semé un vent de panique sur les Bourses mondiales et entraîné une forte progression des taux d'emprunt sur la dette publique.