Coup de théâtre palestinien : Le Hamas aurait « souscrit à la résistance pacifique »

Un Palestinien marche près du mur de séparation israélien à Abu Dis, le 16 février 2021. (AFP).
Un Palestinien marche près du mur de séparation israélien à Abu Dis, le 16 février 2021. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 25 février 2021

Coup de théâtre palestinien : Le Hamas aurait « souscrit à la résistance pacifique »

  • M. Abbas tient à montrer qu’il peut apprivoiser le Hamas et être un partenaire viable pour des pourparlers de paix avec Israël qui conduiraient, espère-t-il, à l’émergence d’un État palestinien indépendant
  • Le changement du Hamas remonte à 2014, lorsque Yihya Sinwar en est devenu le chef à Gaza

JERUSALEM/RAMALLAH : Le numéro deux du mouvement Fatah palestinien Jibril Rajoub a affirmé à Arab News en français que le Hamas aurait « accepté de limiter sa confrontation avec Israël à une résistance pacifique », une décision qui sans nul doute est de nature à provoquer des ondes de choc tant parmi les Palestiniens que les Israéliens, si elle se concrétise.

Rajoub, secrétaire général du comité central du mouvement Fatah et aide de camp du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a récemment mené des discussions qui auraient abouti à l’adoption d’une stratégie commune entre factions autrefois rivales. Rajoub confirme à Arab News en français ce spectaculaire changement de cap, tout comme le membre du bureau politique du Hamas Hussam Badran. Ce dernier nous a de son côté indiqué que le Hamas – plus connu pour avoir fait exploser des bus, tiré des roquettes sans discernement et prôné la destruction d’Israël que pour ses aspirations pacifiques -  entrerait dans une phase nouvelle et différente qui mettrait dorénavant l’accent sur une «résistance populaire pacifique globale».

Ce changement, conçu et concrétisé par Abbas et Rajoub comme l’affirment des sources concordantes, pourrait faire naître l’espoir d’une nouvelle ère plus pacifique, s’il venait à être concrétisé. Au cours des quinze dernières années Israël et le Hamas - qui dirige la bande de Gaza - se sont affrontés, dans trois guerres qui ont décimé les civils de Gaza et transformé le sud d’Israël en une cible privilégié pour les roquettes du Hamas.

Il reste à voir comment le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu - qui cherche à être réélu le mois prochain en dépit d’une série d’accusations de corruption -  et la nouvelle administration Biden réagiront à cet éventuel changement.

« Résistance populaire pacifique globale »

Pour sa part, M. Abbas voudrait montrer qu’il peut « apprivoiser » le Hamas et être un partenaire viable pour de véritables pourparlers de paix avec Israël. Il espère que ceux-ci conduiraient, à terme, à l’émergence d’un État palestinien indépendant.

Hussam Badran affirme à Arab News en français que les Palestiniens détiennent toujours le droit de résister à l’occupation «une résistance sous toutes ses formes et par tous les moyens». Mais il ajoute: «Nous, Palestiniens, travaillons à ce stade sur l’activation et le développement d’une résistance populaire globale. L’accent sera davantage mis sur l’approche d’une résistance populaire pacifique globale.»

Le Fatah et le Hamas ont dominé les pourparlers des réunions auxquelles participaient quatorze factions palestiniennes en septembre dernier et début février. Au cours de celles-ci, un consensus se serait dégagé sur la résistance pacifique populaire, exception faite de la faction extrémiste mais relativement petite du Djihad islamique, qui a d’ailleurs condamné ces derniers jours ce revirement stratégique du Hamas.

Celui-ci interviendrait alors que les élections législatives appelées par Abbas sont prévues pour mai et la présidentielle pour juillet. Des élections au sein du Conseil national palestinien (PNC) sont également planifiées, auxquelles prendront part également des représentants de la diaspora palestinienne.

Pour M. Abbas et les dirigeants du Hamas, le mouvement islamiste serait sur le point de se joindre à l’OLP. Cela signifie qu’il reconnaîtrait officieusement – et non pas officiellement -  Israël et les accords signés par l’OLP avec l’Etat hébreu, y compris l’accord d’autonomie d’Oslo de 1993, que le Hamas a rejeté dans le passé avec véhémence comme étant une « vente » désastreuse.

Le Fatah désormais seul représentant

La première réunion des chefs de factions s’est tenue à Ramallah et a été présidée par M. Abbas, avec la participation du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, depuis Beyrouth, via vidéoconférence. La deuxième réunion, qui a confirmé la décision de se conformer à la résistance pacifique, s’est déroulée au Caire sous les auspices des services de renseignements égyptiens, avec le soutien personnel du président égyptien, Abdel Fatah al-Sissi.

Dans leur déclaration conjointe, les factions auraient confirmé leur engagement envers la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies, que les Palestiniens considèrent comme imposant le «droit au retour» des réfugiés de la nakba. Durant la guerre israélo-arabe de 1947-1949 qui a donné naissance à l’Etat Israël et dépossédé les Palestiniens, quelque 700 000 Palestiniens ont été expulsés ou ont fui les combats.

Israël considère pour sa part le droit au retour comme une menace directe puisque le retour des réfugiés inonderait son territoire. Toutefois, M. Abbas, lui-même réfugié, a cherché à rassurer en affirmant qu’une telle intention n’existait pas.

Quant à Jibril Rajoub, qui a passé dix-sept ans dans les prisons israéliennes, il confirme à Arab News que « le Hamas aurait abandonné la résistance violente », en ajoutant sur un ton sarcastique : «Suis-je le porte-parole du Hamas. Non.»

«Nous avons fait une proposition lors de la réunion du Secrétaire général [des factions] et le Hamas a accepté la déclaration officielle.» La déclaration ferait référence à l’OLP comme  «seul représentant légitime du peuple palestinien», une concession majeure du Hamas, qui a longtemps cherché à se poser comme le chef authentique et intransigeant des Palestiniens et a appelé à la libération de l’ensemble du territoire aujourd’hui aux mains des israéliens.

«Le changement du Hamas remonte à 2014, lorsque Yihya Sinwar en est devenu le chef à Gaza», indique le politologue israélien Menachem Klein, grand spécialiste de la politique palestinienne. Comme Rajoub, Sinwar a purgé une longue peine de prison en Israël pour ce qu’il qualifie d’activités de résistance, mais qui sont considérées comme du terrorisme par Israël et une grande partie de la communauté internationale. Sinwar, qui a développé une tumeur au cerveau en prison – retirée avec succès par des chirurgiens israéliens –, est largement respecté par les combattants de l’aile militaire du Hamas Izzedin al-Qassam, ce qui lui donne la légitimité nécessaire pour opérer un changement potentiellement historique.

Il espère que cela conduira à la levée des fermetures paralysantes par Israël et l’Égypte de la bande de Gaza, où le chômage monte en flèche. Et où la population a cruellement besoin de vaccins contre le coronavirus, dont Israël dispose d’ailleurs d’un excédent mais qu’il n’a pas fourni en dépit de son obligation de le faire en vertu de la quatrième convention de Genève.

Le service de presse israélien Ynet a publié cette semaine une lettre du ministre de l’Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, adressée au responsable du département d’État américain Fadi Amr, le nouvel homme de liaison de l’administration Biden sur les affaires israéliennes et palestiniennes, au nom de factions dont le Fatah et le Hamas. La lettre précise que l’objectif palestinien est un État en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est (et non pas toute la Palestine telle qu’elle a été définie par le mandat britannique). Selon Mkhaimar Abusada, politologue à l’université Al-Azhar, cette missive, qui ne fait aucune mention du droit au retour des réfugiés ou de la résolution 194 de l’ONU, est sans doute authentique.

La lettre, au contenu de laquelle aurait souscrit le Hamas, appelle à «un engagement envers les normes du droit international» et à «un engagement à la résistance populaire pacifique».

«C’est probablement vrai», explique M. Abusada à propos de la lettre publiée. «L’Autorité palestinienne tente d’ouvrir des ponts avec l’administration Biden.»

«Il existe un canal de communication entre Hussein al-Cheikh et Hadi Amr», poursuit Mkhaimar Abusada. Amr a refusé d’être interviewé pour cet article.

Interrogé sur la position de l’armée israélienne à l’égard du Hamas et de Gaza, le porte-parole de l’armée israélienne, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, a déclaré: «Les forces de défense israéliennes continuent d’être prêtes à affronter divers scénarios et développements et nous considérons l’organisation terroriste Hamas responsable de toute menace émanant de la bande de Gaza vers Israël.»

«Le but est de parvenir à la stabilité et à la sécurité et d’avoir la prospérité des deux côtés de la frontière», explique-t-il.

(Mohammed Najib de Ramallah, Ben Lynfield de Jérusalem)


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
Short Url
  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

Short Url
  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
Short Url
  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.