AGEN: Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en vacances en Lot-et-Garonne, a rencontré mardi à Agen une délégation de représentants de la communauté harkie, anciens auxiliaires de l'armée française en Algérie, soucieux de ne pas « passer à la trappe » dans le travail de mémoire en cours. Aucune communication officielle n'a été prévue sur cette « réunion technique ».
Le président du Comité national de liaison des harkis (CNLH) Boaza Gasmi, ainsi que le président de l'association « Les Harkis et leurs amis » André Hazni, ont également participé à la réunion, selon Mohamed Badi, porte-parole du CNLH.
Au ministre, petit-fils de tirailleur algérien et résistant, et qu'ils ont trouvé « à l'écoute », les représentants harkis ont renouvelé leur demande d'une « loi portant reconnaissance aux harkis, avec réparations incluses », a précisé M. Badi.
Les délégués ont aussi exprimé à M. Darmanin leur « inquiétude » à propos de la mission sur la mémoire de la guerre d'Algérie, récemment confiée par Emmanuel Macron à l'historien Benjamin Stora, en vue de favoriser la réconciliation entre les peuples français et algériens ».
« La confiance n'est pas totale », a déclaré M. Badi, qui craint de voir « la question harkie passer à la trappe », face au rapprochement politique et diplomatique entre Paris et Alger. Il s'interroge également sur une « réelle ouverture » des archives algériennes sur les exécutions et tortures de harkis livrés à leur sort en Algérie après le départ de l'armée française.
La préfecture du Lot-et-Garonne a qualifié l'entretien de mardi de « réunion technique », sur laquelle aucune communication officielle n'est prévue.
Un noyau important de la communauté harkie est basé en Lot-et-Garonne, où se situait un « Centre d'accueil de rapatriés d'Algérie », le camp de Bias.
Ce camp, après les accords d'Evian, accueillit, pendant plus de 20 ans, jusqu'à 1.300 personnes à la fois, dans des conditions de vie jugées "indignes" par le Conseil d'Etat en 2018 dans une première condamnation à forte valeur symbolique, sur une demande de réparation d'un fils de harkis.
Ces dernières années, plusieurs gestes de mémoire ou aides envers les harkis ont été tenus. Par exemple, le déblocage en 2018 de 40 millions d'euros sur quatre ans, visant à revaloriser les pensions d'anciens combattants et aider ceux de leurs enfants en précarité. Des mesures -et un montant- que les représentants harkis jugent largement insuffisants.