La sécurité du Capitole n'était pas adaptée pour contrer «des criminels prêts pour la guerre»

Les services de renseignement américains avaient sous-estimé les risques pesant sur le Capitole le 6 janvier (Photo, AFP).
Les services de renseignement américains avaient sous-estimé les risques pesant sur le Capitole le 6 janvier (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 24 février 2021

La sécurité du Capitole n'était pas adaptée pour contrer «des criminels prêts pour la guerre»

  • Les défaillances des services de renseignement et la lenteur du Pentagone à déployer des renforts seraient à l'origine du drame
  • Après l'acquittement de Donald Trump, le Congrès a ouvert une nouvelle phase d'enquête pour comprendre comment l'impensable a pu se produire

WASHINGTON: Les services de renseignement américains avaient sous-estimé les risques pesant sur le Capitole le 6 janvier, si bien que le dispositif de sécurité n'était pas adapté pour contrer « des criminels prêts pour la guerre », ont admis mardi de hauts responsables lors d'une audition au Sénat.

Après l'acquittement de Donald Trump, accusé d'avoir incité ses partisans à attaquer le siège de la démocratie américaine, le Congrès a ouvert une nouvelle phase d'enquête pour comprendre comment l'impensable a pu se produire, afin d'éviter que cette « sombre journée » ne se reproduise.

Au premier jour de leurs efforts, les élus de deux commissions sénatoriales ont entendu de hauts responsables de la sécurité du Capitole dont certains, démissionnaires, n'avaient jamais pris la parole publiquement depuis cet assaut.

Au-delà de désaccords sur leurs rôles respectifs, ils ont tous mis en cause les défaillances des services de renseignement et la lenteur du Pentagone à déployer des renforts.

« Sans les informations pour se préparer de manière adéquate, la police du Capitole avait des effectifs insuffisants pour faire face à une foule extrêmement violente », a notamment déclaré son ancien chef Steven Sund.

« Sur la base des renseignements dont nous disposions, je pensais à tort que nous étions prêts », a abondé l'ex-sergent d'armes de la Chambre des représentants, Paul Irving. « On sait maintenant que nous avions un mauvais plan », a-t-il ajouté, en se disant « profondément secoué » par ce coup de force meurtrier.

« Improbable »

Sund et Irving ont rappelé qu'un rapport du 3 janvier jugeait « faible ou improbable » le risque « d'actes de désobéissance civile » en marge de la manifestation de partisans de Donald Trump, au moment où le Congrès certifiait la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle.

Les services fédéraux de renseignement avaient pointé « un risque de violence » dont « le Congrès serait la cible », mais n'avaient « jamais mentionné un assaut coordonné », a souligné Irving.

Or les émeutiers « sont arrivés équipés pour une insurrection violente », selon M. Sund : « ils avaient des armes, des munitions chimiques, des explosifs. Ces criminels étaient prêts pour la guerre. »

Cinq personnes sont mortes lors de l'assaut, dont un policier frappé à coups d'extincteur. 

La veille de l'attaque, un rapport d'un bureau local du FBI avait bien alerté sur des appels plus précis à « se battre », mais le document, transmis dans la soirée à la police du Capitole, n'avait pas circulé en interne, a révélé Sund.

« Se contenter d'appuyer sur ‘envoyer’ n'est pas suffisant pour un rapport de cette nature », a commenté la sénatrice démocrate Amy Klobuchar, en jugeant ce manque de communication « très perturbant ».

« Pas rapide »

Les témoins ont également mis en cause le Pentagone, qui a attendu plusieurs heures pour déployer la Garde nationale.

Face à la violence des intrus, Steven Sund a expliqué avoir réclamé très tôt des renforts. Selon lui, un haut gradé, Walter Piatt, lui aurait répondu : « Je n'aime pas l'image de la Garde nationale alignée devant le Capitole. »

Témoin de l'échange, le chef de la police de la ville de Washington, Robert Contee, a expliqué avoir été « stupéfait » de la réponse. « On aurait dit qu'il fallait cocher des cases alors que des agents étaient en train de se battre pour leur vie », a-t-il dit.

« C'est clair que la Garde nationale n'a pas été rapide à répondre », a aussi estimé Irving. 

Note dissonante, Sund a accusé le sergent d'armes de la Chambre d'avoir lui-même exprimé, avant l'attaque, son scepticisme face à la mobilisation de militaires. « Il était inquiet pour l'image projetée », a-t-il assuré.

« C'est faux », a rétorqué Irving. « Les questions d'image n'ont pas déterminé nos choix. »

Sund a également assuré avoir contacté Irving dès 13H09 le jour de l'assaut pour obtenir son feu vert à une demande de renfort. Ce dernier a dit ne pas s'en souvenir et n'avoir aucune trace de cet appel dans son téléphone. 

Les sénateurs leur ont demandé de remettre les comptes-rendus de leurs appels et messages.

Les élus des deux partis, qui reprendront leurs travaux la semaine prochaine, ont affiché leur volonté de travailler de manière « constructive », mettant de côté les différences affichées lors du procès de Donald Trump.

Le 13 février, 57 des 100 sénateurs ont jugé que l'ancien président républicain s'était rendu coupable d' « incitation à l'insurrection », mais il aurait fallu une majorité de 67 élus pour qu'il soit condamné. La plupart des élus de son parti ont voté l'acquittement.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.