ETAULES : Emmanuel Macron a apporté mardi son soutien aux agriculteurs qui tentent d'obtenir des revenus décents dans le cadre des difficiles négociations commerciales annuelles avec la grande distribution et les industriels de l'agro-alimentaire.
Durant cette visite, Emmanuel Macron n'a fait aucune allusion à la polémique autour de la décision de la mairie écologiste de Lyon de fournir des menus uniques sans viande dans les cantines, qualifiée de «honte» par le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie mardi sur RTL mais défendue la veille par la ministre de l'Ecologie Barbara Pompili.
Mais le chef de l'Etat a souligné que la transition agricole ne pourra se faire «sur la base d'invectives, d'interdits» et de «démagogie».
Concernant les négociations, Emmanuel Macron a souhaité que les producteurs, les transformateurs et les distributeurs «se réconcilient» et ne jouent plus «les uns contre les autres». «C'est dans l'intérêt de tout le monde que les négociations se passent bien», a déclaré le chef de l'Etat en visitant une ferme à Etaules (Côte d'Or).
Les négociations commerciales annuelles, qui déterminent les prix des produits vendus en supermarché (hors marques de distributeur) et la rémunération de tous les maillons de la chaîne alimentaire, doivent se terminer d'ici au 1er mars. Mais le gouvernement a dû «hausser le ton», selon Emmanuel Macron, en prévenant qu'il continuerait à intensifier les contrôles par les services de la répression des fraudes.
«On doit se battre pour le juste retour de la valeur chez les producteurs», a insisté Emmanuel Macron, en saluant de nouveau leur engagement depuis le début de la crise du Covid. «Je n'oublierai jamais» qu'«ils ont nourri le pays lorsqu'on le fermait» avec le confinement, a ajouté le président, accompagné du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie.
Cette visite à Etaules a été organisée en l'absence du salon de l'agriculture, qui se tient habituellement fin février mais a été annulé par la pandémie.
Le chef de l'Etat avait pris l'habitude de passer une journée entière - 12 heures l'an dernier - au plus grand salon de France à la rencontre des acteurs des différentes filières de l'agriculture et de l'alimentation.
«Cette année, le salon c'est chez nous», a souri Alexandre Estivalet, l'un des quatre gérants de la ferme d'Etaules, un village à une quinzaine de km au nord de Dijon. «La situation des agriculteurs est difficile. C'est très compliqué de joindre les deux bouts», a-t-il témoigné. «On travaille plus de 60 heures par semaine, avec peu de vie de famille, mais si, à la fin, on n'a pas de salaire, ce n'est pas possible».
Il a expliqué à Emmanuel Macron que les agriculteurs étaient «prêts à faire beaucoup d'efforts pour la transition écologique» si l'Etat «les soutenait et n'ajoutait pas des règles encore plus contraignantes».
«Le drame de l'agriculture française c'est qu'il n'y aura pas de paysans s'il n'y a pas de revenus», a renchéri Christian Decerle, président de la chambre régionale d'agriculture, au cours d'une table ronde animée par Serge Papin, l'ancien patron de Système U missionné par le ministère de l'Agriculture.