En Egypte, des élections sans enjeu pour renouveler la chambre haute du Parlement

Des panneaux d'affichage faisant la promotion de candidats peu connus du grand public ont fait leur apparition dans la capitale et dans d'autres villes du pays. (AFP)
Des panneaux d'affichage faisant la promotion de candidats peu connus du grand public ont fait leur apparition dans la capitale et dans d'autres villes du pays. (AFP)
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Publié le Mardi 11 août 2020

En Egypte, des élections sans enjeu pour renouveler la chambre haute du Parlement

  • Les candidats aux 200 des 300 sièges à pourvoir au Sénat sont essentiellement des partisans du chef de l'Etat, qui a largement muselé l'opposition au sein du Parlement mais aussi en dehors
  • Ce scrutin « pourrait être utile en tant que moyen de récompenser ceux qui soutiennent Sissi »

LE CAIRE: Les Egyptiens se sont rendus mardi aux bureaux de vote pour élire la chambre haute du Parlement, un scrutin sans enjeu et peu à même de raviver la vie politique sous le régime du président Abdel Fattah al-Sissi.

Les candidats aux 200 des 300 sièges à pourvoir au Sénat sont essentiellement des partisans du chef de l'Etat, qui a largement muselé l'opposition au sein du Parlement mais aussi en dehors.

Les 100 sénateurs restants sont désignés par M. Sissi, un ancien général et ex-chef du renseignement militaire arrivé au pouvoir après la destitution de l'islamiste Mohamed Morsi, confronté à des manifestations populaires monstres un an après être devenu le premier président élu démocratiquement.

« Je ne pense pas que cela va ajouter quoi que ce soit à un paysage politique qui reste immobile en Egypte », estime Moustapha Kamel al-Sayyed, professeur de sciences politiques à l'université du Caire. Selon lui, ce scrutin « pourrait être utile en tant que moyen de récompenser ceux qui soutiennent Sissi ».

Des panneaux d'affichage faisant la promotion de candidats peu connus du grand public ont fait leur apparition dans la capitale et dans d'autres villes du pays tandis que des vidéos publiées sur internet expliquent le rôle du Sénat et appellent à voter à l'occasion de ces élections qui se tiennent mardi et mercredi.

Mardi, des électeurs portant des masques de protection sanitaire faisaient la queue devant des bureaux de vote au Caire et à Giza, le grand gouvernorat voisin de la capitale.

Dans des vidéos mises en ligne, on voit des électeurs agitant le drapeau égyptien avec l'hymne national en musique de fond.

On peut voir dans d'autres images le président, des ministres, des figures religieuses et d'autres hauts responsables en train de voter.

Sur les réseaux sociaux, des internautes se moquent d'un scrutin dénoncé comme une « farce » et jugé « inutile ».

Libertés réduites

Ce scrutin se tient en pleine pandémie de nouveau coronavirus, avec un nombre de nouvelles contaminations en baisse ces dernières semaines en Egypte (178 nouveaux cas lundi, pour un total de 95.492 cas dont 5.009 décès).

Les résultats sont attendus le 19 août.

Le Sénat, dont le mandat est de cinq ans et où 10% des sièges doivent être attribués à des femmes, exerce peu de pouvoirs formels. Il a pour mission « d'examiner et de proposer ce qu'il considère comme à même de renforcer les piliers de la démocratie, soutenir la paix sociale et les fondamentaux de la société ».

La chambre haute du Parlement, abolie après la destitution de Morsi quand elle s'appelait Conseil consultatif, a été restaurée par une révision constitutionnelle controversée en avril 2019, largement adoptée par référendum.

Du temps de la présidence de Hosni Moubarak, qui a démissionné sous la pression d'un soulèvement populaire lors du Printemps arabe en 2011, la chambre haute était essentiellement réservée à l'élite et aux membres de son Parti national démocrate (PND) aujourd'hui dissous.

« Les positions de la chambre haute devraient être prises en considération et ont rarement été ignorées dans l'histoire de l'assemblée législative », explique le député Mohamed Abou Hamed. « Toutefois, ses positions ne sont pas légalement contraignantes », ajoute-t-il.

La chambre basse dispose de davantage de pouvoirs mais les critiques dénoncent depuis longtemps le rôle très réduit du Parlement qui ne compte qu'un petit bloc d'opposition.

Sous la présidence Sissi, élu en 2014 puis réélu en 2018, l'Egypte a lancé une vaste campagne contre la mouvance islamiste, ciblant en particulier les Frères musulmans, mais aussi contre les militants de gauche, journalistes et blogueurs.

Les groupes de défense des droits humains estiment que les libertés acquises dans la foulée du soulèvement de 2011 ont été extrêmement réduites, notamment en matière de manifestations et de publications sur internet.


Un système d’armement américain utilisé dans une frappe israélienne au Liban violerait le droit international

Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
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  • The Guardian et Human Rights Watch (HRW) ont identifié les fragments d’une bombe JDAM fabriquée par Boeing sur le site où les secouristes ont été tués
  • Les États-Unis interdisent la vente de ces systèmes à des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme

LONDRES: Une frappe aérienne israélienne au Liban, qui a fait sept morts parmi les travailleurs humanitaires en mars, pourrait avoir été lancée à l’aide d’un système d’armement fourni par les États-Unis, selon une enquête menée par le quotidien The Guardian.

Cet incident a coûté la vie à sept secouristes âgés de 18 à 25 ans, tous bénévoles, qui se trouvaient dans un centre ambulancier à Al-Habariyé, dans le sud du Liban, le 27 mars.

Il a eu lieu cinq jours avant qu’une frappe israélienne à Gaza ne tue sept travailleurs humanitaires travaillant pour l’ONG World Central Kitchen.

Les débris trouvés sur les lieux à Al-Habariyé ont été identifiés par The Guardian, un expert indépendant et Human Rights Watch (HRW) comme appartenant à une bombe israélienne MPR de 230 kg et à une bombe JDAM (Joint Direction Attack Munition) fabriquée par Boeing, un système attaché aux explosifs pour les transformer de bombes non guidées en bombes guidées par GPS.

Ramzi Kaiss, chercheur de HRW sur le Liban, a indiqué à The Guardian que «les assurances d’Israël sur son utilisation légale des armes américaines ne sont pas crédibles. Étant donné que le comportement d’Israël à Gaza et au Liban continue de violer le droit international, l’administration Biden devrait immédiatement suspendre les ventes d’armes à Israël».

En vertu de la loi Leahy de 1997, le gouvernement américain ne peut légalement ni aider ni armer des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme.

Un porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis a assuré à The Guardian: «Les États-Unis veillent constamment à ce que le matériel de défense fourni par les États-Unis soit utilisé conformément au droit national et international applicable. Si des violations sont constatées, nous prenons les mesures nécessaires.»

Quant à Josh Paul, chercheur non résident à Democracy for the Arab World Now et ancien employé du département d’État, il a précisé: «Le département d’État a approuvé plusieurs de ces transferts (d’armes) en quarante-huit heures. Il n’y a aucune préoccupation politique concernant les munitions destinées à Israël, à l’exception du phosphore blanc et des bombes à sous-munitions».

Il a ajouté que les JDAM constituent des «armes clés» régulièrement demandées par Israël depuis le début de la guerre à Gaza.

Mercredi, le secrétaire d’État Antony Blinken remettra au Congrès un rapport sur l’utilisation par Israël d’armes américaines et sur la possibilité qu’elles aient été impliquées dans des violations de cette loi ou d’autres.

Le sénateur du Maryland, Chris Van Hollen, a déclaré à The Guardian que les conclusions de l’enquête à Al-Habariyé sont «profondément préoccupantes et doivent faire l’objet d'une enquête approfondie de la part de l’administration Biden. Les conclusions de cette enquête approfondie devraient certainement être incluses dans le rapport NSM-20 qui doit être soumis au Congrès le 8 mai».

La frappe aérienne sur le centre ambulancier d’Al-Habariyé a été lancée sans avertissement le 27 mars avant 1h du matin. Aucun combat n’avait été signalé dans la région.

Les victimes, qui travaillaient au centre la nuit, sont les frères jumeaux Hussein et Ahmad al-Chaar, âgés de 18 ans; Abderrahmane al-Chaar, 19 ans; Mohammed Hamoud, 21 ans; Mohammed al-Farouk Aatwi, 23 ans; Abdallah Aatwi, 24 ans; et Baraa Abou Kaiss, 24 ans.

Selon l’armée israélienne, la frappe, qui a détruit le bâtiment de deux étages, a tué un «terroriste de premier plan appartenant à la Jamaa Islamiya», un groupe politique libanais armé lié au Hezbollah. L’armée n’a pas désigné cette personne par son nom.

Un porte-parole de la Jamaa Islamiya a confirmé que certains des secouristes bénévoles étaient membres du groupe, mais a nié qu’ils faisaient partie de sa branche armée.

Samer Hardane, responsable du centre local de Défense civile, qui faisait partie des premiers intervenants, a affirmé à The Guardian : «Nous avons inspecté chaque centimètre à la recherche des membres et des possessions des victimes. Nous n’avons rien vu qui soit lié à l’armée. Nous connaissions personnellement les victimes. Nous avons donc pu identifier leurs corps».

Depuis le 7 octobre, 16 travailleurs médicaux ont été tués par des frappes aériennes israéliennes au Liban, et 380 autres personnes ont péri, dont 72 civils. Onze soldats israéliens et huit civils ont également été tués.

Kassem al-Chaar, père des jumeaux Ahmed et Hussein, a confié qu’il avait déconseillé à ses fils de se porter volontaires.

«Je leur ai dit qu’il était dangereux de faire ce type de travail, mais ils m’ont répondu qu’ils acceptaient le risque. Je ne sais pas ce qui a poussé Israël à agir de la sorte: il s’agissait de jeunes gens enthousiastes à l’idée d’aider les autres», a-t-il déploré.

«Mes fils voulaient faire du travail humanitaire, et voyez ce qui leur est arrivé. Israël n’oserait pas agir de la sorte si les États-Unis ne le soutenaient pas.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le Hamas dit avoir accepté une proposition de cessez-le-feu présentée par l'Egypte et le Qatar

Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
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  • Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi cette annonce à Rafah
  • Un responsable du Hamas a indiqué que «la balle est désormais dans le camp» d'Israël, après l'annonce

GAZA: Le Hamas a indiqué lundi avoir informé l'Egypte et le Qatar qu'il acceptait leur proposition pour un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza dévastée par sept mois de guerre.

"Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre qatari Cheikh Mohammed bin Abdelrahmane Al Thani et le ministre égyptien des Renseignements, Abbas Kamel, et les a informés que le Hamas avait approuvé leur proposition d'accord de cessez-le-feu", selon un communiqué publié sur le site du mouvement palestinien.

Un responsable du Hamas a indiqué à l'AFP que "la balle est désormais dans le camp" d'Israël, après l'annonce. 

Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée sur laquelle Israël projette une offensive militaire d'ampleur

 


L’Arabie saoudite met Israël en garde contre le ciblage de Rafah à Gaza

De la fumée s’élève après des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
De la fumée s’élève après des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
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  • Cet avertissement intervient après que l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, de commencer à évacuer les lieux plus tôt dans la journée de lundi
  • Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le rejet catégorique par le Royaume des violations continues du droit international par l’armée israélienne

RIYAD: Lundi, l’Arabie saoudite a mis en garde contre les dangers d’un ciblage de la ville de Rafah par Israël dans le cadre de sa campagne «sanglante et systématique visant à envahir toutes les zones de la bande de Gaza et à déplacer ses habitants».

Cet avertissement intervient après que l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, de commencer à évacuer les lieux plus tôt dans la journée de lundi, signalant qu’une invasion terrestre, promise depuis longtemps, pourrait être imminente.

Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le rejet catégorique par le Royaume des violations continues du droit international par l’armée israélienne, qui exacerbent la crise humanitaire dans le territoire et entravent les efforts de paix internationaux.

Le ministère a réitéré l’appel du Royaume à la communauté internationale pour qu’elle intervienne immédiatement afin d’arrêter le génocide israélien en cours dans les territoires palestiniens occupés.

Lundi, Volker Turk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré que les ordres israéliens de déplacer les Palestiniens de Rafah étaient inhumains et risquaient de les exposer à davantage de dangers et de souffrances. Il a averti que de telles actions peuvent parfois constituer des crimes de guerre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com