PARIS: Maintenir le lien entre la ville et la campagne: l'annulation du salon de l'Agriculture en raison de la crise sanitaire, une première dans l'Histoire de l'événement, laisse la place à une myriade d'initiatives pour des agriculteurs plus que jamais en demande de dialogue avec les citoyens et les pouvoirs publics.
Si veau, vache, cochon et couvée ne viendront pas à la ville cette année, la ville est invitée à venir fouler la cour de ferme: du 27 février au 7 mars, dates initiales du salon, quelque 200 adhérents de la Confédération paysanne tiendront ainsi "Salon à la ferme".
"Le salon, c'est un moment incontournable dans notre vie syndicale, pour rencontrer nos concitoyens, les élus, les membres du gouvernement, les parlementaires et nos collègues aussi. Si ça n'avait pas lieu, ça ferait vraiment défaut", avance Véronique Marchesseau, éleveuse de vaches laitières dans le Morbihan et secrétaire générale de la Confédération paysanne (le 3e syndicat agricole de France).
Parmi ces 200 fermes, une vingtaine de "fermes politiques", où la Confédération paysanne espère recevoir des élus et des membres du gouvernement afin d'aborder des thèmes cruciaux pour l'avenir de la profession, comme l'enseignement agricole, la prochaine PAC ou les accords de libre-échange.
Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie est ainsi attendu de pied ferme dans le Morbihan pour inaugurer l'opération et discuter de la prochaine PAC.
Aux dernières nouvelles, pas de réponse du ministre, et du dépit pour la "Conf'".
La Coordination rurale a elle choisi de se rendre à Paris le 4 mars, pour une action qui vise à dénoncer "le malaise agricole": "l'idée, c'est de dénoncer les fermes qui ferment, pas de faire des fermes ouvertes", indique une porte-parole du 2e syndicat professionnel agricole du pays, qui souhaite "parler des choses qui fâchent".
A l'inverse, la FNSEA, le syndicat majoritaire, entend en premier lieu "valoriser les initiatives, communiquer de manière positive", via les grands médias nationaux.
La FNSEA contribuera également à l'organisation du concours général agricole, maintenu dans une version "éclatée" dans le cadre d'une "Semaine de l'Agriculture française", planifiée du 13 au 24 mai prochains par les organisateurs du salon de l'Agriculture, en compensation.
Le concours général sera organisé dans quatre villes, "pour ne pas dépasser la jauge des 1 000 personnes si le virus continuait de sévir au mois de mai", indique Jean-Luc Poulain, président du salon de l'Agriculture.
Pour des raisons sanitaires, seuls les produits seront primés, il n'y aura pas les traditionnels défilés de bovins ou de porcs rutilants.
Des produits fermiers sur les quais de Seine
Châlons-en-Champagne, Tours, Angoulême et Montpellier accueilleront cette institution qu'est le concours général, qui a fêté l'an dernier ses 150 ans.
Pour déguster les produits de la ferme, des marchés fermiers seront aussi organisés un peu partout, "uniquement du made in France vendu par le producteur", précise M. Poulain.
Particularité parisienne, un marché de produits franciliens et un marché national se tiendront, si tout va bien, dans la capitale. Vins, bières, fromages et charcuterie seront ainsi exposés en face du jardin des Tuileries, de l'autre côté des quais de Seine, les 14 et 15 mai.
De là, les Français pourront enchainer les 18, 19 et 20 juin avec les premières "journées nationales de l'Agriculture", organisées notamment par l'association Agridemain. Une manifestation qui ambitionne d'accueillir sur trois jours 500 000 Français dans 5 000 sites agricoles ou agroalimentaires en France.
"Ce que nous voulons, ce sont des journées (...) de rencontres où les Français vont découvrir le coeur de la machine agricole, en allant dans les exploitations, dans les industries agroalimentaires, dans une usine de tracteurs", a déclaré lors d'une conférence de presse Gilles Maréchal, directeur de ce réseau de 300 agriculteurs-ambassadeurs.
Avant peut-être le prochain salon ? "On a commencé à le préparer mais il y a un an on avait aussi commencé à préparer celui de 2021... On espère que le vaccin couvrira (la population), mais rien n'est sûr dans cette affaire, donc nous attendons", conclut Jean-Luc Poulain.