LYON: Génération Identitaire (GI), mouvement politique de l'ultra-droite plaidant pour la « défense » de l'identité européenne dont les militants protestent samedi à Paris contre sa dissolution annoncée, s'est fait connaître par la médiatisation d'opérations spectaculaires contre l'islam et les migrants.
Basée à Lyon, cette association loi 1901 avait pris la succession en 2012 de la branche jeunesse du groupuscule Bloc identitaire, aujourd'hui inactif - lui-même émanait d'Unité radicale, groupe dissous après la tentative d'assassinat sur Jacques Chirac, le 14 juillet 2002, par l'un de ses membres, Maxime Brunerie.
Présidé par le Lyonnais Clément Gandelin dit « Galant », 26 ans, GI revendique dans l'Hexagone seize antennes et quelque 4 000 militants. Une base que le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus estime plutôt à 800 personnes. Ce qui fait néanmoins de GI, précise-t-il, « le mouvement le plus important, l'un des plus anciens, l'un des mieux structurés de la droite nationaliste hors RN ».
Le groupe radical, très actif sur les réseaux sociaux, se définit « comme la première ligne de la résistance » face à « la racaille », à « l'uniformisation des peuples et des cultures », au « raz de marée de l'immigration massive ». « Notre idéal est la reconquête et nous la mènerons jusqu'au bout », plaide l'organisation qui aspire à mobiliser »à travers toute l'Europe ».
GI se fait remarquer pour la première fois en octobre 2012 avec l'occupation du chantier de la grande mosquée de Poitiers par 73 activistes, qui y déploient des banderoles pour réclamer « un référendum sur l'arrêt des vagues migratoires et de la construction de lieux de culte musulmans ».
Autre lieu, autre « buzz » en mai 2013 à Paris. Lors d'une manifestation contre le mariage pour tous, des identitaires brandissent sur le toit du siège historique du Parti socialiste une banderole hostile à la politique du président de l'époque, François Hollande.
« White lives matter »
La même année, le mouvement lance une campagne « Génération anti-racailles ! » pour dénoncer « les violences dont les jeunes Français sont régulièrement victimes », avec l'organisation de stages d'auto-défense et de patrouilles - illégales - dans les transports en commun.
En pleine crise migratoire, GI dépêche en 2016 à Calais plusieurs dizaines de militants pour bloquer trois ponts reliant l'immense camp de migrants la « Jungle » et le centre-ville. Une dizaine d'entre eux sont alors arrêtés.
En avril 2018, le mouvement mène une nouvelle opération anti-migrants à la frontière franco-italienne, sur un col proche de Briançon (Hautes-Alpes). Des dizaines de militants vêtus de doudounes bleues participent à des patrouilles de nuit et déploient une chaîne humaine sous la bannière « Defend Europe ». Trois cadres du groupe sont condamnés par le tribunal de Gap mais la cour d'appel de Grenoble les relaxe en 2020.
L'opération sera plus tard saluée comme une « belle opération de communication » par Marine Le Pen, dont le parti affiche son soutien au mouvement, même s'il affirme ne pas en partager « toutes les opinions ».
En octobre 2018, GI s'attaque cette fois à un symbole de l'aide aux migrants, l'ONG SOS Méditerranée, avec l'occupation de son siège à Marseille par plus d'une quinzaine de militants.
L'organisation fait encore parler d'elle en juin 2020 à Paris, alors que se tient une marche à l'appel du comité Adama Traoré. Les identitaires déroulent sur des toits une large banderole réclamant: « Justice pour les victimes du racisme anti-blanc. White Lives Matter ».
Son dernier coup d'éclat date du 19 janvier, destiné à empêcher le passage de migrants entre Luchon (Haute-Garonne) et l'Espagne: il provoque l'ire du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui engage une procédure de dissolution du groupe.