NATIONS UNIES: Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert pour que le tribunal soutenu par l’ONU qui mène l’enquête sur l’assassinat en 2005 de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri, soit opérationnel et reçoit du financement au moins cette année.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré dans une lettre au conseil diffusée vendredi que la présidente du Tribunal spécial pour le Liban, la juge Ivana Hrdličková, l'avait informé en novembre que les travaux du tribunal ne seraient pas terminés à l'expiration de son mandat le 28 février.
Le juge a demandé une prolongation de deux ans «pour faire avancer d’une manière considérable ses travaux vers l'achèvement", a affirmé Guterres.
Guterres a indiqué qu'il avait l'intention de prolonger le mandat du tribunal de deux ans à compter du 1er mars, ou jusqu'à ce que cette affaire soit terminée ou que les fonds disponibles soient épuisés.
Le Liban, qui doit payer 49% des frais du tribunal, est confronté à une situation financière désastreuse qui a laissé le tribunal avec un grave déficit de financement. Les 51% restants du financement du tribunal proviennent de contributions volontaires.
Guterres a déclaré qu'il avait lancé un appel urgent aux 193 États membres de l'ONU et à la communauté internationale le 20 décembre pour soutenir le tribunal, mais «malheureusement, son appel n'a engendré aucun nouvel engagement de fonds».
Sans financement supplémentaire, l'ONU a été informée que le tribunal «pourrait ne pas être en mesure de s'acquitter de son mandat au-delà du premier trimestre de 2021», a-t-il dévoilé.
«Mettre un terme brutal à la procédure judiciaire en cours du Tribunal spécial dans ces circonstances serait sans précédent», a écrit Guterres. «Une fermeture prématurée de cette enquête aurait un impact considérable sur les efforts de la justice internationale et enverrait un message négatif au peuple libanais et aux victimes du terrorisme dans le monde entier».
Après avoir consulté le gouvernement libanais et les membres du Conseil de sécurité, M. Guterres a signalé qu'il avait l'intention de demander environ 25 millions de dollars à l'Assemblée générale, comme «subvention», pour couvrir le déficit de financement prévu du gouvernement libanais et des donateurs en 2021. Cela serait temporaire, pendant que le tribunal cherche des fonds supplémentaires, a-t-il expliqué.
L'ambassadrice britannique à l'ONU, Barbara Woodward, l'actuelle présidente du conseil, a déclaré dans une lettre au secrétaire général que les membres approuvaient son intention de prolonger le mandat du tribunal et de demander environ 25 millions de dollars de fonds à l'Assemblée générale pour 2021.
Elle a également ajouté, que c'était avec l’intention que l'argent sera remboursé à partir des contributions volontaires que le tribunal reçoit, et que ses arrangements de financement volontaire ne seront pas modifiés.
«Les membres du conseil ont aussi souligné que les contributions du Liban, ainsi que des donateurs, devraient demeurer une source majeure de financement pour le Tribunal spécial et que des efforts supplémentaires devraient être faits afin d’éviter de dépendre entièrement de la subvention», a déclaré Woodward.
La crise économique et financière du Liban, qui a débuté à la fin de 2019, est la pire du pays de l’histoire moderne car elle s’est contractée de 19% en 2020. Des dizaines de milliers de personnes à travers le pays ont perdu leur emploi, et près de la moitié de la population de plus de 6 millions vit dans la pauvreté. L’effondrement de la monnaie locale a entraîné une inflation à trois chiffres.
Début décembre, la Banque mondiale a révélé que l’économie libanaise était confrontée à une «crise difficile et prolongée» parce que ses politiciens refusaient de mettre en œuvre des réformes qui accéléreraient la reprise économique du pays.
L’attentat à la bombe par une camionnette pendant la Saint-Valentin 2005 sur le front de mer de Beyrouth, qui a tué l’ancien Premier ministre Hariri et 21 autres personnes et en a blessé 226, a déclenché d’énormes manifestations contre le régime Syrien qui était largement considéré comme coupable. Damas a nié toute implication, mais a été contraint de retirer ses troupes du Liban après 29 ans de présence.
L’enquête de l’ONU sur l’assassinat de Hariri a été élargie pour inclure 14 autres meurtres au Liban.
Le Tribunal spécial se trouvant aux Pays-Bas a condamné Salim Ayyash, membre du groupe militant du Hezbollah, par contumace, à la réclusion à perpétuité en décembre pour son implication dans l’assassinat de Hariri. Ayyash n'a jamais été arrêté. Trois autres membres du Hezbollah jugés avec lui ont été acquittés.
Résumé :
Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert pour que le tribunal soutenu par l’ONU qui enquête sur l’assassinat en 2005 de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri soit opérationnel et reçoit des fonds au moins cette année. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a indiqué dans une lettre au conseil diffusée vendredi que la présidente du Tribunal spécial pour le Liban l'avait informé en novembre que ses travaux ne seraient pas terminés à l'expiration de son mandat le 28 février. Elle a demandé une prolongation de deux ans pour faire avancer ses investigations «vers l'achèvement». Guterres affirme qu'il a l'intention de prolonger le mandat du tribunal de deux ans. Le président du Conseil de sécurité a signalé que les membres avaient approuvé la prolongation du mandat de ce tribunal.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com