PARIS: Les enquêteurs français viennent de démanteler une filière très lucrative de revente vers l'Egypte de médicaments onéreux, a annoncé mardi la gendarmerie nationale dans un communiqué.
Les enquêtes, qui ont duré un an a précisé à l'AFP le colonel Ludovic Lherhart, ont permis l'interpellation de 15 personnes, la majorité en région parisienne et une en Italie, ainsi que la saisie de plus de 400 000 euros de médicaments français et plusieurs dizaines de milliers d'euros en liquide.
Le préjudice subi par la Caisse d'assurance maladie française est toujours en cours d'évaluation, mais «se compte d'ores et déjà en centaines de milliers d'euros», a ajouté le colonel.
Les médicaments objets du trafic étaient des anticancéreux et des antihépatiques très onéreux, de «2 000 à 14 000 euros la boîte». Ils sont en conséquence produits en petite quantité.
L'enquête a débuté fin 2019. La filière démantelée était «très organisée et très hiérarchisée», a expliqué le colonel.
Elle comprenait d'abord «les collecteurs» qui, recrutés sur le réseau social Snapchat, afin d'être bénéficiaire de la CMU (couverture maladie universelle). Munis d'une ordonnance falsifiée, et moyen un peu d'argent, ils se rendaient dans des pharmacies pour se faire remettre les médicaments.
Ensuite, les collecteurs confiaient les marchandises à une équipe de «récupérateurs» qui acheminaient en région parisienne. L'exportation des médicaments vers l'Egypte était ensuite organisée par un réseau «d'exportateurs».
Pour combattre ce type de fraude, les enquêteurs ont créé une cellule dédiée, «Sekhmet», du nom d'une déesse égyptienne, pour centraliser tous les signalements. «En un an, nous en avons reçu 800 à 1 000 sur cette fraude», a souligné le colonel.
«Au-delà des enjeux judiciaires et financiers, le trafic ainsi réalisé, au mépris des règles sanitaires applicables aux médicaments (traçabilité, conditions de transport et de conservation, respect de la chaîne du froid…), en vue de leur délivrance dans des conditions obscures, met gravement en danger la santé des utilisateurs finaux des médicaments ainsi que des détournés », a estimé l'Office français de lutte contre les maladies à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp).
L'enquête, qui a demandé une forte mobilisation de différents services et une coopération d'Europol, se poursuit et va s'étendre à la recherche d'autres collecteurs, prévue comme «le premier échelon d'une organisation criminelle multi-nationale» .