A Rennes, une librairie coopérative s'ancre dans le quotidien d'un quartier populaire

Librairie des Grands Caractères le 7 janvier 2021 à Paris. La Librairie des Grands Carcatères est une librairie qui vend des livres en gros caractères pour aider les personnes souffrant de diasbilités visuelles. (ALAIN JOCARD / AFP)
Librairie des Grands Caractères le 7 janvier 2021 à Paris. La Librairie des Grands Carcatères est une librairie qui vend des livres en gros caractères pour aider les personnes souffrant de diasbilités visuelles. (ALAIN JOCARD / AFP)
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Publié le Samedi 13 février 2021

A Rennes, une librairie coopérative s'ancre dans le quotidien d'un quartier populaire

  • Depuis septembre, «L’Etabli des mots» à Rennes mise sur le modèle coopératif pour se développer et s'ancrer dans la vie du Blosne
  • « C'était une habitude dans nos têtes de penser qu'une librairie était forcément en centre-ville », explique Benjamin Roux

RENNES : Une librairie peut-elle être viable dans un quartier excentré et populaire ? Depuis septembre, "L’Etabli des mots" à Rennes mise sur le modèle coopératif pour se développer et s'ancrer dans la vie du Blosne.

"C'était une habitude dans nos têtes de penser qu'une librairie était forcément en centre-ville", explique Benjamin Roux, président de "L'Établi des mots". "On voulait que ce soit la librairie des habitants et que les gens soient investis dans les décisions, les choix des livres..."

Avec dans le chapeau, un acronyme peu connu: une SCIC, société coopérative d'intérêt collectif.

Ce type de structure, qui existe depuis 2001 en France où il en existe désormais un millier (santé, agriculture, énergie...), permet à des personnes ou des associations qui ne sont pas salariées d'intégrer le capital. Le ticket d'entrée est volontairement bas: 20 euros. 

Emmanuelle, 53 ans, récemment arrivée dans la capitale bretonne après avoir quitté l'Ile-de-France, "ignorait totalement qu'une librairie pouvait avoir la structure d'une coopérative" et a décidé de s'acquitter d'une part sociale après être allée chercher un roman. Cette conseillère en insertion au chômage prend plaisir à comprendre "le fonctionnement d'une librairie et découvre la richesse d'un quartier", participant à une journée de peinture des locaux ou donnant un coup de main pour les réassorts.

Sur les présentoirs, à côté de l'incontournable prix Goncourt, figurent en bonne place les ouvrages d'Alain Damasio, Cédric Herrou ou Lilian Thuram tout comme celui sur des "punchlines" de rap. En revanche, pas de beaux livres de photos à plus de 30 euros ni de rayon théâtre ou poésie, marché de niche.

"On veut proposer des livres accessibles à tous, comme des collections à deux ou cinq euros", glisse Nadège Lucas, 45 ans, future salariée lorsque "L'Établi des mots" migrera dans des locaux plus grands au printemps, toujours dans le même quartier, dans un bâtiment dédié à l'économie sociale et solidaire.

L'idée forte portée par les "coopérateurs" est d'attirer de nouveaux publics, en dépoussiérant l'image de la librairie, comme l'utilisation d'un triporteur pour "aller à la rencontre des gens dans le quartier, au marché du samedi ou en bas des tours", glisse M. Roux. 

Usagers et clients associés

Coté organisation: une assemblée générale, un comité de coordination de dix personnes et trois commissions pour la communication, l'animation et le local. Avec un budget annuel de 235.000 euros, la librairie a démarré essentiellement grâce à l'emprunt bancaire, tout en bénéficiant aussi d'aides (Etat, région, métropole, ville).

L'attrait d'une coopérative réside aussi dans "l'investissement" des quelque 200 sociétaires. "Cette forme permet d'associer les usagers et clients au fonctionnement de la librairie: ça amène de l'énergie, des idées et aussi une prise en charge du travail par les bénévoles", souligne Gabriel Leroy, libraire.

"C'est le seul cas d'entreprise où l'on tolère un travail bénévole mais il ne faut pas que ce soit le coeur de métier de la librairie", note M. Roux. Il est ainsi impossible de réaliser un planning pour les bénévoles, au risque de tomber dans le travail dissimulé.  

Cela lui permet de recentrer son quotidien sur la lecture des nouveautés ou les conseils aux clients, l'allégeant de tâches comme le déballage des cartons ou la gestion des stocks. "Être en coopérative permet de ne pas épuiser une seule et même personne", plaide M. Roux, se félicitant que les résultats commerciaux soient "au-dessus du prévisionnel". 

"J'ai été surprise de voir une librairie par ici. Du coup j'y vais de temps en temps", sourit Sarah, une habitante du Blosne.

Et preuve que ce modèle coopératif intéresse, une autre librairie coopérative, en scop, a ouvert à Douarnenez et deux nouvelles pourraient voir le jour à Augan (Morbihan) et Rennes, là encore en dehors du centre-ville. "C'est un mouvement qui émerge avec ces structures innovantes", résume Marie-Cécile Grimault, en charge de l'économie à "Livre et lecture en Bretagne".


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).