PARIS : « Chaque année qui nous reste à vivre compte triple » : un collectif de personnes âgées a réclamé vendredi des assouplissements dans le protocole sanitaire en vigueur face à la Covid-19 dans les maisons de retraite, à l'heure où les résidents commencent à recevoir la deuxième dose du vaccin.
« Il nous faut plus de liberté dès lors que nous aurons été vaccinés. Nous avons déjà perdu un an de notre vie et pour nous les années qui restent comptent triple ou quadruple, elles sont limitées », a déclaré lors d'une conférence de presse en ligne Philippe Wender, 83 ans, président de l'association Citoyennâge, qui regroupe des résidents de maisons de retraite.
Ce collectif, soutenu par l'association des directeurs au service des personnes âgées (en Ehpad et à domicile) AD-PA, réclame au gouvernement de se positionner « rapidement » sur « quatre allégements majeurs » qui pourraient, selon lui, « aider à tenir et retrouver du tonus ».
Les associations réclament un « retour à la normale » concernant les visites de proches et de pouvoir les recevoir en « toute liberté et intimité » dans les logements plutôt que dans des salles réservées.
Elles demandent également que les résidents puissent retourner dans leur famille. « Voir du monde est une nécessité, en un an nous avons perdu une partie de nos liens familiaux », a poursuivi M. Wender.
Concernant la vie sociale dans les structures, elles souhaitent que les activités et moments conviviaux cessent d'être « cloisonnés ou séparés par étages » et que la distance sanitaire à respecter dans la salle de restauration soit raccourcie.
« Avec beaucoup d'entre nous qui sommes sourds, ça finit par faire un brouhaha et ce n'est pas marrant », a plaisanté M. Wender.
Lui-même résident d'un Ehpad près de Paris, l'octogénaire a dit sentir « une grande lassitude des personnes, comme des Français en général. Le fait de manquer d'horizon et de perspectives nous fatigue beaucoup et on sent le laisser-aller ».
Pour Pascal Champvert, président de l'AD-PA, tout en respectant les gestes barrières, il faut « aujourd'hui peser le bénéfice-risque ».
« Il y a peu de risque d'attraper le virus quand on est vacciné, mais il y a des risques réels de troubles psychiques, dépressions, troubles du comportement, et de chutes de la part de personnes âgées qui ne sortent plus et ne font plus d'exercice physique », a-t-il déclaré.
Sollicité sur un allègement du protocole dans les Ehpad, le cabinet de la ministre chargée de l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, a indiqué que les avis du Haut conseil de la santé publique et d'Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, seraient sollicités « d'ici les prochains jours ».
Actuellement, près de 70% des résidents d'Ehpad et d'unités de soins longue durée (USLD) ont reçu la première dose du vaccin contre le coronavirus, et 20% la deuxième dose.
Chez les professionnels, 30% ont reçu la première dose et 8% la seconde.