LONDRES: Une décennie de conflit en Syrie a étouffé la croissance économique chez les pays voisins et a entraîné une augmentation de la pauvreté en Irak, en Jordanie ainsi qu’au Liban, a déclaré jeudi la Banque mondiale.
La guerre a également entraîné un alourdissement du fardeau de la dette, une détérioration des marchés du travail en particulier pour les jeunes et les femmes, et un accès plus restreint aux services publics tels que les soins de santé et l’électricité, a indiqué l’institution dans un nouveau rapport.
Cette dernière estime que le conflit est à l’origine des réductions annuelles de la croissance économique de 1.2 % en Irak, de 1.6 % en Jordanie et de 1.7 % au Liban au cours de la dernière décennie. Les taux de pauvreté ont également augmenté dans ces trois pays au cours de la même période, avec le Liban en tête, du fait de conditions économiques qui se sont détériorées ces dernières semaines dans un contexte de crise monétaire.
« L’impact économique global du conflit syrien sur l’Irak, la Jordanie et le Liban a été disproportionnellement élevé par rapport à des situations similaires ailleurs dans le monde au cours des dernières décennies », a déclaré Saroj Kumar Jha, directeur régional de la Banque mondiale pour le Machrek. « À l’avenir, la communauté internationale pourrait soutenir beaucoup plus efficacement la stabilité et la prospérité du Machrek grâce à une stratégie combinant une perspective à moyen terme – plutôt que des solutions rapides – et une approche régionale s’appuyant sur des liens transfrontaliers et coordonnant une réponse au-delà des frontières. »
Le rapport est publié alors que les États-Unis imposent les sanctions les plus sévères jamais prises contre le président syrien Bachar al-Assad, pour tenter d’accentuer la pression sur le régime.
Les conséquences économiques de la guerre ont quant à elle été ressenties de plusieurs manières par les pays voisins, du choc démographique causé par l'afflux de millions de réfugiés à l'effondrement des revenus du tourisme.
Au plus fort de la crise, le nombre de réfugiés représentait plus du quart des populations locales en Jordanie, au Liban et dans la région du Kurdistan d’Irak, qui constitue la plus forte concentration de réfugiés au monde selon la Banque mondiale.
Le rapport indique par ailleurs que les États de la région sont en grande partie non protégés contre les chocs économiques, en raison de la faiblesse des dispositifs d’aide sociale, qui conduisent souvent à compter sur des solutions à court terme pendant les crises, comme l'utilisation de générateurs diesel et de camions-citernes.
L’institution a également fait le constat d’une moindre durée de scolarisation des enfants réfugiés par rapport à leurs pairs des pays d’accueil (5.4 ans de moins au Liban et 3.7 en Jordanie). Cette situation est due en grande partie à un faible taux de scolarisation aux niveaux secondaire et supérieur. Selon la Banque mondiale, le gain en capital humain résultant de la réduction de ces écarts pourrait contribuer à une croissance du PIB de 1.1 % au Liban et de 0.4 % en Jordanie.
Le rapport de la Banque mondiale appelle enfin à une réponse régionale qui se concentre sur le renforcement de la connectivité transfrontalière qui, selon elle, peut donner de meilleurs résultats à travers le Machrek.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com le 18 juin 2020.