ADDIS ABEBA : Un accord a été conclu entre le gouvernement éthiopien et le Programme alimentaire mondial (PAM) pour accroître l'accès humanitaire à la région du Tigré, dans le nord du pays, a annoncé le directeur du PAM, David Beasley, samedi soir sur Twitter.
Cette annonce intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a indiqué mercredi lors d'une réunion à huis clos espérer davantage d'accès humanitaire à la région, où le gouvernement fédéral mène depuis novembre une opération militaire contre les autorités dissidentes.
Le gouvernement éthiopien et le PAM, une agence de l'ONU, «sont convenus de mesures concrètes pour étendre l'accès humanitaire à travers le Tigré et le PAM va augmenter ses opérations», a précisé M. Beasley sur Twitter après une visite dans la capitale régionale, Mekele, estimant que «trois millions de personnes ont besoin d'aide maintenant».
Le PAM a affirmé dans un communiqué avoir accepté, à la demande des autorités éthiopiennes, de fournir une aide alimentaire d'urgence à un million de personnes au Tigré.
Le ministre éthiopien de la Paix Muferihat Kamil a pour sa part indiqué dans un communiqué que le gouvernement était en train «d'approuver en urgence les demandes de mouvement de personnel international vers et à l'intérieur du Tigré».
Depuis trois mois, l'ONU et les ONG déplorent les restrictions d'accès humanitaire au Tigré, où des combats sont toujours signalés par endroits, malgré l'annonce par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed de la fin des hostilités avec la prise par l'armée fédérale de Mekele le 28 novembre.
Le gouvernement a minimisé les risques de famine et affirme avoir fourni une aide alimentaire d'urgence à 1,8 million de personnes.
Les nouvelles dispositions s'inscrivent dans le cadre d'un «accord existant» entre le gouvernement et l'ONU sur l'aide humanitaire, selon le communiqué du PAM. Cet accord restreignait notamment l'accès de l'ONU aux zones sous contrôle gouvernemental.
Mais un haut responsable de l'ONU a déclaré à l'AFP que les progrès étaient néanmoins «significatifs» et faciliteraient un accès plus poussé à la région du Tigré.
«Il n'est pas bon de se tenir qu'aux itinéraires sûrs, aux routes sécurisées», a déclaré le responsable. «Notre rôle est d'être déterminés à parvenir jusqu'à la dernière personne ayant besoin d'aide, et la présence de milices ne devrait pas nous entraver», a-t-il dit.
Le PAM souligne dans son communiqué que «des escortes armées pour les cargaisons humanitaires et le personnel humanitaire ne seront mises en place qu'en dernier recours».
Le Tigré reste très difficile d'accès aux médias, rendant difficile la vérification des informations sur la situation dans la région.
A la suite d'une visite la semaine dernière, le Haut-Commissaire de l'ONU pour les Réfugiés, Filippo Grandi, a appelé à une amélioration du système de distribution de l'aide, sous peine de détérioration d'une situation déjà «très grave» au Tigré.