KHARTOUM: Khartoum a averti samedi que le projet de l'Ethiopie d'entamer la deuxième phase de remplissage de son mégabarrage sur le Nil constituait « une menace directe pour la sécurité nationale soudanaise ».
Addis Abeba avait annoncé en juillet avoir atteint son objectif de remplissage du barrage pour la première année et a récemment affirmé qu'il continuerait sur sa lancée, qu'il y ait ou non un accord sur ce sujet de litige avec l'Egypte et le Soudan.
« Si l'Ethiopie continue à remplir le barrage (...), ce sera une menace directe à notre sécurité nationale », a déclaré le ministre soudanais de l'Eau Yasser Abbas.
« Cela menacera également la vie de la moitié de la population dans le centre du Soudan, ainsi que l'irrigation des projets agricoles et l'alimentation en énergie à partir du barrage (soudanais) de Roseires », dans le sud du Soudan, a-t-il dit.
Le Soudan, l'Egypte et l'Ethiopie négocient sans succès depuis près d'une décennie concernant la gestion et le remplissage du réservoir du Grand barrage de la Renaissance qu'Addis-Abeba construit sur le Nil bleu.
Le projet lancé en 2011 est destiné à devenir la plus grande installation hydroélectrique d'Afrique.
Le Caire et Khartoum, en aval, craignent que le barrage ne menace leurs propres installations.
« Il sera impossible de faire fonctionner le barrage de Roseires sans un accord contraignant et des échanges quotidiens concernant la quantité d'eau », a dit M. Abbas.
Sans accord, le ministre estime aussi que « le barrage de Merowe perdra 30% de l'énergie électrique qu'il génère, ce qui affectera les stations d'eau potable », en référence à une installation au nord de Khartoum.
Le Soudan suggère une médiation sur la question par les Nations unies, l'Union africaine et les Etats-Unis. Le mois dernier, les dernières discussions sur le sujet ont échoué.
Le Nil, qui coule sur quelque 6 000 kilomètres, est une source d'approvisionnement en eau et en électricité essentielle pour une dizaine de pays d'Afrique de l'Est.