Déby, l'homme fort du Tchad présenté comme un rempart contre les jihadistes

Le président tchadien Idriss Deby assiste à la session plénière du Forum de Paris sur la paix à Paris, le 12 novembre 2019 (Photo, AFP)
Le président tchadien Idriss Deby assiste à la session plénière du Forum de Paris sur la paix à Paris, le 12 novembre 2019 (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 06 février 2021

Déby, l'homme fort du Tchad présenté comme un rempart contre les jihadistes

  • Aujourd'hui, ce président décrit comme tantôt affable et à l'écoute, tantôt colérique et intraitable, veut rempiler pour un sixième mandat
  • En 2008, des rebelles l'encerclent dans son palais, il s'en sort grâce à l'aide décisive de l'armée française

LIBREVILLE: Il a troqué son boubou pour une cape de soie bleu nuit brodée de feuilles de chêne en fil d'or, bâton « modèle Empire » en main: le 11 août, le président tchadien Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 1990, est élevé au rang de maréchal. 

Une cérémonie surannée et en grande pompe mais une consécration absolue pour ce fils d'éleveur modeste qui se présente encore à l'envi, à 68 ans, comme un « guerrier ».  

C'est cette image, façonnée depuis ses premières armes aux côtés de Hissène Habré - qui prend le pouvoir en 1982 - jusqu'au treillis qu'il enfile volontiers encore aujourd'hui, qui lui vaut un soutien quasi unanime de la communauté internationale, malgré un bilan très critiqué en matière de droits humains.  

Commandant en chef de l'armée sous un Habré qui sera condamné en 2016 pour crimes contre l'humanité, Idriss Déby renverse le dictateur en 1990, les armes à la main. Grâce, déjà, au soutien de la France. 

Aujourd'hui, ce président décrit comme tantôt affable et à l'écoute, tantôt colérique et intraitable, veut rempiler pour un sixième mandat. Il a toutes les chances de le remporter, comme les cinq précédents scrutins, en muselant et en empêchant l'opposition de manifester. 

Intimidation et népotisme  

Il exerce un pouvoir sans partage. « En colère, il fait un peu peur », commente un syndicaliste.  

Son régime est régulièrement accusé par les ONG internationales de violer les droits humains. Ce fut le cas notamment dans les années 1990 quand sa « Garde républicaine » et sa police politique étaient accusées de tuer à grande échelle. 

Aujourd'hui, les méthodes sont moins brutales. Mais, s'il laisse certains de ses opposants s'exprimer relativement librement, ses services veillent consciencieusement à ne pas laisser la critique gagner la rue, par des interpellations ciblées et en interdisant tout rassemblement politique, comme ces derniers jours. Sans jamais provoquer de réactions outrées dans les capitales occidentales. 

Mais c'est au sein du pouvoir qu'il règne plus volontiers par l'« intimidation » et le népotisme, selon ses détracteurs. 

Il place sa famille ou des proches à des postes-clés de l'armée, de l'appareil d'Etat ou économique, et ne laisse jamais les autres longtemps en place. Dix-sept Premiers ministres se sont succédé entre 1991 et 2018, avant que M. Déby ne fasse supprimer cette fonction pour ravir toutes les prérogatives de l'exécutif. 

« Il a une grande capacité d'écoute et de synthèse », argumente un proche collaborateur, qui requiert toutefois l'anonymat. 

« Tout est centralisé à la présidence, il use de toutes les armes du pouvoir absolu en brutalisant la société », avance Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris.  

Le maréchal ne veut tout simplement pas renoncer au pouvoir avant sa mort, se désintéresse de sa succession et après lui le déluge, résume en substance Mahamat Nour Ahmed, secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'Homme. 

C'est grâce à l'armée que ce militaire de carrière, passé par l'Ecole de guerre en France, a assis son pouvoir. Encadrée essentiellement par des officiers de son ethnie zaghawa et commandée par ses proches, elle est considérée comme l'une des meilleures de la région. « Le budget de la défense engloutit 30 à 40% du budget national », selon l'ONG International Crisis Group (ICG). 

Soutien français 

Malgré cela, Idriss Déby a manqué de chuter au moins par deux fois. 

En 2008, des rebelles l'encerclent dans son palais, il s'en sort grâce à l'aide décisive de l'armée française. Laquelle intervient encore en 2019 en bombardant une imposante colonne rebelle qui progresse vers N'Djamena. 

Mais c'est en tenant bon gré mal gré son pays, entouré d'États aussi faillis que la Libye, la Centrafrique ou le Soudan, que M. Déby apparaît comme l'élément stabilisateur d'une région tourmentée. 

En 2013, il envoie ses soldats combattre les jihadistes au Mali aux côtés des militaires français des opérations Serval, puis Barkhane. L'armée tchadienne fournit aux Casques bleus de l'ONU au Mali l'un de leurs principaux contingents et passe pour la plus aguerrie de la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad). 

Mais le pays paye un lourd tribut à la lutte contre les jihadistes. Le groupe nigérian Boko Haram multiplie les attaques meurtrières autour du lac Tchad, contraignant M. Déby à remettre le treillis pour mener lui-même --au moins devant les médias-- une contre-offensive jusqu'en territoire nigérian en mars-avril 2020. 

L'« ami encombrant de la France » et des Occidentaux, comme le qualifient nombre d'experts de la région, a donc su se rendre indispensable à leurs yeux contre les jihadistes. 

Mais sur le front social et économique, ses détracteurs accusent le « guerrier » d'avoir été un piètre combattant en 30 ans. 

Le Tchad, pourtant producteur de pétrole, est le 187e pays sur 189 au classement de l'indice de développement humain (IDH) de l'ONU. 


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.