L'élection d’un gouvernement intérimaire libyen: un événement historique

Sur un écran, Stephanie Williams, représentante des Nations unies, annonçant les résultats des votes pour le nouveau gouvernement intérimaire lors d'une réunion du Forum de dialogue politique libyen à Chavannes de Bogis, près de Genève, le 5 février 2021. (Photo de l'ONU via l'AFP)
Sur un écran, Stephanie Williams, représentante des Nations unies, annonçant les résultats des votes pour le nouveau gouvernement intérimaire lors d'une réunion du Forum de dialogue politique libyen à Chavannes de Bogis, près de Genève, le 5 février 2021. (Photo de l'ONU via l'AFP)
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Publié le Samedi 06 février 2021

L'élection d’un gouvernement intérimaire libyen: un événement historique

  • L'envoyée des Nations unies appelle la communauté internationale à soutenir le nouveau gouvernement, chargé de préparer les élections nationales en décembre
  • Le nouveau gouvernement est tenu de respecter les délais prévus par la feuille de route pour la paix. S’il n'y parvient pas, le Forum de dialogue politique libyen prendra la relève

NEW YORK : Vendredi dernier semble avoir été un tournant dans l'histoire de la Libye. Les délégués des factions rivales du pays ont convenu de mettre en place un nouveau gouvernement intérimaire qui guidera ce pays d'Afrique du Nord, en proie au conflit, vers des élections prévues le 24 décembre.

Lors d'une réunion tenue à Genève, les 74 membres du Forum de dialogue politique libyen (LPDF) ont choisi quatre candidats, dont Mohammed Dbeibah, politicien et homme d'affaires basé à Misrata pour le poste de Premier ministre, et le diplomate Mohammed Younes Menfi, originaire de l'est de la Libye pour diriger un conseil présidentiel de trois membres. Les autres membres sont Moussa Al-Koni, du sud du pays, et Abdallah Hussein Al-Lafi, de la ville de Zuwara, à l'ouest.

Les quatre candidats ont remporté la victoire face aux candidats de la liste rivale dirigée par Fathi Bashagha, chargé de la sécurité au sein du Gouvernement d'entente nationale (GNA) - reconnu par les Nations unies - et Aguila Saleh, chef du parlement qui siège à l'est du pays.

Stephanie Williams, représentante spéciale des Nations unies pour la Libye, a tenu à féliciter les candidats sortants pour leur « gracieux tweets de concession ».

« Cette attitude illustre bien l'esprit qui règne au sein du LPDF et en Libye en général », a-t-elle déclaré.

 « Mettons les choses au clair : l'objectif est de parvenir à des élections nationales », a-t-elle précisé, en exhortant les gagnants à respecter les délais convenus, notamment en obtenant l'approbation d'un nouveau gouvernement par le Parlement dans un délai de 42 jours. Entre-temps, le Gouvernement d'entente nationale (GNA) continuera à assumer la fonction de gouvernement intérimaire. À partir de cette date, toutes les institutions parallèles seront considérées comme « nulles et non avenues ».

Selon Mme Williams, « nous avançons vers l'unité dans le pays. Le Forum de dialogue politique libyen (LPDF) est déterminé à empêcher que cette autorité temporaire ne se sente trop à l'aise à son poste ».

« Les membres du LPDF ont élaboré la feuille de route tout en veillant à ce que les délais soient très clairs. Ceci empêchera le gouvernement  intérimaire de prendre trop de temps pour faire le nécessaire en matière de base constitutionnelle et de législation électorale. S’il n'y parvient pas, le LPDF prendra la relève ».

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a salué la nomination du gouvernement intérimaire. En effet, cet exploit marque une percée après un long processus de négociation qui a commencé à porter ses fruits en octobre de l'année dernière, lorsque la commission militaire mixte 5+5 a conclu un accord de cessez-le-feu.

« Le seul fait que le cessez-le-feu ait tenu, en dépit d'une présence militaire massive et d'équipements extrêmement lourds des deux côtés, est un signe d'espoir », a-t-il déclaré à la suite de la publication du résultat du vote du LPDF.

« Je suis convaincu qu'il incombe à chaque partie de faire tout son possible pour concrétiser cet espoir ».

M. Guterres a invité tous les combattants et mercenaires étrangers à « se rendre dans un premier temps à Tripoli et à Benghazi, pour quitter par la suite le pays », conformément au calendrier établi par la feuille de route élaborée en novembre dernier, lors des pourparlers de paix de Tunis.

« C’est bien simple», explique Mme Williams. « Ceux qui ont fait venir ces forces armées sont capables de les retirer ».

La guerre civile a éclaté en Libye après le soulèvement soutenu par l'OTAN en 2011 qui a évincé le dictateur Mouammar Kadhafi. Ces dernières années, les combats ont opposé le Gouvernement d'entente nationale (GNA) aux forces du commandant militaire Khalifa Haftar, dans l'est du pays. Chacun des deux camps a été soutenu par des puissances régionales rivales.

Selon Mme Williams, Haftar était représenté lors des pourparlers de Genève et ses représentants ont soutenu le processus politique.

Par ailleurs, les membres du gouvernement intérimaire n'ont pas le droit de se présenter aux élections de décembre. Le nouveau gouvernement unifié engagera un processus de réconciliation nationale « favorisant la culture d'amnistie et de tolérance, tout en recherchant la vérité et la réconciliation », comme le prévoit la feuille de route de Tunis.

En outre, le gouvernement intérimaire est tenu de faire respecter le cessez-le-feu et de rouvrir la route côtière du pays, condition essentielle pour la livraison des services de base et la libre circulation des biens et des personnes.

De plus, il est chargé de paver la voie à la réunification des institutions économiques et financières libyennes, de se pencher sur les conditions de vie désastreuses dont souffre un grand nombre de Libyens et de mettre en œuvre les réformes économiques indispensables pour assurer une répartition plus équitable des revenus pétroliers dans ce pays, membre de l'OPEP. Les âpres différends sur cette question, qui ont surgi par le passé, ont eu des répercussions sur la production.

Les blocus ont entrainé une diminution, voire une suppression, du flux de pétrole l'année dernière. Néanmoins, la production est remontée par la suite à plus d'un million de barils par jour après la levée du blocus en septembre.

Selon Mme Williams : « Ces pistes sont très prometteuses. Le train a quitté la gare ; il incombe maintenant à la communauté internationale de soutenir la décision que les Libyens ont prise aujourd'hui ».

De son côté, l'Union européenne, premier partenaire commercial de la Libye, s'est engagée à apporter un soutien inconditionnel au gouvernement intérimaire.

« C'est là un exemple remarquable de transparence, de compromis et d'engagement en faveur de l'unité et de la réconciliation nationales », a affirmé sur Twitter Jose Antonio Sabadell, l'envoyé de l'Union européenne à Tripoli.

Jan Kubis, qui a été nommé émissaire spécial des Nations unies pour la Libye le mois dernier, succèdera à Mme Williams. Celle-ci a remercié son prédécesseur, Ghassan Salamé, pour avoir lancé le processus de paix intra-libyen.

En conclusion, elle a  réitéré son appel à la communauté internationale, qui a soutenu la Libye à l'unanimité lors de la conférence internationale de Berlin sur la Libye en janvier dernier, à poursuivre son soutien au peuple libyen, à l'écouter et à appuyer ses décisions.

Elle a ajouté : « Nous avons accompagné (les Libyens) dans ce voyage qui aboutira à des élections nationales, le 24 décembre de cette année – une véritable obligation solennelle que toutes les parties doivent s’efforcer de remplir ».


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com