Comment lutter contre le non-respect des mesures de contrôle de la Covid-19?

Assumer personnellement la responsabilité de la santé publique peut être quelque chose d'aussi simple que se couvrir la bouche avec ses mains ou avec le creux de son bras lorsque l'on tousse et éternue, puis se laver ou se désinfecter immédiatement les mains (Photo par AN)
Assumer personnellement la responsabilité de la santé publique peut être quelque chose d'aussi simple que se couvrir la bouche avec ses mains ou avec le creux de son bras lorsque l'on tousse et éternue, puis se laver ou se désinfecter immédiatement les mains (Photo par AN)
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Publié le Vendredi 05 février 2021

Comment lutter contre le non-respect des mesures de contrôle de la Covid-19?

  • Pour la majorité, rester à la maison, garder ses distances et éviter les contacts inutiles sont des mesures considérées comme contraignantes mais nécessaires
  • Pourtant, de nombreuses personnes choisissent d'ignorer ces précautions de base

DUBAÏ: Il est souvent difficile de se rappeler l’époque d’avant la pandémie de Covid-19 qui s’est déclarée il y a environ un an – souvenez-vous: lorsque les masques, les gants et les visières étaient portés par des médecins, des dentistes ou des décorateurs, et non par des barmans, des barbiers ou des conseillers bancaires. 

Même les protocoles sociaux ont changé: un coup de coude malhabile a remplacé la poignée de main séculaire, les gens sont obligés de respecter entre eux une distance de deux mètres quand ils se promènent dans la rue ou quand ils font la queue quelque part. 

Pour la majorité, rester à la maison, garder ses distances et éviter les contacts inutiles sont des mesures contraignantes mais nécessaires, qu’on respecte avec plus ou moins de rigueur afin de protéger les plus vulnérables et de soulager les services de santé surchargés. 

Pourtant, de nombreuses personnes choisissent d'ignorer ces précautions de base. Certaines d’entre elles sont convaincues que la science est dans l’erreur ou qu’on a porté atteinte, d’une manière ou d’une autre, à leur liberté civique. Dans d’autres cas d’autres, cela relève de la complaisance ou, peut-être, de l’ignorance pure et simple. 

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Un panneau publicitaire exposé dans une rue de Dubaï conseille aux résidents de rester chez eux en raison de la pandémie de Covid-19. (AFP/photo d’archive) 

«Certaines personnes refusent de porter leurs masques et ne pratiquent pas la distanciation sociale dans de nombreux endroits», révèle à Arab News Rand Jasim, un architecte d'intérieur des Émirats arabes unis. «J’ai également vu des gens enlever leur masque en public pour éternuer et tousser, puis le remettre. Beaucoup de gens ne portent pas non plus leur masque correctement, car ce dernier ne couvre pas leur nez.» 

On observe cette tendance dans d’autres lieux. «J’ai vu des gens qui ne pas portaient pas de masques dans les transports en commun et dans les supermarchés. Certains cafés sont même restés ouverts pendant le confinement dans le centre-ville de Lviv», indique à Arab News Olga Poliushko, une analyste de données qui habite en Ukraine. 

Des vidéos, qui ont envahi Internet, montrent des clients de supermarchés furieux qui refusent de porter des masques, maltraitant des membres du personnel, et allant jusqu’à cracher sur ceux leur demandaient simplement de se conformer aux réglementations sanitaires. 

Des milliers de personnes, aux États-Unis, au Canada ou à travers l'Europe, se sont rassemblées pour protester contre les mesures de confinement, souvent en réponse aux conséquences dévastatrices de ce dernier sur les emplois, les revenus et les petites entreprises offrant des services «non essentiels» –, cela malgré le fait que plusieurs de ces pays connaissent certains des taux de létalité liés à la Covid-19 les plus élevés au monde. 

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Des travailleurs étrangers arborant des foulards et des masques font la queue pour monter à bord d'un bus qui doit les transporter vers leur lieu de travail, à Dubaï, pendant la nouvelle crise de pandémie de coronavirus. (AFP/photo d’archive) 

Depuis le début de la pandémie, plus de 440 000 Américains sont morts après avoir contracté le virus. Le Royaume-Uni, quant à lui, est devenu le premier pays européen à dépasser les 100 000 décès. 

Alors que la pandémie se prolonge et que le déploiement du vaccin alimente un plus grand laisser-aller, il existe un risque que les règles soient respectées de manière plus laxiste. 

«Parfois, les gens qui quittent les bâtiments, les ascenseurs, ou qui se trouvent dans des espaces fermés ne se soucient absolument pas de porter un masque: ils savent qu'ils n’encourront aucune poursuite puisqu’ils se trouvent dans un endroit où il n’y a pas de policiers», remarque Ramah Hamzeh, étudiant en graphisme à l'université de Sharjah, interrogé par Arab News. 

C’est dû, en partie, à des recommandations incohérentes ou contradictoires, et au fait que des personnalités publiques et des fonctionnaires ont été surpris en train de violer les protocoles de prévention et de contrôle de la Covid-19. 

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Un responsable médical demande à l'un des membres d'une équipe médicale indienne de venir faire un prélèvement lors de son arrivée à l'aéroport international de Dubaï, le 9 mai 2020. (AFP/photo d’archive) 

«Cela concerne la façon dont les gens perçoivent les sanctions; s'ils adhèrent aux règles ou non. Il y a eu une sorte de laxisme perceptible partout dans le monde», explique à Arab News Sadaf Lynes, conseiller senior en santé publique et soins de santé chez Trilogy Advisors. «Si peu de restrictions sont mises en place, les gens pensent naturellement qu'ils peuvent se montrer négligents [avec le respect des règles].» 

Certains préviennent qu'une application plus stricte, avec des sanctions plus sévères vis-à-vis des personnes qui transgressent les règles, pourrait avoir un impact limité sur l'endiguement du virus et faire perdre du temps à la police. «Il est assez difficile d’appliquer des sanctions, à moins que [l’affaire ne soit traitée directement] par les entreprises. Cela nécessite également une main-d'œuvre supplémentaire», fait observer Lynes. 

Les fonctionnaires devraient plutôt porter leur attention sur le fait de développer le sens de la responsabilité sociale du public. «La communication en santé publique est vraiment importante», ajoute Lynes. 

«Les gouvernements doivent s’assurer que la communication se déroule vraiment de manière cohérente. Je suis convaincu que cela aura probablement un effet plus important que le fait de distribuer aux gens des amendes ou des pénalités.» 

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Assumer personnellement la responsabilité de la santé publique peut être aussi simple que se couvrir la bouche avec ses mains ou avec le creux de son bras lorsque l'on tousse et éternue, disent les experts. (AFP/photo d’archive) 

D'autres personnes pensent qu'une approche plus ferme se justifie. 

«Je pense qu'il vaut mieux recourir à des amendes et donner des amendes plus élevées aux personnes qui ne respectent pas la loi et ne semblent pas comprendre que ce type de maladie infectieuse se propage principalement par des gouttelettes dans l'air», affirme à Arab News Hamzeh Awad, professeur adjoint de sciences de la santé au Collège supérieur de technologie des Émirats arabes unis. 

«Il ne s’agit pas de liberté personnelle, il s’agit de la protection de la communauté», insiste-t-il. Le fait d'inculquer le sens du devoir civique pourrait aider. «Nous devons faire preuve d’une autosurveillance pour que ce soit efficace», souligne-t-il. 

Assumer personnellement la responsabilité de la santé publique peut être aussi simple que se couvrir la bouche avec ses mains ou avec le creux de son bras lorsque l'on tousse et éternue, puis se laver ou se désinfecter immédiatement les mains. 

«Si quelqu'un éternue, il libère des particules virales infectieuses; si quelqu'un d’autre est en contact étroit avec cet individu et qu'il ne porte pas de masque, cela permet au virus de se transmettre de personne à personne», explique Gulfaraz Khan, professeur de pathologie virale, à Arab News. 

Comme le coronavirus, la grippe et le rhume peuvent survivre sur des surfaces non traitées pendant plusieurs heures. Éternuer de manière responsable, même lorsque l'on est seul, pourrait faire toute la différence. 

«Lorsque vous éternuez, les gouttelettes iront sur la porte de l'ascenseur, ou éventuellement sur la poignée de la porte; et, si quelqu'un les touche, il peut alors les transmettre à ses mains et être infecté», indique encore Khan. 

«Mettez un mouchoir devant vous. Si un foulard ou un mouchoir n'est pas disponible, utilisez, dans l’idéal, l'intérieur du coude. Si vous éternuez dans un masque, vous devez changer de masque», préconise-t-il. 

Assumer personnellement la responsabilité de la santé publique peut être aussi simple que se couvrir la bouche avec ses mains ou avec le creux de son bras lorsque l'on tousse et éternue, disent les experts. (AFP/photo d’archive) 
Assumer personnellement la responsabilité de la santé publique peut être aussi simple que se couvrir la bouche avec ses mains ou avec le creux de son bras lorsque l'on tousse et éternue, disent les experts. (AFP/photo d’archive) 

La preuve est faite: des tests et des traçages de masse, des mesures de confinement rapides, des EPI (équipements de protection individuelle) de bonne qualité et des directives gouvernementales claires aident à réduire la propagation et à sauver des vies. Il suffit de comparer la gestion de la pandémie par la Corée du Sud avec celle du Royaume-Uni, du Brésil et des États-Unis. 

Toutefois, ces politiques ne fonctionnent que lorsque le respect des règles est généralisé, y compris par des personnes en position de pouvoir et d'influence, capables de donner l'exemple. Après tout, un éternuement négligent peut très bien déclencher une chaîne d'infections qui finit par atteindre une personne vulnérable. 

«Personne n’a envie de porter de masque, mais nous devons le faire», affirme à Arab News Hesham Jarmakani, étudiant en économie à Berkeley, en Californie. «Faire la fête, cela manque à chacun de nous. Mais nous devons également garder à l'esprit que la santé d'autres personnes pourrait être affectée si nous le faisions», conclut-il. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


France: forte contraction de l'activité du secteur privé en novembre, selon l'indice PMI Flash

Le Premier ministre français Michel Barnier prononce un discours lors du forum d'affaires trilatéral France-Italie-Allemagne à Paris, le 22 novembre 2024. Le Forum trilatéral, qui en est à sa sixième édition, réunit les associations professionnelles MEDEF, Confindustria et BDI des trois pays, qui représentent les secteurs industriels des plus grandes économies européennes. (AFP)
Le Premier ministre français Michel Barnier prononce un discours lors du forum d'affaires trilatéral France-Italie-Allemagne à Paris, le 22 novembre 2024. Le Forum trilatéral, qui en est à sa sixième édition, réunit les associations professionnelles MEDEF, Confindustria et BDI des trois pays, qui représentent les secteurs industriels des plus grandes économies européennes. (AFP)
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  • "De très nombreuses entreprises interrogées ont imputé cette baisse de l'activité globale à la faiblesse de la demande" de la part des entreprises et des ménages, indique le communiqué
  • "Les données de l'enquête indiquent une accélération de la contraction, tant dans le secteur des services que dans l'industrie manufacturière en milieu de quatrième trimestre", soulignent S&P et HCOB

PARIS: L'activité du secteur privé français a enregistré en novembre sa plus forte contraction depuis janvier, avec un indice PMI Flash en recul pour le troisième mois consécutif, indiquent vendredi l'agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCOB), qui calculent cet indice.

Le PMI Flash s'est établi à 44,8 en novembre, au plus bas depuis dix mois, contre 48,1 en octobre.

"De très nombreuses entreprises interrogées ont imputé cette baisse de l'activité globale à la faiblesse de la demande" de la part des entreprises et des ménages, indique le communiqué.

"Les données de l'enquête indiquent une accélération de la contraction, tant dans le secteur des services que dans l'industrie manufacturière en milieu de quatrième trimestre", soulignent S&P et HCOB.

La production a ainsi "fortement baissé" dans le secteur manufacturier, avec un taux de contraction le plus élevé depuis décembre 2023. Les fabricants attribuent cette baisse de l’activité à plusieurs facteurs, dont la faiblesse des secteurs automobile, cosmétique et du BTP, ainsi qu’une conjoncture morose sur les marchés étrangers.

"Les prestataires de services ont quant à eux mentionné un manque de visibilité économique et politique, se traduisant par une plus grande réticence des clients à engager des dépenses". L'activité "a ainsi enregistré son plus fort recul depuis janvier dernier" dans les services.

Le volume des nouvelles affaires s'est lui aussi contracté en novembre, une baisse qui est "la plus marquée depuis quatre ans". Cette tendance "reflète principalement une forte diminution des nouvelles commandes dans l’industrie manufacturière".

Le recul global des ventes "s’explique également par un très fort repli de la demande étrangère, les tensions géopolitiques et l’affaiblissement de la demande en provenance des Etats-Unis", qui ont entraîné "la plus forte contraction des nouvelles affaires à l’export depuis mai 2020".

Les perspectives d’activité pour les douze prochains mois "sont orientées à la baisse pour la première fois depuis mai 2020" dans le secteur privé en novembre, car de nombreuses entreprises craignent que la faiblesse prolongée de la demande soit synonyme d'une contraction de l'activité au cours de 2025.

Les répondants à cette enquête expliquent leur pessimisme par "le climat d’incertitude actuel, engendré notamment par la morosité de la conjoncture économique", et "par la fermeture d’entreprises et la faiblesse des secteurs de l’automobile et du BTP".

S&P et HCOB relèvent toutefois "une tendance favorable" sur un point: "l'emploi est reparti à la hausse", avec un taux de création de postes à un plus haut depuis six mois, "exclusivement" dû à une augmentation des effectifs dans les services.


450 000 emplois dans le secteur saoudien du divertissement d'ici 2030, selon le ministère de l'Investissement

La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume. (Shutterstock)
La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume. (Shutterstock)
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  • L'Arabie saoudite a délivré 34 permis d'investissement dans l'industrie du divertissement au cours du troisième trimestre de l'année
  • La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume, qui visent à réduire la dépendance du pays aux revenus du pétrole brut

RIYAD: Le secteur du divertissement en Arabie saoudite devrait créer 450 000 emplois et pourrait contribuer à hauteur de 4,2% au produit intérieur brut du pays d'ici à 2030, selon un nouveau rapport.

Dans son dernier communiqué, le ministère de l'Investissement du Royaume indique que l'Arabie saoudite a délivré 34 permis d'investissement dans l'industrie du divertissement au cours du troisième trimestre de l'année, ce qui représente une augmentation de 13% par rapport aux trois mois précédents.

Le ministère a ajouté que le nombre total de permis d'investissement délivrés dans le secteur du divertissement entre 2020 et la fin du troisième trimestre s'élevait à 303.

«Conformément à l’initiative saoudienne Vision 2030, l'Arabie saoudite vise à diversifier son économie et à améliorer la qualité de vie en promouvant le tourisme et la culture saoudienne à l'échelle internationale pour attirer les visiteurs. Le secteur du divertissement est un pilier crucial pour atteindre ces objectifs ambitieux, en se concentrant sur l'amélioration de la qualité de vie à travers diverses activités culturelles et de divertissement», a déclaré le ministère de l'Investissement.

La progression rapide du secteur du divertissement s'aligne sur les objectifs de la Vision 2030 du Royaume, qui visent à réduire la dépendance du pays aux revenus du pétrole brut, qui dure depuis des décennies.

En 2016, l'Arabie saoudite a créé l'Autorité générale pour le divertissement en vue de stimuler l'industrie du divertissement et des loisirs. Depuis, le Royaume a connu des développements notables, notamment la réouverture de salles de cinéma en 2018.

Selon le rapport, l'Arabie saoudite a délivré 2 189 permis dans le secteur du divertissement au cours des cinq dernières années.

Le Royaume a également accueilli 26 000 événements au cours des cinq dernières années, attirant plus de 75 millions de participants.

Le ministère a ajouté que l'essor du secteur du divertissement catalysait également la croissance du secteur du tourisme dans le Royaume.

Le rapport indique que le nombre de touristes entrants dans l'industrie du divertissement a atteint 6,2 millions en 2023, ce qui représente une augmentation de 153,3% par rapport à 2022.

Les dépenses des touristes entrants dans l'industrie du divertissement ont atteint 4 milliards de riyals saoudiens (1,07 milliard de dollars; 1 dollar = 0,95 euro) en 2023, soit une augmentation de 29,03% par rapport à l'année précédente.

«Le secteur du divertissement est un domaine vital et dynamique du Royaume, agissant comme un catalyseur pour le secteur du tourisme. En accueillant divers événements et activités, il stimule le tourisme et attire les visiteurs, ce qui se traduit par une augmentation des dépenses touristiques et un renforcement de l'économie locale», a déclaré le ministère de l'Investissement.

En 2023, le secteur du divertissement a attiré 35 millions de touristes locaux, soit une augmentation de 17% par rapport à 2022.

Les dépenses des touristes locaux en 2023 étaient de 4,7 millions de riyals saoudiens, ce qui représente une baisse marginale de 8,5% par rapport à l'année précédente.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Black Friday, moment privilégié pour les cadeaux de Noël, réjouit les e-commerçants et désespère les indépendants

Un piéton passe devant un magasin lors du Black Friday à Paris, le 25 novembre 2022. (AFP)
Un piéton passe devant un magasin lors du Black Friday à Paris, le 25 novembre 2022. (AFP)
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  • Une nouvelle opportunité pour faire ses achats de Noël avant l'heure, que saisiront "près de 60% des consommateurs français" cette année, selon une étude du Boston Consulting Group (BCG)

PARIS: Dépassé, le lèche-vitrine des boutiques enguirlandées de Noël? Faire ses cadeaux durant le Black Friday séduit désormais les consommateurs, une tendance mettant au défi logistique les acteurs de la vente en ligne, et désespérant les commerces indépendants.

Loriane, 26 ans, achète ses cadeaux de Noël pendant le Black Friday car "les offres sont plus intéressantes, ça permet de faire de plus beaux cadeaux", justifie auprès de l'AFP la jeune femme, qui travaille au ministère de l’Intérieur. Pareil pour Marlène, 53 ans, salariée d'Orange, qui recherche "les meilleures offres". Son collègue Julien, 42 ans, confirme : "En boutique l’année dernière, les gens se pressaient plus pour le Black Friday qu'à Noël".

Né aux États-Unis, le Black Friday a été introduit en France par Amazon "il y a à peu près 15 ans", rappelle à l’AFP Frédéric Duval, le directeur général d'Amazon.fr.

Une nouvelle opportunité pour faire ses achats de Noël avant l'heure, que saisiront "près de 60% des consommateurs français" cette année, selon une étude du Boston Consulting Group (BCG).

Les consommateurs plébiscitent le "large choix de produits, les prix bas et la livraison rapide", selon M. Duval.

Cet événement commercial est toujours lancé le vendredi après Thanksgiving, et se tiendra cette année le 29 novembre.

- Black Month -

"Aujourd’hui, le plus gros mois pour la consommation, c’est novembre" plutôt que décembre, abonde Marc Lolivier, délégué général de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), qui juge auprès de l'AFP que ce phénomène "a cinq, six ans".

Evénement devenu phare de la vente en ligne, le Black Friday oblige les logisticiens à s'adapter pour faire face à l'afflux colossal de colis.

A titre d'exemple, en 2022, sur la semaine qui a suivi le Black Friday, La Poste avait livré 13,7 millions de colis. Elle en attend "16 millions en 2024", chiffre Jean-Yves Gras, le directeur général de Colissimo.

Certains entrepôts passent dès le mois de novembre "en trois-huit, sept jours sur sept, le dimanche et la nuit", comme à Cdiscount, décrit à l'AFP son PDG Thomas Métivier.

Les équipes sont massivement reforcées: Amazon recrute ainsi 8.000 saisonniers pour novembre-décembre.

Le défi est également technologique, comme pour Cdiscount, dont le site est visité par 10 millions de clients ce jour-là, contre 17 millions par mois en temps normal. "De loin la plus grosse journée de l’année en termes de trafic et d’achats", ce qui conduit les équipes à réaliser des crash-tests pour éprouver la robustesse de leur site internet, raconte M. Métivier.

Au fil des ans, le Black Friday est devenu une "Black Month", constate Quentin Benault, directeur général délégué de Mondial Relay, qui explique que les commerçants proposent des promotions dès le début du mois de novembre. Un soulagement pour les acteurs de l'e-commerce, car cela leur permet de lisser la charge logistique sur un mois plutôt qu'un seul jour.

- "Ça tue le commerce" -

Mais le Black Friday ne fait pas que des heureux. L’Union des Fabricants (Unifab), qui défend la propriété intellectuelle des industriels, alerte : cette période marquée par une profusion de colis en circulation "est une aubaine pour les contrefacteurs", leurs produits passant plus facilement entre les gouttes des contrôles.

"Plus de 8 millions de jeux et de jouets de contrefaçon ont été saisis par les douanes en 2023, la majorité au moment du Black Friday", rappelle sa directrice générale Delphine Sarfati-Sobreira à l'AFP.

Le Black Friday "tue la notion du commerce", déplore aussi Thibaut Ringo, directeur général d'Altermundi, un réseau de boutiques prônant une consommation responsable. "Le consommateur n’attend qu’une chose : qu'on fasse des remises mais nous, les commerçants indépendants, on ne peut pas s'aligner", se désole-t-il.

La Confédération des commerçants de France s'indigne, elle aussi, et met en garde contre des remises "pouvant être basées sur des prix de référence artificiels" et "des stocks spécifiques de moindre qualité proposés à prix cassés". Contre cette "concurrence déloyale", elle appelle à "mieux protéger [les] petits commerçants, qui font vivre [les différents] territoires".