Tunisie: des associations protestent contre des dérives policières

Selon la LTDH, la répression a pris un «tournant dangereux», avec parfois des anathèmes religieux, tandis que certains syndicats policiers «se transforment en partis d'extrême droite doublés de milices armées» (Photo, AFP).
Selon la LTDH, la répression a pris un «tournant dangereux», avec parfois des anathèmes religieux, tandis que certains syndicats policiers «se transforment en partis d'extrême droite doublés de milices armées» (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 05 février 2021

Tunisie: des associations protestent contre des dérives policières

  • L'ONG Human Rights Watch a appelé Tunis à enquêter sur la mort de Haykel Rachdi, 21 ans, blessé selon sa famille par un cartouche de gaz lacrymogène tirée par la police
  • Des militants ont indiqué avoir été arrêtés en dehors du cadre légal, harcelés, intimidés, ou ont dénoncé la diffusion de photos et données personnelles sur les réseaux sociaux

TUNIS: Des dizaines d'organisations ont protesté vendredi contre des dérives policières en Tunisie, appelant à sanctionner les débordements de syndicats de policiers qui ont menacé des manifestants antisystème mobilisés ces dernières semaines.

Dix ans après la chute du régime policier de Zine el Abidine Ben Ali, les forces sécuritaires ont été peu réformées, en dépit des avancées notables en matière de droits dans le pays, estiment plusieurs organisations nationales.

La Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), l'Union des femmes démocrates, divers partis politiques de gauche ainsi qu'une trentaine d'associations, ont ainsi appelé dans un communiqué conjoint à manifester samedi.

Selon eux, la répression a pris un «tournant dangereux», avec parfois des anathèmes religieux, tandis que certains syndicats policiers «se transforment en partis d'extrême droite doublés de milices armées».

Le principal syndicat tunisien, l'UGTT, a également appelé, dans un autre communiqué, à manifester «contre la culture de l'impunité».

Des organisations policières ont de leur côté exigé une interdiction des rassemblements.

Mi janvier, plus de 1 500 jeunes selon la LTDH ont été arrêtés, et un protestataire tué lors de heurts dans des quartiers pauvres entre des jeunes et des policiers.

A la suite de ces événements, des manifestants avaient défilé à plusieurs reprises dans diverses villes pour réclamer la libération de ces jeunes, et dénoncer la réponse sécuritaire du gouvernement aux troubles sociaux.

Des militants ont indiqué avoir été arrêtés en dehors du cadre légal, harcelés, intimidés, ou ont dénoncé la diffusion de photos et données personnelles sur les réseaux sociaux.

L'ONG Human Rights Watch a appelé vendredi Tunis à enquêter sur la mort de Haykel Rachdi, 21 ans, blessé selon sa famille par un cartouche de gaz lacrymogène tirée par la police le 18 janvier à Sbeïtla (nord).

Des associations, dont le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) et l'Association de jeunesse Mobdiun, ont par ailleurs condamné dans un communiqué vendredi les «insultes, propos homophobes et sexistes» diffusés sur les réseaux sociaux par des syndicats de police.

Elles regrettent le «silence assourdissant» du chef du gouvernement tunisien Hichem Mechichi, actuellement ministre de l'Intérieur par intérim.

Ces troubles ont éclaté à une période de l'année souvent marquée par des mobilisations sociales, alors que le chômage et l'abandon scolaire ont été exacerbés par la pandémie de coronavirus.


Biden redit à Netanyahu son opposition à une offensive terrestre à Rafah

Le président Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se sont entretenus lundi matin, a indiqué un responsable de la Maison Blanche. (File/AFP)
Le président Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se sont entretenus lundi matin, a indiqué un responsable de la Maison Blanche. (File/AFP)
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  • «Le président a réitéré sa position claire à propos de Rafah», a souligné la Maison Blanche, dans un communiqué rendant compte de l'appel téléphonique entre les deux dirigeants
  • M. Netanyahu a «accepté de veiller à ce que le point de passage de Kerem Shalom soit ouvert à l'aide humanitaire pour ceux qui en ont besoin», selon la Maison Blanche

WASHINGTON : Le président Joe Biden a réitéré lundi sa «position claire» au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contre une offensive terrestre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a indiqué la Maison Blanche.

Israël a lancé lundi une opération visant à faire évacuer des dizaines de milliers de familles palestiniennes de l'est de la ville de Rafah, où l'armée prépare une offensive terrestre dans sa guerre contre le Hamas.

«Le président a réitéré sa position claire à propos de Rafah», a souligné la Maison Blanche, dans un communiqué rendant compte de l'appel téléphonique entre les deux dirigeants.

Dans cet appel téléphonique, M. Netanyahu a, par ailleurs, «accepté de veiller à ce que le point de passage de Kerem Shalom soit ouvert à l'aide humanitaire pour ceux qui en ont besoin», selon la Maison Blanche.

Israël a fermé ce point de passage clé de la frontière avec Gaza à la suite d'une attaque à la roquette menée dimanche par le Hamas.


Un système d’armement américain utilisé dans une frappe israélienne au Liban violerait le droit international

Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
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  • The Guardian et Human Rights Watch (HRW) ont identifié les fragments d’une bombe JDAM fabriquée par Boeing sur le site où les secouristes ont été tués
  • Les États-Unis interdisent la vente de ces systèmes à des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme

LONDRES: Une frappe aérienne israélienne au Liban, qui a fait sept morts parmi les travailleurs humanitaires en mars, pourrait avoir été lancée à l’aide d’un système d’armement fourni par les États-Unis, selon une enquête menée par le quotidien The Guardian.

Cet incident a coûté la vie à sept secouristes âgés de 18 à 25 ans, tous bénévoles, qui se trouvaient dans un centre ambulancier à Al-Habariyé, dans le sud du Liban, le 27 mars.

Il a eu lieu cinq jours avant qu’une frappe israélienne à Gaza ne tue sept travailleurs humanitaires travaillant pour l’ONG World Central Kitchen.

Les débris trouvés sur les lieux à Al-Habariyé ont été identifiés par The Guardian, un expert indépendant et Human Rights Watch (HRW) comme appartenant à une bombe israélienne MPR de 230 kg et à une bombe JDAM (Joint Direction Attack Munition) fabriquée par Boeing, un système attaché aux explosifs pour les transformer de bombes non guidées en bombes guidées par GPS.

Ramzi Kaiss, chercheur de HRW sur le Liban, a indiqué à The Guardian que «les assurances d’Israël sur son utilisation légale des armes américaines ne sont pas crédibles. Étant donné que le comportement d’Israël à Gaza et au Liban continue de violer le droit international, l’administration Biden devrait immédiatement suspendre les ventes d’armes à Israël».

En vertu de la loi Leahy de 1997, le gouvernement américain ne peut légalement ni aider ni armer des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme.

Un porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis a assuré à The Guardian: «Les États-Unis veillent constamment à ce que le matériel de défense fourni par les États-Unis soit utilisé conformément au droit national et international applicable. Si des violations sont constatées, nous prenons les mesures nécessaires.»

Quant à Josh Paul, chercheur non résident à Democracy for the Arab World Now et ancien employé du département d’État, il a précisé: «Le département d’État a approuvé plusieurs de ces transferts (d’armes) en quarante-huit heures. Il n’y a aucune préoccupation politique concernant les munitions destinées à Israël, à l’exception du phosphore blanc et des bombes à sous-munitions».

Il a ajouté que les JDAM constituent des «armes clés» régulièrement demandées par Israël depuis le début de la guerre à Gaza.

Mercredi, le secrétaire d’État Antony Blinken remettra au Congrès un rapport sur l’utilisation par Israël d’armes américaines et sur la possibilité qu’elles aient été impliquées dans des violations de cette loi ou d’autres.

Le sénateur du Maryland, Chris Van Hollen, a déclaré à The Guardian que les conclusions de l’enquête à Al-Habariyé sont «profondément préoccupantes et doivent faire l’objet d'une enquête approfondie de la part de l’administration Biden. Les conclusions de cette enquête approfondie devraient certainement être incluses dans le rapport NSM-20 qui doit être soumis au Congrès le 8 mai».

La frappe aérienne sur le centre ambulancier d’Al-Habariyé a été lancée sans avertissement le 27 mars avant 1h du matin. Aucun combat n’avait été signalé dans la région.

Les victimes, qui travaillaient au centre la nuit, sont les frères jumeaux Hussein et Ahmad al-Chaar, âgés de 18 ans; Abderrahmane al-Chaar, 19 ans; Mohammed Hamoud, 21 ans; Mohammed al-Farouk Aatwi, 23 ans; Abdallah Aatwi, 24 ans; et Baraa Abou Kaiss, 24 ans.

Selon l’armée israélienne, la frappe, qui a détruit le bâtiment de deux étages, a tué un «terroriste de premier plan appartenant à la Jamaa Islamiya», un groupe politique libanais armé lié au Hezbollah. L’armée n’a pas désigné cette personne par son nom.

Un porte-parole de la Jamaa Islamiya a confirmé que certains des secouristes bénévoles étaient membres du groupe, mais a nié qu’ils faisaient partie de sa branche armée.

Samer Hardane, responsable du centre local de Défense civile, qui faisait partie des premiers intervenants, a affirmé à The Guardian : «Nous avons inspecté chaque centimètre à la recherche des membres et des possessions des victimes. Nous n’avons rien vu qui soit lié à l’armée. Nous connaissions personnellement les victimes. Nous avons donc pu identifier leurs corps».

Depuis le 7 octobre, 16 travailleurs médicaux ont été tués par des frappes aériennes israéliennes au Liban, et 380 autres personnes ont péri, dont 72 civils. Onze soldats israéliens et huit civils ont également été tués.

Kassem al-Chaar, père des jumeaux Ahmed et Hussein, a confié qu’il avait déconseillé à ses fils de se porter volontaires.

«Je leur ai dit qu’il était dangereux de faire ce type de travail, mais ils m’ont répondu qu’ils acceptaient le risque. Je ne sais pas ce qui a poussé Israël à agir de la sorte: il s’agissait de jeunes gens enthousiastes à l’idée d’aider les autres», a-t-il déploré.

«Mes fils voulaient faire du travail humanitaire, et voyez ce qui leur est arrivé. Israël n’oserait pas agir de la sorte si les États-Unis ne le soutenaient pas.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le Hamas dit avoir accepté une proposition de cessez-le-feu présentée par l'Egypte et le Qatar

Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
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  • Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi cette annonce à Rafah
  • Un responsable du Hamas a indiqué que «la balle est désormais dans le camp» d'Israël, après l'annonce

GAZA: Le Hamas a indiqué lundi avoir informé l'Egypte et le Qatar qu'il acceptait leur proposition pour un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza dévastée par sept mois de guerre.

"Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre qatari Cheikh Mohammed bin Abdelrahmane Al Thani et le ministre égyptien des Renseignements, Abbas Kamel, et les a informés que le Hamas avait approuvé leur proposition d'accord de cessez-le-feu", selon un communiqué publié sur le site du mouvement palestinien.

Un responsable du Hamas a indiqué à l'AFP que "la balle est désormais dans le camp" d'Israël, après l'annonce. 

Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée sur laquelle Israël projette une offensive militaire d'ampleur