PARIS : Des députés LR ont invité mercredi le voile dans les débats sur le projet de loi « séparatisme » en défendant sans succès une série d'amendements visant à interdire le port de signes religieux dans les universités.
La proposition portée notamment par les députés Eric Ciotti et Annie Genevard s'est vue opposer une ferme fin non-recevoir par le reste des groupes politiques, de la gauche à l'UDI en passant par les groupes de la majorité. L'amendement de M. Ciotti a été rejeté par 29 voix pour et 176 contre.
Dénonçant « une forme de prosélytisme » et un « symbole d'asservissement », M. Ciotti s'est dit convaincu que « le voile n’a pas sa place dans les amphithéâtres de nos universités ».
Le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » « manque de signaux puissants, de symboles forts qui disent la résistance de la France (au) travail d'emprise » de l'islam radical, a de son côté fait valoir Mme Genevard, dénonçant aussi au passage la progression des théories indigénistes à l'université.
Co-rapporteure du texte, la Modem Laurence Vichnievsky a déclaré « comprendre que le débat soit là » tout en soulignant que la situation à l'université ne pouvait faire l'objet d'une même loi que celle ayant présidé à l'interdiction des signes religieux à l'école en 2004.
L'université est un « lieu d'émancipation qu'il faut préserver pour tout le monde », a fait valoir la communiste Marie-George Buffet.
Les jeunes femmes qui portent le voile à l'université sont « majeures » et « votre souci est seulement de persécuter une seule religion. Vous développez dans le pays un climat de guerre civile et de divisions. Ça s'appelle le racisme antimusulman », a taclé le LFI Eric Coquerel.
Le député Agir Christophe Euzé a mis en garde contre l'instauration d'une « police vestimentaire » quand son collègue M'jid El Guerrab a confié avoir « un peu mal au cœur » en pensant au voile de sa mère.
« Sans le vouloir vous insultez toute cette catégorie de la population française qui se sent offensé dans ce qu'elle a de plus intime en elle », a-t-il souligné.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est borné à exprimer l'avis défavorable au nom du gouvernement sans autre forme de commentaire, ce que n'a pas manqué de relever le député Ciotti, lui rappelant au passage certaines de ses déclarations contre le port du voile prononcées lorsqu'il était membre de l'UMP.
Les députés ont par ailleurs largement adopté l'article 1 du projet de loi sur la neutralité du service public par 174 voix pour et une contre.